Traitement de la rhodococcose chez le poulain - La Semaine Vétérinaire n° 1480 du 27/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1480 du 27/01/2012

Formation

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : ANNE COUROUCÉ-MALBLANC

Le Collège américain de médecine interne vétérinaire (Acvim) a récemment publié un article de consensus sur le diagnostic, le traitement, le contrôle et la prévention des infections dues à Rhodococcus equi chez les poulains. Après le diagnostic1, voici le traitement.

TRAITEMENT : RECOMMANDATIONS

L’association d’un macrolide (érythromycine, azithromycine ou clarithromycine) avec la rifampicine est le traitement recommandé dans le cas d’une infection due à R. equi. Cette recommandation repose sur l’activité in vitro, des données pharmacocinétiques et des études rétrospectives.

Il s’agit d’une évidence moyenne au vu de l’absence d’études randomisées disponibles pour l’étayer. Néanmoins, il apparaît en effet que les poulains infectés par une souche de R. equi résistante aux macrolides et à la rifampicine bénéficient d’un pronostic plus réservé que les autres.

TRAITEMENT : JUSTIFICATION

In vitro, une large variété d’antibiotiques sont actifs contre R. equi. Toutefois, nombre d’entre eux ne sont pas efficaces in vivo, probablement en raison d’une mauvaise pénétration cellulaire, donc d’une faible concentration intracellulaire. Par exemple, dans une étude rétrospective menée chez 17 poulains traités avec l’association pénicilline-gentamicine, tous sont morts bien que l’antibiogramme ait mis en évidence une sensibilité de la souche de R. equi à la gentamicine. L’association de la rifampicine et de l’érythromycine est devenue le traitement de choix dans les années 80, sans qu’il y ait aucune étude contrôlée permettant de le justifier. Depuis quelques années, 2 macrolides de nouvelle génération, la clarithromycine et l’azithromycine, remplacent souvent l’érythromycine. L’association d’un macrolide et de la rifampicine est synergique in vitro et in vivo et l’utilisation de ces 2 classes d’antibiotiques permet de réduire la survenue de résistances de R. equi à l’une ou à l’autre de ces molécules.

La dose de rifampicine recommandée est de 5 mg/kg toutes les 12 heures, par voie orale. Les dosages pour les macrolides font également l’objet d’une recommandation (voir tableau).

La résolution des signes cliniques, la normalisation du fibrinogène et la disparition des lésions pulmonaires visibles à la radiographie ou à l’échographie sont souvent utilisées pour définir la durée du traitement, qui s’étale généralement sur 3 à 12 semaines. De nombreux poulains qui présentent des lésions échographiques subcliniques se débarrasseront de l’infection sans traitement. Toutefois, il n’existe aucun critère, à l’heure actuelle, pour différencier, chez les sujets atteints, une infection clinique qui se résoudra d’elle-même d’une infection qui évoluera vers une affection clinique.

L’association de la rifampicine avec les macrolides précités peut fréquemment engendrer de la diarrhée. L’incidence de celle-ci est comprise entre 17 et 36 % selon les études. En général, la survenue de cette diarrhée ne nécessite pas l’arrêt du traitement. Cependant, les poulains affectés devront être suivis de près pour s’assurer que cela ne s’aggrave pas.

La disponibilité d’un macrolide longue action permettrait une administration moins fréquente. La tulathromycine, utilisée chez le porc ou les ruminants, a été testée chez des poulains atteints d’affections subcliniques. Une étude a comparé l’emploi de la tulathromycine à celui de l’association azithromycine-rifampicine et a mis en évidence une moindre efficacité de la tulathromycine. Toutefois, dans le cadre de cette étude, la tulathromycine a été évaluée seule et non en association avec la rifampicine. La tilmicosine, un autre macrolide longue action, s’est également révélé peut efficace.

À ce jour, la tulathromycine et la tilmicosine ne sont pas recommandées pour le traitement des affections pulmonaires dues à R. equi. À l’inverse, la gamithromycine, un macrolide longue action, est actif in vitro sur R. equi. Son administration intramusculaire, à la dose de 6 mg/kg, permet de maintenir la concentration dans les cellules broncho-alvéolaires au-dessus de la concentration minimale inhibitrice (CMI) pendant environ 7 jours. Toutefois, le traitement n’est actuellement pas recommandé tant que l’efficacité clinique et la sécurité d’emploi de cet antibiotique ne sont pas mises en évidence.

  • 1 Le diagnostic a été traité dans La Semaine Vétérinaire n° 1478 du 13/1/2012 p. 50, le traitement est abordé ici et la prophylaxie sera présentée dans un prochain numéro. Source : S. Guiguère, N.D. Cohen, M. Keith Chaffin, N.M. Slovis, M.K. Hondalus, S.A. Hines et J.F. Prescott (2011) : « Diagnostic, treatment, control and prevention of infections caused by Rhodococcus equi in foals », Acvim consensus statement, J. Vet. Inter. Med., 25, 1209-1220.

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