La promotion de la filière avicole au cœur des préoccupations à Alger

Le développement et la promotion de la filière avicole ont animé les débats des 10^es Journées des sciences vétérinaires¹, organisées par l’École nationale supérieure vétérinaire (ENSV) d’Alger et le laboratoire de recherche “santé et production animales”, en collaboration avec la Direction des services vétérinaires.

En Algérie, la filière avicole représente, sur le plan économique, près de 10 % de la production intérieure brute agricole et emploie 150 000 tra­vailleurs environ. Toutefois, elle ne permet qu’une faible disponibilité en vian­des blanches et en œufs de consommation (respectivement près de 9 kg et 128 œufs par habitant et par an en 2010). Les Algériens sont ainsi parmi les plus faibles consommateurs de viande de poulet, loin derrière les Européens (13,5 kg par habitant et par an en moyenne). Cette faible productivité est liée à une déficience dans la maîtrise des facteurs de production, des conditions d’élevage et de la régulation du marché avicole. La filière est, de surcroît, fortement dépendante de l’étranger. En effet, 90 % des facteurs de production (intrants dans l’aliment du bétail, matériel bio­logique, pro­duits vétérinaires, équipements) sont importés. Les enveloppes allouées annuellement à ces factures, considérables, engendrent une hausse des coûts de production, qui se répercute sur les prix à la consommation.

Pointer les insuffisances et proposer des solutions

L’objectif de ces journées scientifiques, selon le directeur de l’ENSV, le P^r Youcef Hamdi-Pacha, consistait à souligner les insuffisances sur les plans techni­que, sanitaire et économique, ainsi qu’en matière de politique de régulation dans la filière avicole. Il était également question de proposer des solutions sous forme de recommandations pour relever un double défi : profiter de l’opportunité d’un marché interne important et améliorer la rentabilité afin de pérenniser l’activité et la préservation des emplois de ce secteur.

Le programme scientifique des 2 journées était dense, avec au total 32 communications orales et 43 posters relatifs à 4 sous-thèmes de la manifestation (situation et diagnostic de la filière avicole, optimisation des facteurs de production, pathologie et prophylaxie, qualité des produits avicoles).

Le secteur domine désormais la filière

Le Dr Nedjib Tekfa, représentant du groupe Hubbard (acteur mondial de la sélection “poulet de chair”), a fait le point sur la situation de la filière avicole en Algérie. Sa communica­tion était constituée de 3 volets décrivant le secteur proprement dit, son environnement et le marché de ses produits. Cette activité, prédominée par le secteur public jusqu’aux années 90, a vu, depuis, l’émergence du domaine privé. Ce dernier représente 80 % du marché des producteurs de poulets et de dindes de chair, 99 % des producteurs d’œufs, 70 % des accouveurs et des fabricants d’aliments de volailles. En 20 ans, la filière est passée d’un seul acteur – l’État – à des milliers d’intervenants privés dans les secteurs stratégiques de l’agri­culture et de l’agroalimentaire. L’environnement de la filière englo­be les aspects réglementaires, les infrastructures et les matériels spécifiques, ainsi que les médicaments et les vaccins.

Le troisième volet abordait le fonctionnement du marché des produits avicoles, dominé par de nombreux intermédiaires non professionnels.

Un soin particulier était apporté au choix des communicants, tous experts dans leur domaine de compétence. À cet égard, notre confrère Nicolas Eterradossi (Anses de Ploufragan) a présenté une communication relative au virus de la maladie de Gumboro et Jean-Michel Repérant (Anses) aux coccidioses aviaires (impacts sanitaires et économiques, diagnostic et moyens de lutte).

Les prochaines Journées des sciences vétérinaires se dérouleront en avril 2013 à l’ENSV d’Alger.

• 1 Les 27 et 28 mai derniers, à Alger.