UN GRAND HÔPITAL POUR LES OISEAUX SAUVAGES À MADRID - La Semaine Vétérinaire n° 1504 du 13/07/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1504 du 13/07/2012

REPORTAGE

Madrid possède un des plus grands centres hospitaliers d’Europe consacré à la faune sauvage. Chaque année, plusieurs milliers d’animaux y sont pris en charge. Pour l’essentiel, des espèces protégées ou en voie de disparition. Une grande partie des animaux soignés sont réintroduits en milieu naturel, en Espagne et en Europe.

Nous sommes en quelque sorte des travailleurs sociaux qui essaient de faire des choses utiles pour la faune sauvage et la nature. » Fernando Gonzalès, vétérinaire, dirige le Groupement pour la réhabilitation de la faune autochtone et de son habitat (Grefa). Cette ONG1, née à Madrid il y a 30 ans, est installée depuis 2007 à Majadahonda (commune située à 20 minutes de train à l’ouest de Madrid) dans 3 000 m2 de bâtiments disséminés sur 7 ha de pinède. Le Grefa avait pour objectif initial l’étude et la conservation de la nature. Depuis, l’activité n’a cessé de prendre de l’ampleur, et différents programmes ont été développés au fil des ans à l’initiative de l’ONG : la conservation et la réintroduction d’espèces telles que les vautours (fauve, noir, égyptien, etc.), les aigles, le grand-duc, le busard cendré, l’outarde ou le milan royal, etc. ; la reproduction en captivité d’espèces en voie de disparition ou en danger (chouette effraie, faucon crécerellette, aigle royal, aigle de Bonelli, sans doute le plus gros élevage d’Europe), etc. ; des programmes d’échange de tortues (galapagos, tortues de terre, etc.) ; des partenariats divers, dont un en cours aux Canaries sur des oiseaux spécifiques du désert ; des contrôles bio­logiques de nids ; le comptage d’oiseaux sur le terrain.

5 000 animaux soignés en 2011

L’hôpital consacré à la faune sauvage créé par le Grefa est longtemps resté le premier d’Europe à travailler avec des vétérinaires. En 2011, près de 5 000 oiseaux et petits mammifères ont été soignés dans cette structure moderne qui dispose d’une salle de chirurgie (300 interventions annuelles environ), de 2 pièces d’infirmerie dont une pour les urgences, d’un pôle de soins intensifs de 18 box et d’une salle de nécropsie. Chaque jour, 6 volontaires, vétérinaires ou biologistes, officient dans 2 laboratoires d’analyses destinés à la microbiologie, l’hématologie, la parasitologie, la chimie et la biochimie. « Nous pouvons réaliser pratiquement tous les tests basiques, mais nous envoyons les prélèvements pour la tuberculose, la grippe aviaire et d’autres virus au laboratoire de l’école vétérinaire de Madrid », explique Antonio, un jeune biologiste. L’hôpital comprend aussi une zone de réhabilitation, une nurserie où sont soignés et nourris des oisillons, des tortues protégées ou des lapins, et un pôle d’activités pédagogiques pour le grand public, auquel sont consacrés 5 bâtiments.

Parmi ses 10 000 visiteurs annuels, dont des groupes scolaires et des professionnels des oiseaux ou de la faune sauvage, le Grefa reçoit des vétérinaires et des biologistes, étudiants ou diplômés, d’Espagne, du Venezuela, du Mexique, des États-Unis, ou de pays européens. L’ONG accueille également des vétérinaires et des biologistes espagnols, nombreux à ne pas trouver d’emploi… Le Grefa puise dans ce vivier, pour son seul pôle vétérinaire, la centaine de bénévoles (250 tous pôles confondus) qui viennent, chaque année, donner 1 semaine, 1, 3 ou 6 mois, voire 1 jour par semaine pendant 1 an… Ils en tirent en retour une formation pratique. « En restant suffisamment longtemps, il est possible de passer dans tous les services et de se former à des problématiques et des techniques de soins de la faune sauvage que l’on n’étudie pas chez nous », confie Liliana, étudiante de 6e année dans une école vétérinaire portugaise, chargée ici de l’incubateur du pôle de reproduction en captivité et du suivi des nouveau-nés.

Un partenariat avec l’école vétérinaire publique de Madrid

L’hôpital, qui comptait encore 4 praticiens l’an dernier, n’en a plus que 3. 2 travaillent sur place, la troisième est attachée aux urgences sur le terrain. « Il faudrait que nous soyons 4 ou 5 vétérinaires ici », estime Fernando Gonzalès. Outre son activité médicale et la coordination des services, il assure tous les matins, comme sa consœur, le briefing des bénévoles sur les tâches du jour et donne des cours. Le Grefa a en effet réussi à instaurer des relations avec l’école vétérinaire publique de Madrid. Dans ce cadre, Fernando Gonzalès dispense des enseignements spécifiques à la faune sauvage : conservation, échographie, soins, chirurgie, médecine, reproduction en captivité, autopsies, etc. « L’an dernier, le programme de l’université a été modifié et a fortement réduit l’enseignement consacré aux oiseaux et à la faune sauvage. Nous essayons de combler ce manque », indique-t-il. Une manne bienvenue, car avec la crise, les financements extérieurs ont été réduits d’un tiers et l’effectif salarié – tous d’anciens volontaires – est passé de 18 en 2011 à 14 cette année. Le budget annuel s’élève à 500 000 € tout compris (programmes, nourriture, médicaments et salaires : 1 100 € mensuels pour le directeur, 900 € pour ses consœurs). « Nous nous maintenons grâce à 3 importants mécènes privés et 2 institutions publiques, mais il faut cogiter sans cesse pour trouver de nouvelles ressources, réduire le budget “pharmacie” par exemple grâce aux contacts établis avec les hôpitaux, les cliniques vétérinaires ou la faculté de pharmacie, et obtenir des remises auprès des laboratoi­res d’analyses. » Des cours privés destinés à l’université, eux, sont facturés 2 000 € par étudiant pour 3 mois de formation, mais aussi à des employés de cliniques ou de centres de sauvegarde.

Parmi les ressources précieuses : la motivation des équipes de volontaires ou de salariés. « Nous n’avons pas tant de connaissances que ça de la vie sauvage, en parasitologie, par exemple, ou en hématologie. Un énorme savoir reste à découvrir », assure Virginia, vétérinaire urgentiste. Il y a probablement aussi un management suffisamment créatif pour donner à chacun, rémunéré ou non, une responsabilité avec laquelle se réaliser.

  • 1 Organisation non gouvernementale.

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