Encore trop de vétonautes malmènent leur santé

Les praticiens vétérinaires sont-ils attentifs à leur propre santé ? L’adage qui dit que « les cordonniers sont les plus mal chaussés » leur semble approprié au vu des résultats du sondage réalisé sur notre portail WK-Vet.fr. En effet, plus de 60 % d’entre eux déclarent se préoccuper peu ou rarement de leur santé, tandis que 40 % réalisent des bilans de santé réguliers ou consultent leur médecin traitant. Ce dernier taux de réponse montre, tout de même, l’intérêt des vétérinaires concernant leur santé. Il signifie également qu’ils ont a priori une bonne hygiène de vie ainsi qu’une stratégie de prévention des facteurs de risque pour leur état physique et psychique en termes d’environnement de travail. Ces praticiens, à qui les propriétaires confient leurs animaux, sont exposés à divers risques professionnels (infections, griffures, morsures, etc.) liés à leurs conditions d’exercice. Sans oublier les dangers persistants, en particulier en radiobiologie, à savoir l’exposition aux rayonnements ionisants lorsque les spécialistes ne sont pas bien protégés (gants, lunettes et tabliers plombés, etc.) ou lorsque les cliniques ne respectent pas les normes de sécurité.

Les nombreux vétérinaires qui comptent rarement leur temps de travail sont également susceptibles de se retrouver en état de stress, voire d’épuisement professionnel (le burn-out) lors des gardes ou des heures de permanence ou de continuité des soins. Ce sont autant de facteurs à risque qui devraient être pris en compte. En outre, le fort taux de vétérinaires patients qui se surveillent peu ou rarement interpelle.

Les vétérinaires ne sont cependant pas les seuls dans cette situation. Les médecins sont également connus pour faire passer leur santé après celle de leurs patients. Ils ne se soignent pas bien non plus, selon plusieurs études réalisées ces dernières années. Pour preuve, un rapport publié en 2008 par le Conseil national de l’Ordre des médecins qui alerte sur la négligence de certains praticiens et sur leur manque de prévention à leur égard. Cette étude montre également les dangers de l’autoprescription, alors sous-estimés.

En résumé, se faire soigner ou aller consulter dès les premiers symptômes n’est visiblement pas si évident pour ces professionnels de la santé. Les spécialistes de la médecine humaine et de la santé animale vont-ils continuer à négliger leur propre santé ? Doivent-ils être mieux accompagnés dans cette démarche ? Effectivement, seuls 4,2 % des vétérinaires sondés déclarent qu’ils sont extrêmement attentifs à leur santé. Ils réalisent régulièrement des bilans ou des examens médicaux (dépistage, diagnostic, vaccination, etc.). Une situation paradoxale, alors que ces praticiens organisent régulièrement des manifestations de prévention pour leur clientèle et alertent les médecins sur la protection et la lutte contre certaines maladies émergentes, par exemple ! S’ils savent pertinemment quels risques ils courent, ils ne vont pas pour autant se soigner ou participer à un dépistage. Difficile, dans ce cas, d’avoir une bonne perception de son état de santé tout au long de sa carrière. La prise en charge de sa santé apparaît compliquée chez les vétérinaires qui ont répondu à notre sondage. Minimiser son problème ou être freiné par sa surcharge de travail serait l’une des explications. « Il faut oser le faire et ajouter les contraintes de temps », avoue un praticien très attentif à sa santé.

• Sondage réalisé sur WK-Vet auprès de 141 votants.