Que pensez-vous du plan de réduction des antibiotiques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1479 du 20/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1479 du 20/01/2012

Entre nous

FORUM

Auteur(s) : LORENZA RICHARD

Un moratoire souhaité à l’échelle planétaire

Patrick Chabrol, praticien avicole à Bourg-en-Bresse (Ain).

Vétérinaire rural de formation, je me suis orienté vers l’élevage industriel de volailles. L’élevage rationnel en filière avicole s’est d’emblée donné comme priorité de diminuer le nombre de traitements en améliorant l’alimentation et les conditions d’élevage des animaux, avec des conduites par bandes en âge unique. La législation ayant réduit depuis longtemps le nombre d’antibiotiques à notre disposition, nous avons porté nos efforts sur l’hygiène, la biosécurité et la prophylaxie vaccinale. Des techniques alternatives sont mises en avant par le rapport de l’Anses, telles que le développement d’autovaccins contre la colibacillose en production de poules pondeuses ou de reproducteurs. Ce moratoire ne sera donc pas très difficile à appliquer en aviculture.

Plus généralement, s’il est avéré que l’utilisation des antibiotiques chez les animaux a un impact sur l’émergence de souches résistantes chez l’homme, la réduction de l’emploi des antibiotiques devrait être appliquée à l’échelle planétaire. 40 % des poulets consommés en France sont importés! De nombreuses souches multirésistantes chez l’homme proviennent des pays en voie de développement, qui utilisent les antibiotiques de façon beaucoup moins contrôlée et rationnelle que nous. Les voyageurs internationaux se trouvent en contact avec de nombreuses souches différentes. Il serait donc souhaitable que tout le monde raisonne de la même façon et applique les mêmes règles, y compris dans le milieu médical.

Un engagement volontaire des vétérinaires cunicoles

Samuel Boucher, président de l’Association des vétérinaires cunicoles de France (AVCF).

Le plan de lutte contre l’antibiorésistance est inéluctable. La filière cunicole et ses vétérinaires, conscients de la nécessité d’améliorer les pratiques, ont initié une moindre utilisation des antibiotiques dès 2004.

En 2006, la filière a entamé une bataille, aujourd’hui gagnée, pour comprendre pourquoi il existait des résidus de sulfamides dans la viande à des doses supérieures aux LMR, malgré le respect des temps d’attente. Les AMM les estimaient trop courts. Puis nous avons essayé de limiter les antibiotiques distribués par voie alimentaire. L’accord d’engagement volontaire signé par les vétérinaires cunicoles stipule, notamment, que nous ne prescrirons pas plus de 10 jours de traitement par cette voie et que nous ne ferons plus de métaphylaxie. Désormais, la baisse de ce type de traitements est significative.

Récemment, nous nous sommes engagés à ne plus prescrire de céphalosporines de 3e et 4e générations et à limiter nos prescriptions de quinolones (pas en 1re intention et toujours après un antibiogramme).

Ces engagements ont été présentés le 8 décembre 2011 à Paris, lors de la journée organisée par l’interprofession. Tous les collèges (aliment, sélection, matériel d’élevage, abattoirs) et les vétérinaires cunicoles (AVCF et SNGTV) ont présenté la Charte interprofessionnelle de bonne maîtrise sanitaire et de bon usage des traitements médicamenteux en élevage cunicole et les accords d’engagement volontaire signés par les confrères de la filière.

Des décisions en appui sur des données réelles

Sylvie Chouët, praticienne porcine à Changé (Mayenne).

La présentation du plan de réduction d’emploi des antibiotiques, le 18 novembre 2011, est la suite logique des diverses communications du gouvernement sur ce sujet. De nombreuses mesures nécessitent encore des précisions pour que leur impact soit réel et logique.

La profession – et, en ce qui me concerne, plus particulièrement les vétérinaires spécialisés en production porcine – a entamé depuis quelques années déjà des actions pour raisonner l’utilisation des antibiotiques.

Durant l’année 2011, des conférences de consensus ont eu lieu, visant à évaluer la possibilité de réduire l’usage de certaines familles d’antibiotiques en élevage porcin, notamment les céphalosporines de 3e et 4e générations. Ce travail de concertation sur les modalités de prescription se poursuivra en 2012 et les outils de mesure mis en place nous permettront d’évaluer l’impact de ces propositions.

En tant que praticienne confrontée quotidiennement à la gestion des affections, je comprends que certaines familles d’antibiotiques puissent être réservées à la médecine humaine, par principe de précaution. Cependant, il est souhaitable que ces décisions soient prises de manière raisonnée et s’appuient sur de réelles données scientifiques, par exemple les travaux de l’Anses. Enfin, un dernier souhait est que ces mesures s’appliquent à l’échelon européen et ne restent pas à l’état d’obligations “franco-françaises”.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr