Le pouvoir de dire non

Si, convaincu que l’une de vos fonctions majeures réside dans l’écoute et la communication, vous êtes un adepte de la politique de la porte ouverte, faites preuve de mesure. « Cette politique favorise les interruptions fréquentes, explique Bernard Diridollou¹, directeur-adjoint “management et développement des personnes” de Cegos Grand-Ouest. Soumis à de nombreuses sollicitations, il est possible d’éprouver quelques difficultés à dire non par peur de détériorer la relation, par envie de faire plaisir, par souci de conserver l’estime de son interlocuteur, ou parce que l’on est flatté de la demande. Les bonnes raisons de ne pas dire “non” sont légion. » Pourtant, ces 3 lettres permettent, à elles seules, de fixer la limite et de ne pas confondre être “disponible” et “à disposition”.

ÉVALUER LE RAPPORT BÉNÉFICE/RISQUE

Alors comment dire non ? « En le disant tout simplement », s’amuse Muriel Jouas², consultante en communication sensible et en gestion de crise au cabinet Com2crise. Avant toute chose, clarifiez la demande. Reformulez la proposition de votre collaborateur afin de vous assurer que vous avez bien compris. Une fois que vous êtes certains de parler de la même chose, « vérifiez si vous pouvez accepter sans remettre en cause la réalisation de vos activités prioritaires, recommande Bernard Diridollou. Évaluez le rapport de force », ajoute-t-il encore. Jaugez les risques que vous prendriez à refuser.

PRATIQUER L’AUTOCONVICTION

Une fois la décision prise, « dites non en votre for intérieur », conseille Muriel Jouas. Et, surtout, formulez bien que c’est un non-souhait. « Il ne s’agit pas d’indiquer une impossibilité. Si elle est réelle, vous n’aurez pas de difficulté à dire non. La complication survient lorsqu’on ne souhaite pas faire quelque chose et que l’on a l’impression de manquer de bonnes raisons. »

FAIRE PREUVE D’OUVERTURE

Le moment est venu de donner votre réponse. « Exprimez-vous fermement, mais sans agressivité », préconise Bernard Diridollou. Proposez des solutions de rechange, « cherchez une solution ou un plan B, poursuit Muriel Jouas. La requête peut éventuellement être assumée par quelqu’un d’autre, à un autre moment, d’une autre manière. Réfléchissez alors aux différentes options avec votre interlocuteur en le questionnant et, surtout, faites preuve de créativité et de souplesse ».

VALORISER VOTRE DÉCISION

Veillez bien à mettre en évidence le fait que le « non » est formulé envers la requête et non envers la personne, soulignent les 2 experts. « Valorisez l’échange et la relation, ainsi que la solution trouvée, afin de mettre en évidence ce point important », insiste Muriel Jouas. Enfin, évitez de vous justifier et, surtout, ne soyez pas désolé. « Surtout face à un manipulateur. Il jouerait de votre culpabilité afin de vous demander autre chose ! », ajoute-t-elle.

• 1 Auteur de « Manager son équipe au quotidien », éditions d’Organisation.

• 2 Auteur de « S’affirmer », collection Les bosseuses, éditions Eyrolles.