Chirurgie osseuse : les enseignements du dernier congrès de l’ACVS1

Infection de la cicatrice : pas d’effet des fils imprégnés de triclosan

Sean Etter, étudiant à l’école vétérinaire d’Illinois, a étudié l’intérêt des sutures imprégnées de triclosan dans la réduction de l’inflammation et de l’infection lors de l’ostéotomie de nivellement du plateau tibial. In vitro, le triclosan permet d’inhiber la croissance de Staphylococcus aureus, de S. epidermididis et de E. coli. Au mieux, une infection est susceptible d’impliquer le retrait des implants. Au pire, cela peut entraîner un échec, voire une amputation consécutive à une ostéomyélite. L’intérêt de sutures capables de réduire le taux d’infection peut donc se révéler capital. Sur 283 interventions, certaines sont réalisées avec des sutures classiques (2005-2007). Leurs résultats sont comparés aux opérations effectuées avec des sutures au triclosan (2007-2009). Les auteurs notent un taux d’inflammation de 16 % et d’infection de 9 %. Ces taux ne présentent pas de différence significative selon le type de matériel de suture. La culture révèle la présence de Staphylococcus aureus et de E. coli lors de la pose des sutures imbibées de triclosan, censé empêcher leur croissance.

Radiographie : la position du fémur ne change pas l’angle du plateau tibial

Kavanvir Aulakh, résident à l’école vétérinaire de Virginie, a présenté sa recherche sur la position du fémur lors de la prise du cliché latéral afin de mesurer l’angle du plateau tibial avant une ostéotomie de nivellement de ce dernier. La technique traditionnellement recommandée consiste à placer le tibia et le fémur à 90°. La position du fémur ne modifie pas l’angle du plateau tibial. La superposition des condyles fémoraux reste le facteur critique pour une mesure fiable.

Ligament croisé : opérer précocement, même si la rupture n’est que partielle

Wayne Whitney, chirurgien à Houston (Texas), tire quelques leçons de son expérience en arthroscopie et dans la chirurgie du ligament croisé antérieur.

→ Selon lui, les avantages du grossissement permis par l’arthroscopie sont souvent sous-estimés. Cela est particulièrement bénéfique dans l’évaluation et le traitement des déchirures du ménisque.

→ Certains chirurgiens choisissent de ne pas réaliser d’arthrotomie ou d’arthroscopie lors de rupture partielle du ligament croisé. Notre confrère estime que cela peut être une erreur.

→ L’expérience tirée de l’arthroscopie met en évidence que le traitement précoce d’une rupture partielle du ligament croisé antérieur est primordial. Si le chien répond aux anti-inflammatoires et au repos, le traitement est souvent retardé pendant des semaines, voire des mois. L’arthrose s’installe ainsi que, parfois, une déchirure du ménisque. Pourtant, une rupture partielle du ligament croisé antérieur se transforme en rupture complète dans la majorité des cas. Retarder l’échéance rend le pronostic moins favorable. La principale difficulté consiste donc à être capable de diagnostiquer précocement une rupture partielle.

Intérêt du plasma enrichi en plaquettes

L’utilisation de plasma enrichi en plaquettes suscite à la fois de la curiosité et une controverse. Fredrick Pike, chirurgien au Veterinary Specialty Hospital de San Diego (Californie) en a présenté l’usage dans le traitement des plaies ouvertes. Les plaquettes contiennent divers facteurs de croissance. Parmi elles, les cytokines. En concentrant les plaquettes, le taux de facteurs de croissance augmente, ce qui favoriserait la cicatrisation. Cependant, il existe diverses méthodes de préparation, ce qui entraîne des concentrations et des résultats variables. La préparation consiste en une succession de centrifugation et de filtration. Le résultat final est un liquide, un gel ou une sorte de caillot. Quelle que soit la méthode choisie, il semble primordial de ne pas “activer” les cellules trop tôt et d’attendre que le produit soit en contact avec l’animal.

Les indications proposées pour le plasma enrichi en plaquettes sont les plaies ouvertes, les brûlures (y compris celles liées à la radiothérapie), les tendinopathies (la tendinite du biceps, par exemple) et les non-unions osseuses.

• 1 Le congrès de l’American College of Veterinary Surgeons s’est déroulé du 3 au 5 novembre 2011 à Chicago (Illinois). Le prochain se tiendra du 1^er au 3 novembre 2012 à National Harbor (Maryland, près de Washington DC).