Bayer décline une version “one shot” à haute dose de son enrofloxacine 10 %

Vite, fort, mais le moins longtemps possible. » Telles sont désormais les 3 règles d’or de l’antibiothérapie pour éviter l’émergence de résistances, autant vis-à-vis des agents pathogènes que des bactéries commensales de la flore digestive. Dans cette perspective, les fluoroquinolones ont un avantage. Antibiotiques bactéricides dose-dépendants, leur vitesse de bactéricidie est aujourd’hui encore inégalée, surtout vis-à-vis des Gram négatif. Employées à doses élevées, 7,5 mg/kg ici pour l’enrofloxacine, ces molécules agissent « vite » et « fort ». L’inoculum des agents pathogènes est détruit en une seule injection d’action rapide, sans qu’il soit utile de prolonger le traitement sur plusieurs jours. Alors que, pour les antibiotiques temps-dépendants, notamment les bactériostatiques, l’efficacité dépend surtout de la durée du contact avec l’agent pathogène. Ce concept est développé depuis quelques d’années avec la danofloxacine à 6 mg/kg (A180®) alors que la posologie quotidienne est de 1,25 mg/kg/j, ou avec la marbofloxacine à 8 mg/kg (Marbocyl® S et ses génériques) et désormais à 10 mg/kg (Forcyl®) alors que la dose quotidienne est de 2 mg/kg/j.

Première enrofloxacine one shot pour les bovins

De longue date, Bayer a choisi d’emblée de commercialiser en France son enrofloxacine (Baytril®) à une dose quotidienne de 5 mg/kg, déjà 2 à 3 fois plus élevée que les 2 autres fluoroquinolones citées, alors que les concentrations minimales inhibitrices (CMI) ne diffèrent pas significativement entre ces molécules.

Aujourd’hui, le laboratoire lance en France les premières solutions injectables à 10 % d’enrofloxacine en une injection unique sous-cutanée à 7,5 mg/kg (7,5 ml/100 kg) chez les bovins (Respytril®) et les porcs (Baytril® 1nject). Dans les 2 cas, la tolérance est bonne. Seules des réactions locales transitoires sont signalées au point d’injection dans les résumés officiels des caractéristiques du produit (RCP).

Court pour limiter l’impact sur la flore commensale

L’objectif de cette posologie élevée n’est pas seulement d’agir vite et fort, mais aussi de dépasser largement les concentrations dites de prévention des mutants (CPM). Ce nouveau concept correspond à une concentration qui permet d’éradiquer non seulement les bactéries pathogènes sensibles, mais aussi celles qui ont acquis une résistance dite de bas ou de premier niveau. La dose élevée permet donc de limiter l’émergence de ces résistances. La fenêtre de sélection est réduite.

Le traitement “court” (une seule injection d’action rapide) a surtout pour objectif d’éviter la sélection de bactéries résistantes dans la flore commensale en la soustrayant à la pression de sélection de l’antibiotique. « Toute heure supplémentaire de contact avec la flore commensale est à éviter », répètent les médecins. Pour eux, « le bon traitement est le plus court pour atteindre la guérison ».

Une approche complémentaire à la métaphylaxie préventive

Respytril® cible les infections respiratoires des bovins à Pasteurella et à Mycoplasma bovis. Toutefois, M. bovis reste beaucoup plus difficile à éradiquer complètement que les pasteurelles, même si l’efficacité de l’enrofloxacine vis-à-vis des mycoplasmes est prouvée.

Ce type de traitement « vite, fort et court » n’est pas destiné à la métaphylaxie qui permet de prévenir pendant 2 à 3 semaines le risque d’une infection chez des animaux sains au contact de malades. Ce traitement exclusivement curatif cible les seuls animaux malades. Il est d’autant plus efficace qu’il est employé précocement.

La solution injectable à 10 % Respytril® est commercialisée à un prix centrale identique ou proche de celui de Baytril® 10 %. À la dose unique de 7,5 mg/kg, le coût du traitement devient l’un des plus compétitifs par rapport aux autres fluoroquinolones.