Variations du taux d’ACTH plasmatique chez des chevaux normaux ou atteints du syndrome de Cushing

Le syndrome de Cushing, ou pituitary pars intermedia dysfunction (PPID), est un dysfonctionnement endocrinien relativement commun chez les poneys et les chevaux. Lié à une perte de l’inhibition dopaminergique de la pars intermedia, ce trouble est fortement associé à une augmentation de l’hormone corticotrope (ACTH).

Les signes cliniques de ce syndrome incluent l’hirsutisme (^{voir photo}), l’apparition d’une fourbure, une polyuro-polydipsie, une amyotrophie, une léthargie, la survenue d’infections récurrentes et un dépôt anormal de masse grasse au niveau de la fosse supra-orbitale, de l’encolure, de la base de la queue et des postérieurs.

Les analyses de laboratoire les plus communément utilisées pour le diagnostic de cette maladie incluent le test de suppression à la dexaméthasone et le dosage de l’ACTH plasmatique basale. Toutefois, l’existence d’une variation saisonnière de l’activité de sécrétion de la glande pituitaire a été mise en évidence, ce qui peut affecter l’interprétation des tests endocriniens. Il est établi qu’une augmentation de la concentration en ACTH est associée à une diminution de la durée du jour. Ainsi, afin de ne pas diagnostiquer de faux positifs et de pouvoir suivre ces chevaux régulièrement, tout au long d’une année, il semble particulièrement intéressant de définir des valeurs de référence selon les différentes périodes.

LES CHEVAUX INCLUS DANS L’ÉTUDE

V. Copas et E. Durham1 ont étudié deux populations de chevaux.

→ La population “contrôle” est constituée de 156 chevaux âgés en moyenne de 10,3 ± 4,7 ans (de 4 à 28 ans) présentés pour des raisons diverses. Les animaux atteints de maladies systémiques et/ou d’une douleur et/ou d’anxiété sont exclus de cette population. Des prélèvements sanguins sur tube EDTA sont effectués dans la veine jugulaire entre 10 h et 15 h entre le 1^er janvier et le 31 décembre 2009.

→ La population PPID est identifiée à partir des prélèvements sanguins adressés au laboratoire du LEH (n = 941). Tous les chevaux traités pour ce syndrome sont exclus.

LES RÉSULTATS

La comparaison des courbes plasmatiques de l’ACTH dans les 2 populations met en évidence des valeurs statistiquement significatives pour les mois d’août, de septembre et d’octobre (^{voir graphique}).

Cette étude montre que la valeur maximale d’ACTH plasmatique est de 29 pg/ml entre novembre et juillet et de 47 pg/ml entre août et octobre (^{voir tableau}).

L’une des limites de ce travail réside dans le fait que toutes les valeurs sont mesurées au cours de la même année. Il serait intéressant d’effectuer une étude longitudinale, avec un suivi sur plusieurs années, afin d’évaluer si elles sont, ou non, variables.

La période d’août à octobre correspond, en Angleterre, à celle de la diminution du jour. L’augmentation de l’activité de la glande pituitaire chez les chevaux atteints de PPID est corrélée à celle de l’incidence des signes cliniques comme la fourbure. Il convient donc de traiter les animaux avec des agonistes de la dopamine plus particulièrement à ces périodes de l’année.

EN PRATIQUE

La marche à suivre pour effectuer le prélèvement et l’envoyer au laboratoire pour la mesure de la concentration d’ACTH plasmatique est la suivante :

– prélever le cheval entre 8h et 17 h 30 sur un tube EDTA ;

– séparer le plasma par gravité ou centrifugation avant l’envoi ;

– faire parvenir le prélèvement au laboratoire dans les 3 heures qui suivent. Si cela n’est pas possible, prévoir de refroidir l’échantillon.

Ces normes permettent désormais d’effectuer et, surtout, d’interpréter au mieux les tests diagnostiques, notamment la concentration plasmatique en ACTH tout au long de l’année.

• 1 V.E.N. Copas et E.E. Durham (2011). Circannual variation in plasma adrenocorticotropic hormone concentrations in the UK in normal horses and ponies, and those with pituitary pars intermedia dysfunction, Equine Vet. J., doi : 10.1111/j.2042-3306.2011.00444.