Des réseaux qui bousculent la profession vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1498 du 01/06/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1498 du 01/06/2012

Dossier

Auteur(s) : MARC POUIOL

Sous diverses formes, les groupements de structures font évoluer la pratique vétérinaire. Les réseaux Family Vet et Merry Vets sont actuellement 2 initiatives uniques en France.

Fondée par le praticien parisien Michael Silber en 2010, Family Vet compte aujourd’hui plus d’une quinzaine de sites en Île-de-France, en Aquitaine et prochainement en Bretagne. « Nous avons anticipé la directive “services” pour constituer le premier groupement en France à capitaux extérieurs non vétérinaires, dans la limite autorisée de 25 %, en accord avec le conseil régional de l’Ordre. La structure Family Vet est une société d’exercice libéral classique, avec des participations dans les “SEL filles” gérées par des vétérinaires en exercice qui détiennent des parts du capital », explique le fondateur.

Un esprit libéral qui séduit

Pour Michael Silber, la forme et le fond vont de pair. Car les adhérents du réseau partagent une même vision du métier, fondée sur un esprit de famille et une relation de proximité avec le client. Dans chaque clinique, la clientèle retrouve la même identité visuelle, un cadre identique, moderne et accueillant. « La force du réseau permet d’acquérir de petits cabinets et de les optimiser en les modernisant. L’idée est aussi de mettre le pied à l’étrier de jeunes qui ne veulent plus travailler seuls. Ils trouvent là d’excellentes conditions pour démarrer et exercer leur métier sans les contraintes de la gestion, du marketing ou de la comptabilité. Autant de tâches auxquelles ils ne sont pas formés et que le réseau assure. » Un modèle libéral qui séduit de plus en plus d’adeptes. Family Vet recrute actuellement des responsables de région pour assurer son développement et créer de nouvelles entités. « Il est impossible aujourd’hui de tirer la profession vers le haut et d’offrir des compétences et une qualité des soins sans investissement capitalistique. Nous attendons, pour aller plus loin, l’ouverture des capitaux non vétérinaires permettant d’atteindre le seuil des 49 % », affirme Michael Silber.

Un siège à Londres

Autre première en France, l’implantation de l’enseigne britannique Merry Vets par le praticien Michel Gourmelon. De retour dans l’Hexagone en 2009, celui-ci ouvre un cabinet sous cette enseigne dans la proche banlieue toulousaine. Pour lui, la directive “services” est opposable dans l’ensemble de l’Union européenne : une structure créée à Londres (où se trouve toujours le siège) peut donc avoir une filiale en France. Mais le conseil régional de l’Ordre ne l’a pas entendu de cette oreille. Michel Gourmelon a gardé la même enseigne, mais a dû adopter une forme juridique classique, conforme au droit français. Cela ne l’a pas empêché d’ouvrir, en 2010, une seconde structure Merry Vets gérée par une consœur. Ils ont été condamnés par la chambre disciplinaire du conseil régional ordinal à 6 mois d’interdiction d’exercer, mais pour 2 motifs différents : diffusion de publicité dans le premier cas, couverture d’exercice illégal pour l’autre.

Alors que 3 questions prioritaires de consti­tutionnalité (QPC) ont été soulevées, dont celle de la prescription (droit fondamental) qui n’existe pas pour les vétérinaires, les procédures disciplinaires sont momentanément suspendues.

Statuts des sociétés, directive “services” non transposée, communication, etc. « Ces 2 jugements contradictoires mettent en lumière la nécessaire et inéluctable évolution de la profession. La mentalité ordinale n’évolue pas et la France continue de mener un combat d’arrière-garde. La profession est figée dans des règles du passé, elle a besoin de liberté pour aller de l’avant. Les textes européens le permettent et je continuerai à me battre pour faire bouger les choses », clame le vétérinaire toulousain.

Sa deuxième clinique Merry Vets a cessé son activité. Continuant de ferrailler avec la chambre disciplinaire, il vient d’agrandir sa clinique et lance de nouveaux projets.

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