Améliorer le bien-être du poulet par la sélection génétique - La Semaine Vétérinaire n° 1474 du 09/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1474 du 09/12/2011

Formation

PRODUCTIONS ANIMALES/VOLAILLES

Auteur(s) : CECILE ARNOULD*, LORENZA RICHARD**

Fonctions :
*Inra, UMR85, Nouzilly (Indre-et-Loire). Article rédigé d’après la conférence « Génétique et bien-être des poulets de chair et des reproducteurs », présentée lors des 9e Journées de la recherche avicole, à Tours, en mars dernier.

Points forts

– La sélection génétique en vue d’une croissance rapide affecte le bien-être des poulets de chair (troubles de santé) et des reproducteurs (restriction alimentaire imposée).

– La sélection de génotypes adaptés aux environnements d’élevage et la diminution de la vitesse de croissance sont à l’étude.

Selon un rapport de la Commission européenne de 2000, la sélection génétique des poulets de chair pour que les animaux croissent rapidement et les restrictions alimentaires des reproducteurs sont à l’origine de nombreux problèmes de bien-être.

En 2010, l’Efsa1 a émis 2 avis consécutifs à une expertise scientifique relative à « l’impact de la génétique sur le bien-être et la résistance au stress du poulet de chair » et à « l’impact du management et du logement sur le bien-être des reproducteurs ». Ces avis font suite à la demande de la directive 2007/43/CE sur la protection des poulets de chair.

LIEN GÉNÉTIQUE ET BIEN-ÊTRE

Dans les années 50, 120 jours d’élevage étaient nécessaires afin d’obtenir un poulet de 1,5 kg. Aujourd’hui, ce poids est atteint en 20 jours seulement. Parallèlement, l’indice de consommation des animaux est passé de 4,4 à 1,47. La sélection génétique en vue d’obtenir des poulets à croissance rapide génère des désordres musculo-squelettiques (boiteries) et métaboliques (ascite et syndrome de mort subite). Une étude2 montre que, dès l’âge de 3 jours, les volatiles marchent 2 fois moins que ceux à croissance lente. Une autre étude3 met en évidence que les boiteries d’un score4 3 (très visible) à 5 (impossibilité de déplacement) sont observées chez 28 % des poulets à croissance rapide. La faible activité semble due à la prise de poids et au manque de motivation de ces animaux, qui souffrent également davantage de pododermatites et de dermites des tarses que les autres.

La sélection génétique doit prendre en compte ces éléments et contribuer à diminuer, à l’avenir, la proportion d’oiseaux atteints de dermatites de contact (caractère modérément héritable) et de ceux souffrants de boiteries sévères (les varus-valgus et les dyschondroplasies tibiales sont les caractères les plus héritables). Les génotypes peuvent aussi être sélectionnés selon leur tolérance à la chaleur pour éviter les stress thermiques.

Une piste de recherche concerne l’étude des interactions entre le génotype et l’environnement, afin de sélectionner les lignées les plus adaptées à leurs futures conditions d’élevage ou adaptables à différents milieux. L’objectif est de leur garantir un bon niveau de bien-être, ce qui passe aussi par la conservation d’une certaine diversité génétique.

RESTRICTIONS DES REPRODUCTEURS

Chez les reproducteurs, les recommandations du rapport européen concernent le remplacement des cages conventionnelles par des cages aménagées (avec, notamment, une surface plus grande), l’étude de l’utilité réelle du recours aux mutilations ainsi que l’évolution dans le temps des problèmes locomoteurs et métaboliques.

La restriction alimentaire, qui évite le surpoids des reproducteurs à croissance rapide, est aussi à reconsidérer. Les animaux consomment 25 à 33 % de la ration alimentaire jusqu’au début de la ponte, puis 40 à 80 % jusqu’au pic de ponte (ils reçoivent alors 80 %). Une étude5 révèle que la fertilité est basse, que les problèmes métaboliques sont importants et que la mortalité s’élève à 40 % (tandis qu’elle est de 6 % chez celles qui font l’objet de restrictions) chez les volailles non restreintes.

Toutefois, la ration journalière est ingérée en 15 minutes en moyenne, et les oiseaux souffrent de faim chronique. Ils manifestent des signes de frustration : ils boivent, déambulent et présentent des comportements agressifs. Les souches naines, à croissance moins rapide et qui requièrent moins de restrictions alimentaires, expriment moins ces signes.

La recherche doit donc porter sur l’étude de l’impact de la vitesse de croissance sur le bien-être et les performances des reproducteurs et sur la sélection de génotypes, qui nécessitent moins de restriction alimentaire et expriment moins les comportements agressifs.

CONCLUSIONS

Les caractères du bien-être sont à intégrer en sélection. Les pratiques doivent évoluer, en prenant en compte une diminution de la vitesse de croissance en particulier. La démarche peut être volontaire ou imposée. Les pertes qui résultent de ces pratiques pourraient être compensées (au moins partiellement) par une diminution du taux de mortalité, une meilleure production et une meilleure image du produit vis-à-vis du consommateur.

  • 1 European Food Safety Authority.

  • 2 Bizeray D, Leterrier C, Constantin P et coll. : « Early locomotor behaviour in genetic stocks of chickens with different growth rates  », Applied Animal Behaviour Science, 2000 ; 68(3): 231-242.

  • 3 Knowles TG, Kestin SC, Haslam SM et coll. : « Leg Disorders in Broiler Chickens : Prevalence, Risk Factors and Prevention », 2008, PloS One, 3:e1545.

  • 4 Système de notation Bristol à 6 points : Kestin SC, Knowles TG, Tinch AE et coll. : « Prevalence of leg weakness in broiler chickens and its relationship with genotype  », Vet. Rec. 1992;131:190–194.

  • 5 Heck A, Onagbesan O, Kokou T et coll. : « Effect of ad libitum feeding on different strains of broiler breeders  », British Poultr7y Science, 2004 ; 45:695–703.

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