Élevage laitier biologique : trois fois moins de traitements qu’en conventionnel - La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012
La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 06/01/2012

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/BOVINS

Auteur(s) : SERGE TROUILLET*, JÉRÔME PAVIE**

Fonctions :
*chef de projet, unité “agriculture biologique” à l’Institut de l’élevage

Article rédigé d’après le colloque « Questions clés pour réussir mon élevage herbivore en “bio” », au Sommet de l’élevage 2011.

Dans le cadre d’une large étude nationale1, l’Institut de l’élevage a mené une enquête comparative sur la gestion sanitaire des élevages laitiers dans des exploitations conventionnelles et biologiques. Cette étude s’est déroulée entre 2009 et 2011, dans le cadre du programme Casdar2/Cedabio3 qui vise à évaluer les bénéfices du passage d’une agriculture conven­tionnelle à une agriculture biologique pour une exploitation. De nombreux domai­nes de recherche ont été ciblés, dont celui concernant les traitements sanitaires, notamment en élevage laitier.

L’enquête, déployée sur 2009, porte sur une centaine d’exploitations (140 têtes en moyenne) du réseau d’élevages de l’institut, mi-conventionnelles, mi-biologiques, dans la France entière. « Elles ont été recrutées 2 par 2, avec des dimensions structurelles proches dans un même contexte géographique, précise Jérôme Pavie, qui coordonne l’unité “agriculture biologique” de l’institut. Dans chaque couple, l’exploitation conventionnelle correspond à la phase préalable à la situation de l’exploitation biologique à l’issue de la conversion. »

Un recours beaucoup plus fréquent à la médecine alternative en “bio”

La première observation concerne le nombre de traitements, moindre pour l’échantillon biologique. Hors médecines alternatives et fièvre catarrhale ovine – 2009 était à cet égard une année exceptionnelle –, l’écart s’accroît encore : 0,5 traitement par tête et par an versus 1,7 en conventionnel . 3 fois moins ! Toutefois, observation corollaire, les pratiques d’utilisation de la médecine allopathique en système conventionnel sont maîtrisées, comme l’explique Jérôme Pavie : « Il n’y avait aucun problème de gestion du cahier des charges antérieur à 2009, lequel limitait le nombre de traitements allopathiques à 3 par animal et par an. On peut donc se demander pourquoi, depuis le 1er janvier 2009, il a été élargi en permettant dorénavant l’utilisation des vaccinations et des anti­parasitaires sans restriction… »

Concernant la nature des traitements (voir graphique), la distribution est également fort différente d’un échantillon à l’autre. C’est particulièrement net en matière de médecine alternative (homéopathie, phytothérapie, aromathérapie, cures d’oligoéléments, utilisation d’argile, etc.) : 57 % des traitements en biologique, versus 4 % en conventionnel. « Il y a une tentation, chez les éleveurs “bio”, de se tourner vers ces pratiques en substitution, poursuit Jérôme Pavie, du moins en 1re intention des traitements allopathiques classiques : 88 % d’entre eux y ont recours, avec une moyenne annuelle de 75 traitements pour 100 bovins (contre 50 % des conventionnels), avec en moyenne 7 traitements par bovin et par an. »

Moins d’antiparasitaires, d’antibiotiques, quasiment pas de vaccinations en “bio”

Les traitements antiparasitaires, quant à eux, sont limités à 12 % des interventions en biologique au lieu de 36 % en conventionnel. « Avec l’évolution du cahier des charges, souligne Jérôme Pavie, un éleveur conventionnel qui se convertit en biologique pourra conserver ses pratiques, alors que la contrainte, en la matière, a conduit jusque-là les “bio” à imaginer des solutions pour gérer avec parcimonie, donc avec un impact moindre sur l’environnement, cet aspect sanitaire qu’est le parasitisme. » Dans l’échantillon “bio”, si les antibiotiques sont utilisés essentiellement pour les mêmes raisons (lutte contre les infections mammaires, gestion du tarissement), leur consommation est 3 fois moindre que chez les conventionnels. Par ailleurs, la pratique de la vaccination (hors FCO) est quasi nulle en “bio” quand elle représente 14 % des traitements en conventionnel.

Enfin, la différence entre les types d’exploitations s’observe également sur les frais vétérinaires. Certes, ces coûts ne sont pas un bon indicateur de la gestion sanitaire d’un troupeau, tant ils recouvrent des situations différentes liées au nombre de maladies, aux niveaux de soins et de prévention. En “bio”, ils ne sont toutefois que de 30 €/UGB/an, au lieu de 53 € en conventionnel. La productivité étant meilleure pour ces derniers (6 600 l/lactation, contre 5 200 l en “bio”), les ratios se rapprochent en coût par 1 000 litres de lait (14 € versus 9 € en « bio »). « Hors FCO, les coûts sont encore inférieurs (– 5 €/UGB), mais il s’agit là, rappelle Jérôme Pavie, d’exploitations de référence, dont la gestion est optimisée. Quoi qu’il en soit, le passage du conventionnel au “bio” implique une gestion globale différente du troupeau, avec plus de prévention et moins de curatif. »

  • 1 En partenariat avec les chambres d’agriculture, les régions, les départements, l’Inra, la Fnab, VetAgro Sup Clermont-Ferrand, le Pôle AB Massif Central, etc.

  • 2 Fonds du ministère de l’Agriculture.

  • 3 Contributions environnementales et durabilité socio-économique des systèmes d’élevage bovins biologiques.

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