Les ponctions sanguines chez les reptiles - La Semaine Vétérinaire n° 1487 du 16/03/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1487 du 16/03/2012

Formation

NAC

Auteur(s) : JULIEN GOIN

Fonctions : praticien à Pornic (Loire-Atlantique).

Les reptiles présentent souvent des symptômes frustes, ce qui implique un recours aux examens complémentaires. Il est donc utile de savoir réaliser une ponction sanguine en vue d’un examen biochimique et hématologique. En raison de la peau épaisse, écailleuse et kératinisée des reptiles, celle-ci est habituellement effectuée à l’aveugle, ce qui nécessite l’utilisation de repères anatomiques précis.

SITES DE PONCTION

Chez les serpents

2 sites sont à privilégier : le ventricule cardiaque et la veine coccygienne ventrale. L’animal est placé en décubitus dorsal. Pour la cardiocentèse, le cœur est repéré au niveau du premier tiers corporel, soit visuellement (repérage des battements sous lumière rasante), soit par palpation, soit à l’aide d’un mini-Doppler, puis immobilisé par une pression caudale du pouce (voir photos 1 et 2). Pour la veine coccygienne ventrale, le site de ponction est le deuxième quart de la queue ; en cas de butée sur une vertèbre, l’aiguille est légèrement retirée puis réorientée (voir photo 3). Dans les 2 cas, l’aiguille est introduite à 45° dans le plan médian, cranio-dorsalement. La cardiocentèse est susceptible d’être utilisée sur une grande gamme de gabarits (de quelques grammes à plusieurs dizaines de kilos), mais peut nécessiter une anesthésie préalable.

Chez les lézards

Le site de choix est la veine coccygienne ventrale en raison de son accessibilité. La technique est identique à celle décrite chez les serpents (voir photo 4). Il convient de prendre des précautions chez les espèces capables d’autotomie, dont la queue peut casser selon un plan de clivage en cas d’agression (iguanes, geckos, scinques).

La veine abdominale est un autre site de ponction utilisable. L’animal est placé en décubitus dorsal. L’aiguille est introduite à 10-45° dans le plan médian, cranio-dorsalement. Les principaux inconvénients sont un risque hémorragique majoré (cette veine est difficilement compressible, car elle est maintenue par un fin ligament dans la cavité cœlomique) et un risque de perforation viscérale en cas de mauvaise contention. En revanche, cette veine peut être cathétérisée (voir photo 5).

Chez les tortues

Le site de choix est le sinus veineux sous-nucal chez les espèces habituellement présentées en consultation (tortue d’Hermann occidentale Eurotestudo hermanni, tortue grecque Testudo graeca, tortue des steppes Agrionemys horsfieldii, péloméduse roussâtre Pelomedusa subrufa, etc.). En effet, en raison de leur taille généralement inférieure à 30 cm, le praticien peut assurer lui-même la contention et la ponction. Une main tient dans la paume la carapace et refoule la tête avec l’index, tandis que l’autre tient la seringue. L’aiguille est introduite à 45° dans le plan médian, à la jonction peau-carapace, caudo-dorsalement ; en cas de butée sur une vertèbre, l’aiguille est légèrement retirée puis réorientée (voir photo 6).

2 autres sites existent : les veines coccygienne dorsale et jugulaire. Pour la veine coccygienne dorsale, la technique est identique à celle décrite pour la veine coccygienne ventrale des serpents et des lézards, à la différence que l’aiguille est introduite en face dorsale de la queue, et non ventrale (voir photo 7). Cette technique est rendue délicate en raison de la difficulté de contention de la queue, petite ou musculeuse chez certains spécimens. Pour la veine jugulaire, l’animal est placé en décubitus ventral, tête étendue, membres antérieurs rétractés, base du cou comprimée, ce qui permet parfois sa visualisation. L’aiguille est introduite en arrière de la membrane tympanique, tangentiellement à la peau (voir photo 8). Cette technique est rendue délicate par la difficulté d’extériorisation de la tête chez certains animaux. En revanche, la veine jugulaire est le site de choix pour la mise en place de cathéters intraveineux, réalisée le plus souvent sous sédation après une dissection cutanée.

Chez les crocodiliens

Le site de choix est la veine coccygienne ventrale. La technique est identique à celle décrite chez les serpents et les lézards, à la différence que la contention des spécimens de taille moyenne à grande s’effectue en décubitus ventral, queue relevée (voir photo 9). La contention de cette dernière est parfois difficile, ce qui nécessite de recourir à un autre site de ponction, la veine supravertébrale, située dans le plan médian, caudalement à l’occiput.

ANALYSE DU PRÉLÈVEMENT

L’examen biochimique est effectué à l’aide d’un automate, après le transfert du sang dans un tube hépariné, comme chez les mammifères. Il existe aujourd’hui des appareils capables de doser plusieurs paramètres biochimiques d’intérêt chez les reptiles, simultanément et sur une faible quantité de sang (par exemple, VetScan VS2 d’Abaxis, dont le rotor Profile Reptile Aviaire Vetscan(r) Plus permet le dosage simultané à partir de 100 µl de sang total hépariné des paramètres suivants : créatine kinase, acides biliaires, AST, acide urique, glucose, protéines totales, albumine, globulines, sodium, potassium, calcium et phosphore).

L’examen hématologique est réalisé sur frottis sanguin, après l’étalement sur lame et la coloration d’une goutte de sang frais directement après le prélèvement. En effet, l’utilisation de tubes à EDTA est à proscrire chez les reptiles, car cet anticoagulant entraîne une hémolyse dans de nombreuses espèces. De plus, en raison de la structure de leurs cellules sanguines (hématies nucléées, absence de granulocytes neutrophiles, présence de granulocytes hétérophiles), il n’existe pas d’automate de numération-formule utilisable chez les reptiles.

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