Dans le milieu du cheval normand1

Dans une scène, au début du film Ma bonne étoile, un poulinage s’annonce mal. « Qu’est-ce qu’il fait ce véto ? », s’impatiente le propriétaire de la jument (Christophe Lambert). « Il fait ce qu’il peut », réplique le vieil ami (Claude Brasseur). Le vétérinaire arrive enfin. Sa cinquantaine débonnaire évoque plutôt un médecin de campagne. Pudiquement, on laisse l’homme de l’art seul avec la jument. Christophe Lambert rebat l’image désuète du père à la maternité, il fait les cent pas dans l’écurie. Humour ? Ce n’est pas certain. Peu après, le vétérinaire annonce la naissance d’une magnifique pouliche et une hémorragie fatale pour la mère. « Il n’y a rien à faire, je suis désolé », dit ce praticien d’un autre âge. À l’instar de cette séquence, le film ne parvient jamais à éviter les clichés. Situé dans le milieu des courses de trotteurs normands, il raconte comment la fille de Christophe Lambert, jouée par Fleur Lise, se bat courageusement contre la fatalité qui s’acharne sur le domaine de son père et fait de la pouliche orpheline, son double animal et sa bonne étoile, une championne. Un scénario pétri de bons sentiments, ficelé sans surprise par les vieilles recettes narratives et dont une voix off redondante trahit le manque de confiance dans les moyens propres au cinéma. Celui-ci n’affleure que rarement : dans la réelle tension des compétitions de trot, dans l’évidence du lien entre Fleur Lise et la jument, de loin les meilleurs comédiens du film. Un téléfilm plutôt.

Ma bonne étoile d’Anne Fassio, sur les écrans depuis le 11 juillet.

• 1 Basse-Normandie (2004) et Sport de filles (2012, récemment édité en DVD) de Patricia Mazuy sont, à ce titre, des films plus convaincants.