Tout sur la dermatite digitée contagieuse sévère ovine - La Semaine Vétérinaire n° 1475 du 16/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1475 du 16/12/2011

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/OVINS

Auteur(s) : KARIM ADJOU*, MANON LE MAIRE**

Points forts

– L’étiologie de la dermatite digitée contagieuse est mal connue (association avec un tréponème).

– Elle est présente en Grande-Bretagne.

– Sa prévalence peut atteindre 25 % chez les brebis et 15 % chez les agneaux.

– Cette affection se manifeste sous forme d’ulcères, qui progressent sous la muraille et séparent la corne des tissus sous-jacents. Une perte de l’onglon est possible.

– Il n’existe ni traitement spécifique ni vaccin.

Depuis quelques années, une nouvelle affection du pied des ovins est décrite1. Associée à un tréponème, de la famille des spirochètes, similaire à celui de la dermatite digitée bovine, cette maladie a reçu le nom de dermatite digitée contagieuse sévère ou contagious ovine digital dermatitis (CODD). Jusqu’à présent, elle n’est observée qu’en Grande-Bretagne et, peut-être, en Uruguay2. Peu de données relatives à l’épidémiologie de l’affection sont connues, à l’exception de la présence de tréponèmes dans près de 70 % des lésions étudiées (versus 38 % sur les pieds sains) et d’une possible interaction de ces tréponèmes avec Dichelobacter nodosus (présent dans 74 % des lésions analysées versus 31 % sur des pieds sains)3. A. Dhawi et coll.4 ont également mis en évidence qu’un certain nombre de spirochètes sont présents dans les fermes britanniques. Ceux-ci peuvent être aussi bien à l’origine de la dermatite digitée bovine que de la CODD.

La prévalence de l’infection au sein d’un troupeau affecté peut atteindre 25 % des brebis et 15 % des agneaux5. Un travail réalisé en 20056 révèle que la CODD, souvent confondue avec le piétin par les éleveurs, serait à l’origine de 2,4 % des boiteries dans les cheptels étudiés.

Les éleveurs3 observent davantage de cas durant l’été. La majorité d’entre eux rapportent un contact étroit entre leurs ovins et des bovins.

SIGNES CLINIQUES

La présentation clinique diffère de celle du piétin. Les lésions débutent sous forme d’ulcères associés à une perte des poils sur le bourrelet coronaire. Les lésions progressent ensuite sous la muraille, ce qui provoque une séparation de la corne et des tissus mous sous-jacents. Cette dislocation, qui peut être extrêmement rapide, s’étend parfois à l’ensemble de la corne et est à l’origine d’une chute de l’onglon qui met le derme à nu. Les lésions du bourrelet coronaire sont également susceptibles d’être prolifératives, une fois que les ulcères affectent l’onglon. L’espace interdigité n’est jamais atteint. Souvent, un seul onglon sur un seul pied est affecté7. Sur le plan clinique, les ovins présentent une boiterie importante, sans appui, d’apparition aiguë et qui ne répond pas aux traitements habituels chez un nombre important d’animaux.

TRAITEMENT

Comme l’étiologie de l’affection est peu connue, recommander des traitements ou des mesures de prévention spécifiques est difficile. Néanmoins, en l’absence de soins, des dommages irréversibles de l’onglon apparaissent et la repousse de la corne affectée est anormale (forme, consistance, solidité). Parfois, l’onglon ne repousse pas. A.C.Winter décrit des agneaux au « pied d’éléphant », gonflé, rouge et sans onglon.

Les traitements et les molécules recommandées dans le cas du piétin ont prouvé leur inefficacité face à cette affection. Davantage de succès sont rapportés via l’utilisation de pédiluves antibiotiques ou d’antibiotiques locaux, tels que la tylosine ou l’association de lincomycine et de spectomycine utilisées régulièrement, à plusieurs jours d’intervalle à la dose de 1 g pour 2 l d’eau. La tilmicosine (300 mg/ml) peut également être administrée par voie parentérale (1 ml pour 30 kg en une fois)8. L’utilisation de pédiluves de sulfate de zinc (voir photo) présente des résultats variables : succès dans certains cas, peu de bénéfices dans d’autres. Enfin, certains auteurs recommandent l’amputation lorsque le traitement échoue, quand l’affection devient chronique ou lorsque l’animal souffre trop.

PRÉVENTION

Afin de prévenir l’affection dans les élevages indemnes, des règles de sécurité sanitaire sont à instaurer et à respecter (quarantaine, nettoyages, désinfections, etc.). AC. Winter8 insiste sur l’importance d’une quarantaine de 4 semaines au minimum, aussi bien pour la CODD que pour le piétin ou pour toutes les autres affections qu’un ovin étranger pourrait introduire dans le cheptel. Durant cette quarantaine, les pieds des animaux sont à examiner. Il est préférable de faire passer les ovins dans un pédiluve avant de les intégrer au troupeau. Enfin, en cas de voisinage infecté, il convient d’arrêter les pâturages communs et de clôturer les prés afin d’empêcher tout contact des animaux entre eux. Actuellement, aucun vaccin n’est disponible pour lutter contre cette affection.

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