Impact économique des différentes mammites cliniques chez les bovins - La Semaine Vétérinaire n° 1504 du 13/07/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1504 du 13/07/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : KARIM ADJOU

Une mammite est une inflammation de la mamelle dont l’origine est infectieuse. Chez la vache, elle affecte indépendamment un ou plusieurs quartiers (voir photo). Selon l’intensité de la réaction inflammatoire, sont distinguées des mammites subcliniques (sans signes cliniques visibles) et d’autres cliniques (signes locaux dans le lait avec la présence de grumeaux, des anomalies de consistance, de couleur, d’odeur, et/ou sur la mamelle : quartier chaud, dur, enflé, douloureux) qui s’accompagnent parfois de symptômes généraux (fièvre, abattement, anorexie, troubles nerveux, etc.).

Les bactéries responsables sont réparties entre des germes de réservoir mammaire et d’autres de réservoir environnemental selon leur origine. Les premières, susceptibles d’être transmises d’une vache à l’autre ou d’un quartier à l’autre lors de la traite, comprennent principalement des Staphylococcus aureus. Elles causent essentiellement des mammites subcliniques et une augmentation du taux cellulaire du lait de mélange (taux cellulaire du tank). Les bactéries environnementales se retrouvent sur l’animal entre les traites (environnement contaminé) et profitent de ces dernières pour remonter dans le canal du trayon. Les bactéries environnementales le plus souvent en cause sont Escherichia coli et Streptococcus uberis. Elles se manifestent davantage par des mammites cliniques.

Une étude1 menée aux États-Unis évalue le coût par vache de 3 types de mammites cliniques, qui diffèrent d’un point de vue étiologique (bactérie Gram positif, bactérie Gram négatif ou autres organismes), afin d’en déduire les stratégies de traitement les plus rentables selon les cas. Pour cela, les auteurs utilisent des modèles de simulation qui permettent, en outre, d’identifier les composantes de ce coût. Dans leur modélisation, ils prennent en compte :

Staphylococcus aureus, Staphylococcus spp. et Streptococcus spp. pour les bactéries Gram positif ;

Escherichia coli, Klebsiella spp., Citrobacter spp. et Enterobacter spp. pour les bactéries Gram négatif ;

Arcanobacterium pyogenes, Mycoplasma spp., Corynebacterium iovis, Pseudomonas spp. et les levures pour le groupe des autres organismes.

Les données utilisées pour leurs simulations proviennent de 7 troupeaux de l’état de New York. Récoltées sur 4 ans, elles concernent près de 24 000 lactations et 14 000 vaches.

ÉVALUATION DU COÛT DE TRAITEMENT ET DU COÛT GLOBAL

Le coût du traitement, issu de ces données puis retenu dans les simulations, s’élevait à :

> 73,5 $ (59,95 € environ) pour une mammite à Gram positif (23,5 $ de traitement – 8 $ d’antibiotiques et 15,5 $ de traitement adjuvant lié au fait que 50 % des vaches reçoivent des AINS2 et une fluidothérapie par voie intraveineuse ou per os –, 20 $ de lait non commercialisable en raison du temps d’attente à observer, 20 $ de temps de travail et 10 $ d’analyses bactériologiques) ;

> 35,5 $ (28,95 € environ) pour une mammite à Gram négatif (15,5 $ de traitement lié à un taux moyen de 50 % de vaches qui reçoivent des AINS et une fluidothérapie par voie intraveineuse ou per os, 10 $ de temps de travail, 10 $ d’analyses bactériologiques) ;

> 49,5 $ (40,40 € environ) pour les autres mammites (19,5 $ de traitement – dont 4 $ d’antibiotiques et 15,5 $ de traitement adjuvant lié au fait que 50 % des vaches reçoivent des AINS et une fluidothérapie par voie intraveineuse ou per os –, 20 $ de temps de travail et 10 $ d’analyses bactériologiques).

L’ensemble du coût du lait écarté est ici considéré comme négligeable, car celui-ci est utilisé à la place de l’aliment d’allaitement des veaux.

Pour déterminer le montant global d’une infection intramammaire, les pertes en lait (atteinte du parenchyme), les effets sur la reproduction, la survenue de cas récurrents de mammite (plus ou moins nombreux selon les types) sont ajoutés à ces coûts de traitements. Les charges en moins (le lait écarté donné aux veaux, par exemple) sont également prises en compte et déduites de ce coût.

RÉSULTATS

Pour une vache, le coût moyen s’élève à :

> 134 $ (109,30 € environ) pour une infection intramammaire à Gram positif ;

> 211 $ (172,10 € environ) pour une infection intramammaire à Gram négatif ;

> 95 $ (77,50 € environ) pour une infection intramammaire d’origine autre.

Il ressort également des données de simulation que la décision de traiter se révèle rentable dans 93 à 95 % des cas, quel que soit le type de mammite.

Les conséquences économiques sont surtout dues aux pertes de lait pour les mammites à Gram négatif (près de trois quarts de l’impact), ainsi qu’aux coûts de traitement pour les mammites à Gram positif et les autres (50 % de l’impact). L’effet de la dégradation de la fertilité pour les vaches atteintes de mammites intervient pour 10 % environ des pertes (environ 15 $, 25 $ et 10 $ respectivement lors de mammites à Gram positif, à Gram négatif et d’origine autre).

Les auteurs de cette étude précisent l’impact économique élevé des mammites cliniques selon leur étiologie et confirment l’intérêt quasi systématique de leur prise en charge. Les pertes de production, la partie invisible de l’iceberg au quotidien, constituent la majorité du coût des mammites, notamment celles causées par une bactérie Gram négatif.

  • 1 Cha E., Bar D., Hertl J.A., Tauer L.W, Bennett G., Gonzalez R.N., Schukken Y.H., Welcome F.L., Gröhn Y.T. The cost and management of different types of clinical mastitis in dairy cows estimated by dynamic programming, Journal of Dairy Science, 2011 (94):4476-4487.

  • 2 Anti-inflammatoires non stéroïdiens.

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