Les vermifuges (presque) tous vendus en pharmacie sans ordonnance - La Semaine Vétérinaire n° 1496 du 18/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1496 du 18/05/2012

12 substances exonérées de prescription

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PHARMA

Auteur(s) : ÉRIC VANDAËLE

Les comprimés d’acétate de mégestrol et de médroxyprogestérone ne peuvent plus être délivrés sans ordonnance.

Dernier cadeau du gouvernement Fillon aux vétérinaires… ou plutôt aux pharmaciens. La quasi-totalité des vermifuges pour chiens et chats peuvent désormais être vendus sans ordonnance en officine, au moins pour les petites présentations : Drontal®, Milbemax® Tab, Plerion®, Dolpac®, Dolthene®, Flubenol®, Panacur®, Stromiten®, etc. En revanche, les comprimés d’acétate de mégestrol ou de médroxyprogestérone pour les chattes et les chiennes (Perlutex®, Supprestral®, Pilucalm®, Dogalact®, Canipil®, Felipil®, Hebdo’Pil®, Megecat®, Megepil®, Hebdo’Pil®, Controestril®, etc.) ne devraient plus être délivrés sans prescription en pharmacie, comme une grande partie des médicaments dits exonérés des gammes Biocanina et Thékan-Clément.

Unanimité syndicale pour les vermifuges

En effet, le dernier Journal officiel du gouvernement Fillon a publié, le 10 mai 2012, le nouvel arrêté d’exonération de médicaments vétérinaires de la réglementation des substances vénéneuses. Sa parution était attendue et annoncée depuis plusieurs mois1. Les pharmaciens avaient réclamé cette nouvelle liste qui leur ouvre les portes du marché des vermifuges parmi les plus importants. Plus bizarrement, le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) y était aussi favorable, estimant que ces « antiparasitaires modernes » pouvaient être vendus en officines sans ordonnance. Les représentants des vétérinaires, des pharmaciens et des industriels s’étaient d’ailleurs mis d’accord de longue date sur une nouvelle liste. En dernier lieu, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait revu et réduit la liste en tout début d’année2.

Les présentoirs sur ordonnance

Cet arrêté exonère de la prescription obligatoire seulement 12 molécules inscrites en liste I ou II des substances vénéneuses. Les médicaments concernés doivent aussi répondre à des conditions supplémentaires, dites d’exonération, en termes de forme pharmaceutique, toutes orales pour les animaux de compagnie, et de doses (voir tableau en pages 24 et 25). Ainsi, les grandes présentations ou les présentoirs destinés à un déconditionnement extemporané ne sont pas exonérés et restent sur prescription. Mais la quasi-totalité des vermifuges en petits formats ne nécessitent plus d’ordonnance.

Publicité directe autorisée

La publicité sur les médicaments exonérés auprès du public devient permise, alors qu’elle est interdite pour ceux sur prescription. Il est donc prohibé de promouvoir les grandes présentations de vermifuges auprès du public.

Cette nouvelle liste de médicaments exonérés abroge et remplace les 2 précédentes qui dataient, pour les animaux de compagnie, du 3 décembre 1986 et, pour ceux de rente, du 20 juillet… 1949. Inutile de dire que cette dernière avait déjà sombré dans l’oubli de longue date.

Marchés de niches contre vermifuges

La liste de 1986 comprenait une centaine de substances actives entrant dans la formulation de médicaments topiques et oraux pour les chiens et les chats. Une grande partie des gammes des médicaments vendus sans ordonnance en pharmacie sous les marques Biocanina ou Thékan-Clément étaient d’ailleurs construites autour de l’arrêté de 1986, désormais abrogé. À l’exception des vermifuges, de nombreux médicaments de ces gammes ne sont plus exonérés (voir tableau).

Les pharmaciens devront désormais exiger une ordonnance avant de délivrer les “pilules” d’acétate de mégestrol ou de médroxyprogestérone, ou les antibiotiques, les corticoïdes, les tranquillisants ou les anesthésiques locaux qui étaient jusque-là exonérés : Cortikan®, Dermatt®, Diflamix®, lotion souveraine Biocanina, Nervicanis® Méprobamate, Opodiarrhée®, Taril®, etc. Toutefois, les officinaux restent mal informés de la réglementation sur le médicament vétérinaire. Et les mieux formés ne sont pas ceux qui en vendent le moins dans leur officine… bien au contraire. Les exonérations supprimées sont donc beaucoup plus nombreuses que les nouvelles inscriptions. Mais elles correspondent à des marchés de niches, beaucoup plus petits que celui des antiparasitaires internes.

  • 1 Arrêté du 24/4/2012 portant exonération de la réglementation des substances vénéneuses destinées à la médecine vétérinaire (JO du 10/5/2012).

  • 2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1489 du 30/3/2012 en page 20.

Les rares vermifuges encore sur ordonnance

Les rares antiparasitaires internes pour chiens et chats qui restent sur prescription sont principalement :

→ les grandes présentations destinées au déconditionnement extemporané des médicaments exonérés en boîtes plus petites (voir tableau en pages 24 et 25) ;

→ l’émodepside (Profender®) en comprimés ou en spot-on ;

→ la sélamectine en spot-on (Stronghold®) ;

→ la moxidectine en spot-on (Advocate®).

Les exonérations supprimées

Les principales exonérations supprimées concernent les médicaments oraux ou topiques des substances vénéneuses suivantes :

→ progestagènes, androgènes et œstrogènes : acétate de mégestrol ou médroxyprogestérone, éthynilœstradiol, méthyltestostérone, etc. ;

→ corticoïdes : bêtaméthasone, dexaméthasone, prednisolone, hydrocortisone, triamcinolone, etc. ;

→ AINS : ibuprofène (retrait des AMM), phénylbutazone, etc. ;

→ antibiotiques : néomycine, oxytétracycline, sulfamides, polymyxine B, hydroxyquinoléine, etc. ;

→ anesthésiques locaux : tétracaïne, procaïne, etc. ;

→ tranquillisants : phénobarbital, méprobamate ;

→ antitussifs et fonction respiratoire : codéine, bromhexine ;

→ fonction digestive : métoclopramide, lopéramide, scopolamine ;

→ vitamine D, etc.

L’iode en productions animales

Une seule exonération concerne les animaux de rente. Elle vise à rendre disponible sans prescription Kenodip® 3 000 et Kenospray® (Biové), 2 médicaments destinés à la « désinfection des trayons » en post-trempage. En effet, l’iode (métalloïde) et les solutions alcooliques iodées sont inscrits en list l des substances vénéneuses, alors que la polyvidone iodée (Vétédine®, etc.) ne l’est pas. Ce nouveau statut permet également à ces médicaments pour la vache laitière d’être commercialisées par les groupements agrées.

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