Colibacilloses aviaires : aspects cliniques et lésionnels - La Semaine Vétérinaire n° 1505 du 31/08/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1505 du 31/08/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : KARIM ADJOU

Les colibacilloses aviaires sont des maladies “anciennes”. Elles restent cependant toujours d’actualité en raison de l’intensification des productions avicoles dans le monde. Contrairement à ce qui se passe chez les mammifères, E. coli chez les volailles n’est que fort peu impliqué en pathologie digestive, mais participe à des syndromes variés qui touchent d’autres systèmes ou appareils (maladie respiratoire, forme génitale, forme septicémique, forme cutanée ou cellulite, synovite, omphalite). Ces dernières se déclarent généralement à la suite de la faiblesse des défenses immunitaires de l’animal.

Ces maladies entraînent des pertes économiques considérables. À titre d’exemple, l’Angleterre subit une perte de 6 millions d’euros par an à cause de la mortalité et des saisies à l’abattoir.

Un autre impact, plutôt sociétal, est aujourd’hui pris au sérieux par les pouvoirs publics : celui du transfert de résistance aux antibiotiques chez l’homme. Heureusement, la plupart des E. coli aviaires ne sont pas dangereux pour les mammifères.

ÉTIOLOGIE

E. coli est une bactérie Gram négatif, asporulée, de 2,5 µm de long sur 0,6 µm de large, le plus souvent mobile. Les colibacilles aviaires ou Apec ont la particularité de se multiplier en dehors du tube digestif, qui est l’écosystème naturel des colibacilles. 10 à 15 % des E. coli sont des hôtes normaux du tube digestif des volatiles. Les sérotypes pathogènes sont les sérotypes O1, O2 et O78.

Seul l’isolement d’E. coli à partir de plusieurs organes et chez plusieurs animaux permet de conclure à une infection par E. coli.

SIGNES CLINIQUES

Les maladies aviaires associées à E. coli sont la colibacillose, la colisepticémie, les maladies respiratoires chroniques, les ovarites, les salpingites, les péritonites et les omphalites.

La maladie s’observe à tout âge, avec une fréquence supérieure entre 6 et 10 semaines. Elle peut être consécutive à une mycoplasmose ou à des affections débilitantes comme les parasitoses (coccidiose) ou encore à des carences nutritionnelles.

Lorsque la colibacillose est primitive, l’évolution est suraiguë avec une morbidité atteignant 20 à 25 % et une mortalité variable.

Sur le plan clinique, les oiseaux sont indolents (voir la dinde de la photo 1), anorexiques et présentent de symptômes respiratoires non spécifiques : râles, jetage, toux, éternuement, larmoiement et sinusite. Le premier signe clinique est l’augmentation de la mortalité dans l’élevage (voir photo 2). Des diarrhées liquides peuvent être observées chez certains animaux (voir photo 3).

TABLEAU LÉSIONNEL

L’examen nécropsique révèle la présence de lésions inflammatoires, telles que des pneumonies (voir photo 4), des aérosacculites (lésions fréquentes), des périhépatites (avec présence d’exsudat fibrineux) et des péricardites (voir photo 5).

La colisepticémie est la septicémie provoquée par l’invasion colibacillaire des jeunes oiseaux. La forme septicémique aiguë entraîne une mortalité brutale chez les jeunes. Chez les animaux qui ont survécu, il existe souvent des complications chroniques (localisées à différents endroits): respiratoires, génitales, hépatiques, ombilicales, oculaires, articulaires ou synoviales, etc. (voir photos 6 à 12).

Les omphalites colibacillaires sont dues à des fautes d’hygiène en amont de l’éclosion et en éclosoir et/ou à des défauts de température et d’hygrométrie de l’éclosoir, qui retardent la cicatrisation de l’ombilic et permettent la pénétration des E. coli dans le sac vitellin des poussins nouvellement éclos (voir photo 13). La mortalité peut être très élevée.

Dans les formes plus rarement rencontrées, il est possible de rapporter la coligranulomatose, également connue sous le nom de maladie de Hjärre. Cette affection du tube digestif se traduit par la formation de lésions granulomateuses des cæcas, du duodénum, du mésentère et du foie de la poule (voir photo 14). Cette maladie présente des ressemblances avec la tuberculose aviaire. La grande différence entre les deux est l’absence de lésions sur la rate, contrairement à la tuberculose.

De nombreuses maladies peuvent être confondues avec les colibacilloses en raison des différentes formes cliniques possibles (mycoplasmoses, coccidioses, salmonelloses, pasteurelloses, etc.). Le seul moyen de confirmer le diagnostic est l’examen bactériologique.

Le souci sera en fait d’éviter le diagnostic par excès, car E. coli est un agent contaminant très fréquent : le contexte clinique et, surtout, le site de prélèvement devront être soigneusement enregistrés, pour une interprétation correcte des résultats.

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