Gare au raton laveur

Arrivé d’Amérique du Nord grâce au commerce des fourrures, le raton laveur est une espèce longtemps considérée comme invasive et dorénavant bien implantée en Europe où sa présence dans la faune sauvage n’est pas particulièrement surveillée, ni son commerce d’ailleurs.

En Espagne, où il a été introduit également comme animal de compagnie, l’espèce est courante autour de Madrid et dans la province de Guadalajara. Il s’agit d’une conséquence de la mise en liberté non surveillée de ratons laveurs de compagnie, comme cela s’est produit avec d’autres espèces invasives (tortues de Floride, par exemple).

Un réservoir de virus et de parasites zoonotiques

L’Institut de recherche sur les ressources de la chasse (IRCE) espagnol lance dans l’European Journal of Wildlife research une mise en garde¹ contre les risques sanitaires que posent désormais les populations de ratons laveurs. Ces petits mammifères sont connus pour être un réservoir du virus de la rage et porteurs potentiels de la leptospirose. Également identifiés comme des sentinelles vis-à-vis du virus du Nil occidental, ils sont en outre accusés d’héberger divers parasites comme le Baylisascaris procyonis. La diffusion de ce ver rond, pathogène pour l’homme, est facilitée par le comportement d’élimination du raton laveur qui, dans la nature, crée des sortes de latrines communautaires où tous les animaux font leurs déjections. Ils éliminent donc des œufs qui développent des formes infestantes en 2 à 4 semaines. Ingérés par l’homme (et surtout par les enfants), les œufs évoluent en larva migrans et génèrent des signes cliniques variables selon la localisation du parasite, environ 1 semaine après l’ingestion. Cette zoonose parasitaire émerge en Europe où elle a été mise en évidence en Allemagne, alors qu’elle était initialement cantonnée à l’Amérique du Nord.

En ce qui concerne la rage, 142 cas ont été identifiés ces dernières années chez des ratons laveurs en Estonie, en Lituanie, en Ukraine, ainsi qu’en Allemagne.

Au Québec, dans les provinces d’Estrie et de Montérégie, une 6^e campagne de vaccination antirabique est en cours chez les mouffettes, les renards et… les ratons laveurs.

• 1 Beltran-Beck B. et coll. : « Raccoons in Europe : disease hazards due to the establishment of an invasive species », European Journal of Wildlife Research, 2012. doi:10.1007/s10344-011-0600-4