Un « contrat de prestation de services » à revoir - La Semaine Vétérinaire n° 1492 du 20/04/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1492 du 20/04/2012

France-Haras

Actu

À LA UNE

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

Une étude, menée à l’initiative de la profession vétérinaire, révèle de nombreuses irrégularités dans la convention proposée aux repreneurs des centres techniques.

Les ex-Haras nationaux ont été démantelés en 2 structures : l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) pour les activités du secteur public, et France-Haras pour celles qui relèvent du domaine concurrentiel. Dès cette année, plus du tiers des centres techniques de France-Haras devraient être transférés à des repreneurs privés ou fermés.

Or certains confrères repreneurs sont actuellement placés dans une situation d’insécurité juridique par rapport au droit du travail à la suite de leur mise à disposition d’agents fonctionnaires de l’IFCE. En effet, le « contrat de prestation de services » établi par ce dernier et France-Haras comporte plusieurs irrégularités.

Un risque de mise en cause des vétérinaires repreneurs

Les ex-Haras nationaux proposent en effet, pendant la saison de monte, de mettre des agents à la disposition des centres transférés, c’est-à-dire de façon temporaire au cours de l’année, tout en préservant leur statut de fonctionnaire. Ces agents de l’IFCE avaient déjà été mis à la disposition de France-Haras en 2011. Ces 2 organismes ont donc mis en place un contrat de « prestation de services » entre l’IFCE et les repreneurs. Mais comment gérer le statut de ces fonctionnaires et leurs conditions de travail ? Certains vétérinaires repreneurs ont été surpris par le contrat proposé par l’IFCE. Des discussions ont eu lieu entre les différentes instances professionnelles vétérinaires (Ordre, SNVEL1, Avef2) afin d’éviter aux confrères d’éventuels problèmes.

Ainsi, une étude a été réalisée à l’initiative de la profession vétérinaire par un cabinet d’avocats spécialisé. Elle révèle de nombreuses irrégularités dans la convention proposée au niveau du droit du travail et, de facto, « un risque important de mise en cause de la responsabilité civile et de la responsabilité pénale des vétérinaires repreneurs de ces centres techniques et signataires de ce contrat, aussi bien vis-à-vis de la clientèle desdits centres que du personnel mis à disposition », souligne la dernière lettre d’information du Conseil supérieur de l’Ordre. Il était en effet du devoir du CSO d’alerter les confrères sur ces risques potentiels.

Une convention bancale

La convention de prestation de services actuelle peut être assimilée à du « louage » de travail, ce qui est, bien entendu, interdit par le Code du travail. « Cette sous-traitance illicite pourrait même être assimilée à un délit de marchandage et de travail dissimulé, explique Michel Martin-Sisteron, membre du CSO et responsable des affaires judiciaires, car le repreneur a autorité sur le personnel mis à disposition qui, passant dans une structure privée, pourrait se trouver de ce fait victime d’un préjudice lié à son nouveau statut tacite. »

En outre, ces agents sont censés effectuer des tâches à la demande du repreneur, mais s’ils réalisent des missions supplémentaires (par exemple, surveillance de poulinage), comment envisager la rémunération d’un salarié qui est déjà payé à temps plein par sa structure d’origine ? En outre, puisque c’est le repreneur qui donne les ordres à l’agent mis à disposition, il s’établit de fait un cocontrat de travail, dont les conditions légales pour le salarié ne se trouvent pas être respectées, ce qui rend le repreneur responsable. De plus, en cas de litige, même si le tribunal administratif peut se déclarer compétent puisque le statut initial du salarié est celui de fonctionnaire, ce serait le Code du travail privé qui s’appliquerait, le cocontrat étant de droit privé. Enfin, un transfert automatique des droits acquis du salarié pourrait être opposé au repreneur.

Faire expertiser le contrat

L’Ordre souhaite ainsi mettre en garde les confrères signataires de ce contrat ou susceptibles de le signer sur les irrégularités mises en évidence et leur conseille « de se rapprocher d’un conseil spécialisé pour faire expertiser le contrat précis qui leur est proposé », indique Michel Martin-Sisteron.

D’ailleurs, ce conseil n’aurait-il pas dû être, à la base, pris en charge par France-Haras ? Il est surprenant de voir que c’est la profession vétérinaire qui a dû démêler l’imbroglio juridique de ce contrat de prestation ! N’était-ce pas plutôt du ressort de France-Haras et de l’IFCE, dans le cadre de leurs missions, et aussi du ministère de tutelle et de ses services juridiques ? Aujourd’hui interpellés par les instances professionnelles vétérinaires, comme par certains repreneurs, l’IFCE et France-Haras, après d’autres consultations juridiques, semblent avoir mis en route la rédaction d’un nouveau contrat de prestations de services qui, espérons-le, sera conforme à la législation en vigueur.

  • 1 Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral.

  • 2 Association vétérinaire équine française.

Des centres techniques en cours de cession

Les transferts des centres techniques des ex-Haras nationaux ont débuté depuis quelques mois. L’État s’étant en effet désengagé de ses missions concurrentielles ; France-Haras, qui n’a vocation qu’à avoir une existence transitoire, a l’obligation de se séparer du secteur marchand qui lui a été confié et qui doit être transféré à la filière équine. La reprise ou la fermeture des quelque 80 centres techniques est prévue d’ici à fin 2014. Plus du tiers de ces centres sont en cours de transfert.

Ce n’est pas sans soulever quelques écueils. Le premier est celui d’un risque de concurrence déloyale entre certains repreneurs. Car ces centres techniques peuvent en effet être repris aussi bien par des particuliers (vétérinaires, étalonniers) que par des associations de races, des coopératives d’insémination artificielle ou des collectivités territoriales. Se pose aussi le problème de la clientèle captive. Mais la problématique la plus urgente reste celle qui concerne le contrat proposé de prestation de services en regard du droit du travail.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr