Comparaison de 2 stratégies de communication destinées aux éleveurs en matière de maîtrise des mammites

Une étude, menée aux Pays-Bas, a eu pour objectif de comparer rétrospectivement l’efficacité de 2 stratégies de communication différentes à destination des éleveurs. Chacune vise à promouvoir la bonne santé de la mamelle et la maîtrise des infections intramammaires.

1^RE STRATÉGIE : GLOBALE, FONDÉE SUR DIFFÉRENTS OUTILS

La 1^re stratégie repose sur une méthodologie et un argumentaire qui supposent la compréhension et l’adhésion de l’éleveur. Elle est fondée sur un éventail d’outils (plans de traitement, logiciels d’enregistrement, documents pédagogiques), présentés en réunions d’éleveurs ainsi qu’en face à face. Les auteurs considèrent que cette stratégie repose sur une route “centrale”, qui va au cœur du problème et tente de donner tous les éléments d’information et de formation. Les améliorations consécutives à cette campagne sont évaluées auprès des éleveurs via un questionnaire (papier, puis Internet) afin de mesurer le degré de pénétration et d’adhésion aux mesures explicitées dans les différents documents soumis.

Près de 380 ont répondu à cette enquête. La majorité d’entre eux sont prêts et volontaires pour utiliser les outils présentés. Ceux-ci sont vus d’un œil bienveillant, quelles que soient les difficultés rencontrées au sein de l’élevage. Sans surprise, les résultats rapportent également une plus grande adhésion au projet et à la méthode chez des éleveurs initialement motivés par une maîtrise des mammites dans leur cheptel.

Les éleveurs considèrent leur situation comme “problématique” à partir d’un seuil de l’ordre de 260 000 cellules/ml en taux cellulaire de tank et/ou 28 cas de mammites/100 vaches/an. Seule une minorité pense qu’il est a priori facile de réduire les comptages cellulaires et l’incidence des mammites (respectivement 10 et 19 %). La majorité des participants aux réunions connaissent déjà les différents outils proposés (par comparaison avec les éleveurs qui n’y ont pas participé). En moyenne, sur la panoplie des 14 outils mis en avant, les éleveurs manifestent un réel intérêt pour 6 à 7 d’entre eux, principalement pour des fiches pratiques (réalisation CMT, procédures de lavage des trayons, modalités de traitement). La facilité d’utilisation n’est pas le critère qui détermine la conviction de mise en place des outils, mais plutôt la connaissance par l’éleveur du rôle du facteur de risque visé (hygiène, traitement) dans la survenue et la persistance des mammites.

2^E STRATÉGIE : POUR MODIFIER UN SEUL COMPORTEMENT

La 2^de stratégie, plus directe et plus minimaliste, vise uniquement à faire changer une pratique aux éleveurs. Dans le cas présent, il s’agit de leur faire porter des gants durant la traite. Les auteurs considèrent que cette stratégie suit une route “périphérique” fondée sur une persuasion “implicite” de l’éleveur, et une évolution pas à pas, avec peu de modifications à chaque étape. Les améliorations secondaires à cette campagne sont évaluées en décrivant le pourcentage d’éleveurs qui portent effectivement des gants durant la traite tout au long du processus (avant la mise en place de la communication, pendant et après), principalement par entretien téléphonique. Les freins et les motivations sont analysés.

Avant la mise en place de la stratégie de communication, seuls 21 % des éleveurs portent des gants lors de la traite. Ce chiffre s’élève à 37 % en milieu d’étude pour atteindre 42 %, tandis que 32 % n’ont jamais porté de gants à la fin de l’étude (versus 74 % au début). L’opinion des éleveurs sur cette pratique se modifie également : 43 % (versus 23 %) sont convaincus qu’il s’agit d’une bonne idée, et 11 % (versus 1 %) sont certains que cette pratique est utile pour la maîtrise des mammites. Près de 30 % des éleveurs estiment aussi que le port de gants est bénéfique pour leurs propres mains (versus 6 % en début d’étude).

DISCUSSION

Au final, les 2 stratégies semblent avoir porté leurs fruits et les auteurs concluent à l’intérêt de leur combinaison, lorsque c’est possible. Dans ce sens, ils insistent sur l’importance d’identifier a priori l’objectif de la stratégie à mettre en place, ainsi que les réelles motivations et les connaissances préalables de l’éleveur. La stratégie périphérique fondée sur une modification unique semble évidemment plus adaptée aux éleveurs “moins” motivés et conciliants.

• Source : Jansen J., Renes R.J., Lam T.J.G.M : Evaluation of two communication strategies to improve udder health management – Journal of Dairy Science, 2010 (93):604-612.