La chirurgie bovine, de la base à la pointe - La Semaine Vétérinaire n° 1498 du 01/06/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1498 du 01/06/2012

Congrès SNGTV 2012

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À LA UNE

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU

Les journées de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires se sont déroulées du 23 au 25 mai dernier à Nantes. Elles avaient la chirurgie pour thème principal.

Nouvelle édition réussie pour les journées nationales de la SNGTV. Une fois encore, la cité des congrès de Nantes a ouvert ses portes aux praticiens. Cette année, le thème majeur était la chirurgie. Un second axe, moins porteur, concernait l’économie des élevages. Les traditionnels ateliers destinés à chaque production étaient maintenus.

En matière de chirurgie, le programme a débuté avec un rappel des prérequis et des fondamentaux (sémiologie, anesthésie, critères de décision), puis s’est poursuivi avec les gestes techniques. La décision d’intervenir ou non doit reposer sur un bon examen clinique. Dans le cas de la trachéostomie, le taux de 20 % de rechutes observé sur le terrain serait attribuable à un mauvais diagnostic de départ. Il faut aussi un dialogue avec l’éleveur. En élevage de veaux de boucherie par exemple, sont pris en compte la valeur de l’animal le jour de l’intervention, le prix de cette dernière et du traitement, le travail supplémentaire imposé à l’éleveur par les soins postopératoires ou l’isolement du veau, ainsi que les frais engendrés par un retard dans son engraissement.

Contention, sédation, douleur

L’exposé des techniques d’anesthésie locale ou locorégionale chez le veau et le bovin adulte a trouvé un écho dans les interventions chirurgicales qui ont entraîné une mise en cause de la responsabilité du vétérinaire. Chez le veau, pour lequel la chirurgie ombilicale domine, il s’agit souvent d’accidents d’anesthésie. Cela arrive également lors de chirurgie digestive chez les adultes.

En matière de molécules, toutes ne sont pas autorisées, ni conseillées. L’emploi du Zolétil® (s’il n’était pas interdit), par exemple, pour traiter chirurgicalement une macroglossie, serait de toute façon à proscrire, car il entraîne de la salivation et des mouvements de la langue. Si « une bonne contention vaut mieux qu’une mauvaise sédation » pour pratiquer une césarienne, cette formule s’applique à d’autres situations : avec le développement des anesthésies locorégionales et des rachianesthésies, certains confrères témoignent d’une amélioration considérable de leur confort chirurgical. Le recours aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est une autre façon d’améliorer le confort de l’intervenant et des animaux. Ils favorisent la récupération de l’animal et leur utilisation est indiquée pour toutes les interventions chirurgicales. En obstétrique, ils permettraient de réduire le recours à la sédation et de favoriser l’acceptation du veau par sa mère à la suite de la césarienne. Les AINS comportent donc un double effet positif. Alors pourquoi s’en priver ? Les éleveurs ne demandent qu’à se laisser convaincre et leur prix est à mettre en balance avec le travail supplémentaire induit lorsque l’animal récupère difficilement ou quand la vache ne veut pas de son veau. En revanche, l’emploi des AINS lors de traitement curatif de syndromes digestifs est corrélé à la décision d’intervenir. Sinon, « ils offrent des paradis artificiels » et augmentent le risque d’une intervention tardive, car les symptômes auront été masqués et l’éleveur moins enclin à accepter un acte chirurgical. Le cas des dilatations et des torsions de cæcum en est un exemple parmi d’autres.

Techniques opératoires : du plus simple et courant au plus technique ou rare

Concernant les gestes chirurgicaux, ces journées en ont proposé pour tous les goûts, avec 2 conseils : oser se lancer et s’entraîner à localiser certains points anatomiques, pendant d’autres actes ou sur des cadavres. En effet, repérer des artères honteuses externes ou l’anneau inguinal est plus aisé lorsque le praticien sait quoi et où chercher. De ce fait, le temps d’intervention lors de mammectomie est plus court. Il en est de même pour faire un bloc de Peterson avant d’opérer une masse oculaire ou de pratiquer une exentération. Des actes chirurgicaux plus fréquents ou faciles à mettre en œuvre ont été décrits : ténotomie pour traiter une arqure et/ou une bouleture, déplacement de caillette, interventions sur le doigt ou réduction des fractures avec pose de fixateurs externes par la méthode Apef (dans laquelle la cohésion du montage est fournie, non plus par des broches latérales, mais par de la résine coulée dans des gaines électriques ou un tuyau d’évacuation de machine à laver). Quelques nouveautés ont été proposées. Celles-ci peuvent s’envisager en pratique courante (traitement de l’urovagin par suture vaginale, intervention chirurgicale non conservatrice lors de lésions graves du pénis, mammectomie par ligatures vasculaires) ou restent, pour l’instant, réservées aux structures hospitalières (traitement du déplacement de la caillette par endoscopie, correction des déviations angulaires).

Les soins requis après chaque acte chirurgical ont été clairement décrits, ainsi que les critères de décision avant de rouvrir l’animal (lorsqu’une vache récupère mal d’une césarienne, par exemple).

Échanges et confrontations d’expériences

Ces journées étaient également l’occasion de confronter l’expérience de chacun pendant les pauses et les conférences. Que l’auditoire pose des questions aux conférenciers est prévu dans l’organisation d’un congrès. Le contraire est moins fréquent et pourtant fort intéressant. Christian Hanzen (Liège), après avoir détaillé les résultats de son étude sur la pratique des césariennes, a ouvert un débat avec les congressistes présents en leur adressant directement certaines questions soulevées au cours de ce travail. Si l’ensemble des discussions n’ont pas permis de trouver comment éviter à coup sûr les abcès de paroi, des éléments ont été écartés : il n’y a pas d’effet lié au moment de l’anesthésie locale (avant ou après rasage), ni à la race, ni au nombre d’années de pratique du vétérinaire ou au nombre de césariennes effectuées. La technique de suture de la paroi ne serait pas non plus en cause, de même que le fil utilisé. En outre, laisser ou pas un trou pour l’écoulement ne réduit pas forcément le risque. Quelques pistes ont cependant été dégagées : la présence d’hématomes et la technique d’ouverture de la paroi musculaire par écartement des plans au lieu d’une incision franche constitueraient des facteurs favorisants. Et que penser de l’existence, plus fréquente en Belgique qu’en France, de la péritonite fibrineuse pariétale, dont la cause est encore inconnue (une infection par un herpès virus, le BHV4, a été évoquée) ?

La suite des débats aura lieu à Nantes l’an prochain.

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