LES DAUPHINS SE LIVRENT AUX SCIENTIFIQUES AU PARC PLANÈTE SAUVAGE - La Semaine Vétérinaire n° 1491 du 13/04/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1491 du 13/04/2012

REPORTAGE

Auteur(s) : FRÉDÉRIC THUAL

Avec 3 nouveaux arrivés le 28 mars dernier, ils sont désormais 7 dauphins à parcourir les 1 000 m2 du delphinarium du parc animalier Planète Sauvage. Une vraie communauté qui devrait se reproduire au cours des prochaines années.

Si, depuis 3 ans, ils sont devenus l’attraction majeure de Planète Sauvage, ces dauphins tursiops, mammifères marins de 160 à 283 kg, font aussi l’objet de recherches scientifiques inédites menées en collaboration avec le département d’éthologie de l’université de Rennes, dirigé par Martine Hausberger. « Nous avons la chance, ici, d’observer les animaux tous les jours, de tester de façon répétée des stimuli et de pouvoir dresser un historique », explique Martin Böye, du laboratoire d’éthologie de l’université rennaise, fondateur de la société ZooResearch, spécialisée dans l’accompagnement scientifique des parcs zoologiques. « Cest l’un des rares endroits où il est possible d’aller jusqu’à la publication de travaux de recherches », se félicite ce responsable scientifique dont l’un des thèmes d’étude porte sur la communication des dauphins et la perception de l’environnement. « Nous avons ainsi montré que des dauphins captifs peuvent reproduire, pendant leur période de repos nocturne, des sons de baleines diffusés lors de spectacles publics », à l’issue d’une analyse des sons en aveugle. « L’histoire de leur vie étant complètement connue, nous savons que ces dauphins en captivité n’ont jamais eu l’occasion d’entendre des chants de baleines. À notre connaissance, c’est la première fois que l’on observe un tel intervalle entre la formation de souvenirs auditifs et un processus actif d’apprentissage et de production des sons mémorisés chez un mammifère marin », explique-t-il. Ce mode d’expression vocale pourrait être l’expression d’un phénomène d’apprentissage plus général des événements ayant eu lieu durant la journée et qui serait actif, plus tard, pendant les périodes de repos, voire de rêve.

Un lien permanent entre soigneurs et vétérinaire

Aux termes de 2 mois de travaux et de 300 essais, les chercheurs ont également mis en évidence l’usage chez les dauphins d’un œil plutôt que de l’autre selon les situations. En l’occurrence, ils utiliseraient l’œil gauche pour les “objets” méconnus, comme le public par exemple, et l’œil droit pour les éléments familiers. Autant d’observations réussies grâce à la proximité des soigneurs animaliers qui sont au contact des dauphins. « Nous sommes en lien permanent avec le vétérinaire. Nous surveillons les griffures quotidiennement. Chaque semaine, nous prenons leur température, nous simulons une échographie pour les habituer à une auscultation, nous effectuons une prise de sang au moins une fois par mois, etc. », précise Candice Durand, l’un des 9 soigneurs animaliers également chargés des animations aquatiques. Eux seuls sont habilités à plonger dans le bassin. « Il faut en moyenne 3 mois d’adaptation pour créer un lien avec les animaux et pouvoir les mettre en condition », souligne la professionnelle, titulaire d’une formation de soigneur animalier en parc zoologique, dispensée par la Maison familiale rurale à Carquefou (Loire-Atlantique), l’un des 3 centres reconnus dans ce domaine en France.

Un important champ d’investigations

Outre un programme d’élevage des espèces menacées, le parc constitue un important champ d’investigations pour les chercheurs et la vétérinaire intégrée Delphine Fejan (N 07) qui, selon les besoins, s’appuie sur le savoir-faire de confrères comme le Néerlandais Nels Van Elk, l’un des 3 grands spécialistes des mammifères marins, ou Emmanuel Risi, spécialisé dans les NAC et les animaux exotiques et sauvages au Centre hospitalier vétérinaire Atlantia à Nantes.

3 autres programmes à l’approche éthologique, dont les sujets demeurent confidentiels, sont actuellement menés sur le dauphin au parc Planète Sauvage où l’une des missions du vétérinaire consiste en la régulation des naissances, limitées à 150 par an.

  • • Visual laterality in dolphins : importance of the familiarity of stimuli. Catherine Blois-Heulin, Mélodie Crével, Martin Böye & Alban Lemasson. BMC Neuroscience 2012, 13:9
  • • Do dolphins rehearse show-stimuli when at rest ? Delayed matching of auditory memory. Kremers D, Jaramillo MB, Böye M, Lemasson A, Hausberger M. Front Psychol. 2011;2:386.
  • • Visual laterality in dolphins when looking at (un)familiar humans. Hélène Thieltges, Alban Lemasson, Stan Kuczaj, Martin Böye et Catherine Blois-Heulin Animal cognition, vol. 14, n° 2, 303-308.
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