Trop peu de doctorants dans les écoles vétérinaires ?

La mission de ce rapport, à laquelle a participé notre confrère Yves Marchal, inspecteur général de la santé publique vétérinaire, avait l’ambition de mener une étude comparée du niveau doctorat. L’enjeu n’est pas seulement celui d’une comparaison dans le microcosme hexagonal de la recherche, mais plutôt d’une visibilité de cette formation doctorale auprès des universités et entreprises étrangères. Pour notre profession, c’est aussi l’espoir, souhaitons-le, de l’élaboration d’une vraie politique nationale de la recherche vétérinaire.

Relancer la recherche vétérinaire

« La question de la création par ses soins d’une école doctorale nationale pluridisciplinaire, du type de celle créée par les facultés de médecine, dans des domaines mal ou pas couverts par les écoles doctorales en place (sciences cliniques vétérinaires), est un vrai sujet de débat (…). Elle rejoint, par exemple, la question de la relance d’une politique nationale de la recherche vétérinaire », explique en effet le rapport.

Quelle est la proportion des doctorants vétérinaires ? Elle est inférieure à 5 % et oscille plutôt entre 1 et 3 %. De leur côté, les formations d’ingénieurs agronomes affichent des taux qui dépassent toujours 10 %, et peuvent même atteindre 20 % (AgroParisTech).

Une conséquence de cette situation : « Un nombre significatif de thèses de la sphère “santé animale, comportement animal, sécurité sanitaire alimentaire” sont réalisées par des diplômés de l’université, biologistes ou pharmaciens. »

Ce n’est pourtant pas lié à un manque d’attrait, puisque le rapport estime qu’un tiers des étudiants sont réceptifs à des projets professionnels non cliniques.

3 ENV analysées

Le rapport dresse un bilan dans 3 écoles vétérinaires françaises. « Depuis 2006, 80 thèses ont été soutenues dans le cadre des établissements constitutifs d’Oniris, mais peu d’étudiants vétérinaires font une thèse. » Le constat établi à Nantes fait état de bourses trop faibles offertes par les pays étrangers à leurs doctorants, de l’absence d’accès aux bourses du ministère de l’Enseignement et de la Recherche, et de la coaccréditation qui n’est pas prise en compte par la direction générale (DGER).

Même point d’étape à VetAgro Sup (Lyon), qui produit actuellement peu de doctorants vétérinaires : en moyenne 1 par promotion de 100 étudiants. Et le rapport de poursuivre : « Cette situation témoigne du retard pris par les études doctorales vétérinaires. Une correction rapide de la situation est nécessaire. »

L’ENV de Toulouse, quant à elle, est partenaire de 2 écoles doctorales : BSB (biotechnologies santé biologie) et Sevab (sciences écologiques vétérinaires agronomiques bio-ingénierie). Cette dernière perçoit d’ailleurs « la recherche vétérinaire toulousaine comme ne jouant pas suffisamment la carte des industries pharmaceutiques pour développer ses bourses de thèse. Les laboratoires de l’école vétérinaire lui semblent trop employés à faire de la prestation de services pour l’industrie pharmaceutique (…). Les vétérinaires semblent anormalement absents du secteur de la nutrition animale, y compris des animaux de compagnie ». L’ENVT a néanmoins défini un programme d’actions qui se fixe comme cible 10 % de diplômés en préparation de thèse.

Des voies d’amélioration

Le rapport conclut à la nécessité d’encourager la création de fondations pour augmenter les moyens financiers des écoles doctorales. Des initiatives commencent à se concrétiser en recherche vétérinaire.

Plusieurs pistes pour accroître le nombre de doctorants au sein des ENV sont envisagées, notamment l’adaptation des cursus pour l’accès au master 2 à l’issue de la 4^e année de formation.

La carence en postulants peut par ailleurs provenir des débouchés restreints, et le rapprochement avec des entreprises est ainsi une piste d’étude nécessaire afin de favoriser l’insertion professionnelle des impétrants. La culture entrepreneuriale des doctorants est une carence également citée. En outre, l’absence de réseaux d’anciens élèves (particulièrement développés dans d’autres secteurs) est sans doute un autre frein à lever.

L’ouverture à l’international, également plébiscitée dans le projet de réforme du cursus des écoles vétérinaires de Bernard Vallat, est présentée comme un élément essentiel de la notoriété des formations doctorales.

• 1 Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.