Les opioïdes et les AINS sont la clef de voûte de l’analgésie vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1481 du 03/02/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1481 du 03/02/2012

Conférence VetoAdom

Actu

SANTÉ ANIMALE

Auteur(s) : HÉLÈNE LETARD

L’analgésie multimodale et préemptive permet de combiner les différentes drogues analgésiques avant l’apparition de la douleur.

Lors d’une conférence1 organisée par VetoAdom (urgences vétérinaires à domicile) sur la gestion de la douleur, Nicolas Girard2 a insisté sur l’analgésie multimodale et préemptive. Ainsi, notre confrère a expliqué que lorsque la douleur est déjà installée, il importe de recourir à l’analgésie multimodale, c’est-à-dire la combinaison et l’administration de drogues analgésiques qui agissent avec des mécanismes différents, afin d’optimiser leur effet individuel. À cet effet, les opioïdes et les AINS3, par exemple, sont la pierre angulaire de l’analgésie vétérinaire : cela permet de réduire la dose de chacune des dro­gues, donc les effets secondaires associés.

L’analgésie préemptive est, quant à elle, un traitement qui consiste à utiliser des analgésiques avant la stimulation nociceptive. Elle réduit la quantité d’anesthésique requise pour maintenir un niveau d’anesthésie chirurgicale, aide à stabiliser l’animal, permet de réduire la quantité d’analgésique nécessaire au contrôle de la douleur (pendant et après l’intervention) et diminue fortement le taux de morbidité associé à la chirurgie et à l’anesthésie.

La combinaison de ces 2 types d’analgésie (multimodale et préemptive) permet d’associer les différentes drogues et de les administrer avant l’apparition de la douleur, à chaque fois que c’est possible.

Connaître les effets secondaires

Des précisions ont ensuite été apportées sur les opioïdes et les AINS.

Les opioïdes sont des dérivés de l’opium (morphine, codéïne, papavérine et thébaïne). À l’état synthétique ou semi-synthétique, la buprénorphine, le tramadol, le fentanyl, l’alfentanil, le remifentanil, le butorphanol, la méthadone, etc. peuvent être cités. Les opioïdes agissent sur les récepteurs opiacés : couplés à une protéine G inhibitrice, ils entraînent une hyperpolarisation de la cellule, une dépression de l’activité cellulaire, donc une diminution de la transmission de la douleur.

Parmi les effets secondaires des opioïdes figurent une dépression respiratoire, un halètement, une bradycardie, une libération d’histamine, avec une dégranulation massive des mastocytes en intraveineuse pour la morphine et, surtout, la péthidine qu’il vaut mieux éviter d’administrer par cette voie (mort fréquente). Des vomissements, une constipation, un retard de la vidange gastrique, une rétention urinaire et une accoutumance, voire une dépendance, sont également observés.

Certains opioïdes, classés comme stupéfiants (ils nécessitent une ordonnance sécurisée), sont à ranger dans une armoire fermée à clef. D’autres drogues (buprénorphine, butorphanol, tramadol et codéïne) sont inscrites sur la liste I (ordonnance simple non renouvelable). Leur destruction est réglementée.

Éviter les AINS en phase préopératoire

Les AINS sont des inhibiteurs des cyclo-oxygénases et ont un effet analgésique modéré. Ils sont aussi anti-inflammatoires et antipyrétiques. Ces substances présentent une longue durée d’action (24 heures en général). Elles ne s’accompagnent pas d’effet sur le comportement, ni sur le système cardio-respiratoire. De nombreux AINS oraux et injectables avec une AMM vétérinaire sont indiqués chez le chien et le chat.

En revanche, il est préférable d’éviter leur administration en phase préopératoire : des effets potentiellement délétères sur le rein peuvent être observés. Les AINS sont contre-indiqués lors de déshydratation, d’hypovolémie, d’hypotension, d’insuffisance rénale, de coagulopathies et d’ulcères gastro-intestinaux. En l’absence d’étude sur le sujet, une administration à des animaux gravides ou en lactation est à éviter. Enfin, selon Nicolas Girard, l’association avec des anti-inflammatoires stéroïdiens ou d’autres AINS est à proscrire : aucune étude ne met en évidence une amélioration de l’efficacité lors d’une association. De plus, l’augmentation des effets secondaires est avérée.

Les AINS sont répartis en sous-classes : de façon exhaustive, les dérivés de l’acide propionique (carprofène), de l’oxicam (méloxicam) et les coxibs (firocoxib) peuvent être cités parmi d’autres. En cas d’inefficacité d’un AINS, il ne faut pas hésiter à changer de sous-classe, après un sevrage de 5 à 7 jours. L’amélioration peut alors être très nette.

Si l’association des opioïdes et des AINS ne produit pas de résultats suffisants, d’autres méthodes existent et peuvent être employées, en association ou en remplacement des opioïdes et des AINS (anesthésie loco-régionale, α2-agonistes, kétamine, lidocaïne, CRI/ mexiletine orale, gabapentine, prégabaline, amitriptyline, etc.).

  • 1 Le 12 janvier dernier, à Maisons-Alfort.

  • 2 Diplômé du Collège européen en anesthésie et analgésie vétérinaires.

  • 3 Anti-inflammatoires non stéroïdiens.

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