Les dermatoses acquises du chaton - La Semaine Vétérinaire n° 1495 du 11/05/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1495 du 11/05/2012

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : ÉMILIE VIDEMONT-DREVON*, GWENAËL OUTTERS**

Fonctions :
*praticienne hospitalière, service de dermatologie, VetAgro Sup. Article rédigé d’après une conférence présentée à un congrès de médecine féline organisé par la SFF.

POINTS FORTS

– Les affections parasitaires sont la principale cause de dermatose prurigineuse du chaton.

– La majorité des agents responsables de dermatoses acquises sont identifiables par des examens rapides réalisés à la clinique : trichogramme, raclage cutané et examen cytologique.

– Les dermatoses nodulaires et ulcératives sont majoritairement d’origine infectieuse. Les atteintes virales sont fréquentes chez le chaton. Prurit de la tête et du cou chez un chaton.

Cet article présente une revue des principales dermatoses acquises chez le chaton, à l’exclusion des dermatophytoses.

DERMATOSES PRURIGINEUSES

Lorsque le prurit n’est pas rapporté par le propriétaire, un trichogramme permet de mettre en évidence la présence de poils cassés, donc de confirmer que l’animal se gratte ou se lèche.

Affections parasitaires

Les affections parasitaires sont les principales causes de prurit chez le chaton. Les éléments parasitaires sont mis en évidence par un examen direct du prélèvement obtenu par brossage, scotch test, écouvillonnage auriculaire ou raclage cutané. La phtiriose, rare, est principalement rencontrée dans des collectivités mal entretenues.

L’infestation par les puces est fréquente chez le chaton et responsable d’un prurit parfois marqué. Elle peut être confirmée par la recherche des puces adultes ou de leurs déjections.

La cheylétiellose se caractérise par de multiples petites squames blanches pulvérulentes sur la ligne du dos, accompagnées d’un prurit d’intensité variable chez le chaton.

La thrombiculose est localisée dans les zones de plis, en particulier le dédoublement des oreillons ou les espaces interdigités. Les cheylétielles et les thrombiculidés peuvent être récoltés par l’application d’un scotch, puis examinés au microscope.

Otodectes cynotis, responsable de l’otacariose, sort parfois des oreilles pour coloniser le corps et provoque une dermatose prurigineuse. Ce parasite est mis en évidence par l’examen direct du cérumen.

Les agents responsables de la gale du corps sont rares chez le chat en France. La gale notoédrique est considérée comme absente du territoire français, mais est présente en Europe : elle provoque une dermatose extrêmement croûteuse à l’origine d’un “casque notoédrique”. La gale sarcoptique génère des croûtes moins épaisses et est rarissime chez le chat.

Chez le chaton, 2 agents sont responsables de la démodécie : Demodex cati et Demodex gatoi. Ce dernier, localisé dans la couche cornée, est contagieux entre chats. La démodécie est responsable d’un état kérato-séborrhéique et d’une atteinte folliculaire (folliculite, furonculose, voire cellulite dans les cas sévères).

Les acariens responsables de gale ou de démodécie sont recherchés via l’examen du produit obtenu par un raclage cutané.

Affections fongiques ou bactériennes

Les affections fongiques (autres que les dermatophytoses) et les pyodermites sont, le plus souvent, secondaires à une autre cause chez le chaton. Un examen cytologique permet de rechercher les bactéries et les levures en cause.

L’acné existe chez le jeune chat. Cette affection se traduit par une atteinte des lèvres et du menton qui débute par la présence de comédons et de quelques croûtes et peut évoluer, dans les cas sévères, vers une folliculite, une furonculose et une cellulite. Les lésions apparaissent le plus souvent avant l’âge de 1 an. La cause reste inconnue, même si plusieurs hypothèses sont avancées : trouble de la kératinisation folliculaire, anomalie de la production de sébum, rôle de virus, etc. Les bactéries (staphylocoques, streptocoques, pasteurelles) ou les levures (Malassezia) constitueraient davantage une complication liée à la rupture folliculaire qu’une cause primaire.Le diagnostic repose sur la mise en évidence de bactéries ou de levures à l’examen cyto­logique et sur l’exclusion des autres causes de folliculite (démodécie, dermatophytose).

Affections allergiques

Les dermatoses allergiques concernent principalement l’adulte, mais se manifestent parfois dès quelques mois d’âge. 3 grandes entités existent chez le chat : la dermatite par allergie aux piqûres de puces, l’allergie alimentaire et la dermatose prurigineuse idiopathique (diagnostic d’exclusion). Elles se manifestent par 4 grands syndromes, isolés ou associés.

La première manifestation est un prurit et des excoriations de la tête et du cou qui aboutissent parfois à une atteinte délabrante. La dermatite milliaire, de symptomatologie moins violente, se caractérise par de petites papules excoriées et surmontées de croûtes (palpation de grains de “mil”). L’alopécie extensive féline, secondaire à un léchage excessif, provoque des dépilations, bilatérales et symétriques, ou unilatérales. Enfin, le complexe granulome éosinophilique félin présente 3 formes cliniques. Le granulome est un nodule ou un cordon ferme, en relief, qui est localisé sur les cuisses, les coussinets ou dans la cavité buccale. Il peut également se traduire par une tuméfaction du menton. Certains granulomes éosinophiliques du chaton régressent spontanément. L’ulcère atone siège sur la lèvre supérieure en regard de la canine inférieure. La troisième expression clinique, la plaque éosinophilique, n’est pas décrite chez le chaton. La cytologie de ces lésions met en évidence de nombreux éosinophiles.

Il n’existe pas de test diagnostique capable de différencier les causes des dermatoses allergiques : il convient donc de procéder par étapes, en les éliminant progressivement par un traitement approprié. Le propriétaire doit être averti d’emblée que plusieurs phases peuvent être nécessaires pour établir le diagnostic. Lorsqu’un traitement antiparasitaire rigoureux et un régime d’éviction ne conduisent pas à une amélioration, l’hypothèse d’une dermatose prurigineuse idiopathique est à envisager.

DERMATOSES NON PRURIGINEUSES

Les dermatoses non prurigineuses sont représentées, chez le chaton, par les dermatoses nodulaires et les dermatoses ulcératives. Dans les 2 cas, la dichotomie néoplasique/non néoplasique, puis infectieuse/ non infectieuse, est retenue. La cytologie (ponction ou apposition) met en évidence les anomalies cellulaires et les éléments figurés.

Atteintes nodulaires

→ Une forme miliaire de mastocytome est observée chez le chaton. Elle se caractérise par de nombreux papules et nodules rétrocédant spontanément en quelques mois.

→ Outre cette origine néoplasique, les nodules du chaton sont majoritairement d’origine infectieuse (fongique, virale ou bactérienne). La cryptococcose est la mycose systémique la plus fréquente chez le chat. La contamination s’effectue par inhalation, puis la dissémination a lieu par voie hématogène ou par proximité. L’atteinte cutanée (nodules sur la truffe et le chanfrein) est fréquente (70 à 80 %). La sporotrichose, une zoonose rare en France, est due à un champignon saprophyte et donne lieu soit à des atteintes nodulaires déformant la face, soit à des atteintes ulcératives délabrantes.

→ Les mycobactéries sont des agents pathogènes stricts ou opportunistes. Les mycobactérioses à agents pathogènes strictes, responsables de nodules cutanés, sont essentiellement représentées chez le chaton par la tuberculose (rarissime, mais espèce sentinelle pour la maladie chez l’homme). Les mycobactérioses atypiques (pathogène opportuniste) sont responsables de lésions nodulaires et ulcératives, souvent au niveau de la face, plus ou moins délabrantes selon la bactérie en cause. La panniculite à mycobactérie est une forme clinique assez caractéristique. La lésion initiale est une zone pourpre, un peu en dépression, qui évolue vers l’ulcération et l’apparition de fistules desquelles s’écoule un pus huileux.

→ Les dermatoses virales sont essentiellement dues à 4 virus chez le jeune chat, dont 2 sont responsables d’atteintes nodulaires. La poxvirose, plutôt observée chez l’adulte, mais également décrite chez le chaton, est transmise par les rongeurs sauvages. Les lésions initiales se traduisent par une macule ou une plaque érythémateuse, ulcérée et croûteuse sur la face, le cou ou les membres antérieurs. Une dizaine de jours plus tard, des macules, des papules et des nodules apparaissent de façon disséminée. Un syndrome fébrile concomitant est parfois observé. Le plus souvent, la guérison est spontanée en 1 à 2 mois. Lors de péritonite infectieuse féline, la majorité des lésions sont dues à un phénomène d’hypersensibilité de type III : vasculites et granulomes au niveau cutané peuvent s’associer aux signes systémiques plus classiquement rencontrés.

→ Des nodules stériles, comme des lésions du complexe granulome éosinophilique ou des kystes cutanés bénins, sont également observés chez le chaton.

Atteintes ulcératives

Les causes infectieuses dominent. L’herpèsvirus a plutôt un tropisme pour l’appareil respiratoire et les yeux, mais il est parfois responsable d’une atteinte ulcérative de la face. En raison du phénomène de latence des herpèsvirus, les signes cutanés peuvent apparaître de façon différée. Les lésions cutanées associées à la calicivirose sont fréquentes : ulcération ou bulles au niveau de la cavité buccale, de la truffe et des pattes. Des souches hypervirulentes de calicivirus sont identifiées depuis quelques années. Très contagieuses, elles sont responsables d’une mortalité élevée. Elles peuvent provoquer des tuméfactions de la face et des extrémités avec des lésions nodulaires et ulcératives disséminées. Ces formes sont plutôt observées chez l’adulte.

Outre les causes infectieuses, certaines maladies auto-immunes, comme le pemphigus foliacé, sont responsables d’atteintes érosives et ulcératives et peuvent affecter le chaton.

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