L’IRD présente les coulisses de la recherche sur CaniLeish®

Le vaccin CaniLeish® (Virbac) est commercialisé en France depuis quelques mois, pour des chiens sains séronégatifs. « Les leishmanies, en contournant la première ligne de défense cellulaire, sont capables de déjouer le système immunitaire et de l’utiliser en leur faveur », a expliqué Jean-Loup Lemesre, chercheur à l’IRD, à l’initiative de la recherche sur ce vaccin.

Pour mettre à jour ce mécanisme, le laboratoire a inventé, en 1993, un procédé de culture in vitro (breveté) qui lui a permis de reproduire les principales étapes du cycle de vie des leishmanies et d’accéder ainsi, pour la première fois, aux AES (antigènes d’excrétion/ sécrétion) parasitaires (promastigotes et amastigotes). « Ce milieu a permis, dans un premier temps, la production d’antigènes utilisés pour le diagnostic rapide de la leishmaniose canine (le test Speed Leish) », a rappelé le chercheur. Le vaccin, qui a nécessité 12 ans de recherches, réduit par 4 le risque de développer une maladie clinique, avec un taux de protection de 93 % en zone d’endémie. « Il induit une immunité durable par amélioration cellulaire (lymphocyte T) et polarise cette immunité vers une voie de type TH1 qui active les fonctions leishmanicides », a expliqué Jean-Loup Lemesre. L’étude, en double aveugle, a été randomisée (validée) et contrôlée à l’Institut Bourgelat au sein de l’école de Lyon, puis pendant 2 ans et demi (soit 2 saisons de transmission) chez 414 chiens recrutés dans 18 cliniques du sud de la France, une région où la prévalence atteint 3 à 4 %. « En 2008, le laboratoire Virbac a testé le produit sur 80 chiens en Italie et en Espagne dans des régions où l’incidence est de 25 % », a commenté le chercheur. Mêmes résultats.

Des essais à titre curatif sont par ailleurs en cours, menés par Virbac. Une vétérinaire héraultaise, qui a participé aux essais cliniques, s’interroge toutefois. « La leishmaniose est une parasitose qui ne s’exprime pas comme un virus. En la testant 2 ans, on ne peut assurer des résultats définitifs. Ce vaccin n’est probablement qu’un plus ajouté au “panier” de la protection », a ajouté la praticienne.

Des essais en cours chez l’homme

Quant à l’utiliser chez l’homme, les recherches n’en sont qu’aux prémices. L’IRD aurait obtenu des résultats convaincants sur des cellules humaines et envisagerait un essai clinique. La phase I est prévue en juillet 2012.

750 millions de personnes sont exposées dans le monde à la maladie et, chaque année, 16 millions sont infectées, provoquant 60 000 décès. « La leishmaniose humaine est un problème de santé publique, notamment par sa forme viscérale dans des zones intertropicales. Or cette infection émerge vers le nord, sur le pourtour méditerranéen, et s’intensifie en France », a constaté le chercheur. D’où l’intérêt pour la recherche, sans doute, d’avancer un peu plus vite.

• 1 Institut de recherche pour le développement.