Le virus Schmallenberg arrive par la Lorraine

Après avoir fait son appa­rition fin 2011 en Allemagne (avec 186 élevages confirmés infectés au 31 janvier dernier), le virus Schmallenberg, qui affecte les élevages de ruminants, s’est ensuite développé en Belgique (52 exploitations atteintes, notamment en Wallonie), aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Fin janvier, 7 cas de contamination avérée ont été détectés en Lorraine, dans des élevages de brebis du nord de la Moselle et en Meurthe-et-Moselle. Au total, une trentaine de cas sont confirmés dans l’ensemble des régions du nord-est et de l’ouest. 30 autres cas sus­pects sont en cours d’analyse, principalement dans les départements du nord-est.

En Lorraine, les préfectures des 2 départements concernés ont immédiatement informé les éleveurs et les vétérinaires de la présence du virus. Ces professionnels avaient été avisés de l’imminence du risque depuis plusieurs semaines par les DDPP¹. « Il est probable que, la vigilance des confrères ayant été stimulée par ces alertes, le maillage vétérinaire du territoire permettra une nouvelle fois de montrer son efficacité en établissant d’autres diagnostics dans les prochaines semaines, car on imagine mal qu’il n’y ait que quelques cas isolés en France », explique François Jolivet, praticien à Faulquemont (Moselle) et secrétaire général du conseil régional de l’Ordre des vétérinaires de Lorraine. Il souligne que la proximité des pays déjà contaminés fait de cette région une porte d’entrée naturelle du virus, mais que celui-ci, dont les seuls vecteurs (des moucherons culicoïdes) sont identiques à ceux de la fièvre catarrhale ovine, peut se propager à l’ensemble du territoire selon les vents.

Quelles conséquences économiques ?

Peggy Rasquin, vétérinaire et chef du service “animal et environnement” à la DDPP de la Moselle, tout en appelant les éleveurs et les vétérinaires à redoubler de vigilance, se veut rassurante. « Nous sommes en saison froide, ce qui limite l’activité des moucherons, donc les risques d’expansion de l’épizootie », affirme-t-elle. Elle rappelle, en outre, que le virus n’est pas transmissible à l’homme.

Hormis l’appel à une surveillance renforcée et à l’analyse des causes de mortalité ou de malformation des agneaux ou des veaux, aucune disposition particulière n’est mise en œuvre, faute de bien connaître ce virus apparu l’été dernier.

Quelles seront ses conséquences sur l’économie régionale, dont l’élevage (plus de 170 000 brebis et près d’un million de bovins sont répartis dans 8 000 exploitations) représente un des secteurs importants ? Telle est la question que se posent les professionnels.

Dans un entretien au quotidien régional Le Républicain lorrain, Bernard Schmitt, directeur du Groupement de défense sani­taire de la Moselle, s’inquiète des éventuelles restrictions de ventes d’animaux, tant en France qu’à l’exportation, qui ajouteraient aux pertes d’activité liées aux morts prématurées des animaux ou à leurs malformations, qui les rendent non commercialisables. La Russie a d’ores et déjà décidé de restreindre ses importations d’animaux vivants, d’embryons et de sperme provenant des pays infectés à compter du 1^er février.

• 1 Directions départementales de la protection des populations.