Qu’a représenté pour vous Vet 2011, l’année mondiale vétérinaire ?

Un événement en décalage avec notre quotidien

Éric Chevanne, raticien mixte à Plessala (Côtes-d’Armor).

Les événements de type “journée” ou “semaine mondiale” sont habituellement consacrés à la défense des espèces en voie de disparition… Notre profession en ferait-elle donc partie ?

Plus sérieusement, je pense que les commémorations organisées autour de l’année mondiale vétérinaire sont en total décalage avec notre travail au quotidien en pratique rurale. Elles visent à mettre en lumière notre profession, déjà admirée par de nombreux jeunes qui se sacrifient presque pour décrocher leur diplôme. Je leur souhaite bon courage. Car parvenu en fin de carrière, j’ai connu par le passé des heures plus glorieuses pour notre profession. Désormais, la pratique libérale me semble en sursis : la profession risque d’en perdre et son âme, et son indépendance.

Sans doute suis-je de la vieille école, et quelque peu blasé. Cependant, je reste dubitatif devant les effets de manche et les félicitations auto-adressées qui animent nos représentants lors des cérémonies estampillées Vet 2011. Loin de moi l’idée de ne faire que critiquer leurs initiatives : ils restent les moteurs de notre profession. Mais le décalage avec la réalité du terrain me désole un peu. J’espère me tromper, et que les nouvelles générations de diplômés s’épanouiront autant que moi dans le métier de vétérinaire.

Une occasion manquée

Thierry Grisard, praticien équin à Neyron (Ain).

La communication en France autour de l’année mondiale vétérinaire a été bien discrète. L’événement a donc été peu suivi. J’ai lu bien davantage d’informations sur le sujet dans les revues professionnelles anglo-saxonnes que françaises. Ni nos représentants ni les laboratoires pharmaceutiques ne semblent avoir dépensé beaucoup de moyens et d’énergie pour faire vivre Vet 2011.

Je n’ai pas vu non plus de communication marquante auprès du grand public, y compris à Lyon qui est tout de même le berceau de la profession. Quelques affiches au moins auraient pu signaler cet anniversaire. Des événements spécifiques auraient pu être organisés pour les enfants, dans les établissements scolaires. Par conséquent, je n’ai pas senti d’engouement particulier pour notre profession cette année. Nous n’avons pas reçu plus de demandes de stages que d’habitude. C’est dommage. Les 250 ans de la profession méritaient sans doute davantage.

La seule célébration de l’année mondiale vétérinaire que j’ai vécue a été le tableau du spectacle du Cadre noir de Saumur, présenté dans le cadre du salon du cheval Equita Lyon à la fin du mois d’octobre. Le thème a généré de la nouveauté. Il a également été bien décliné sur le pôle santé du salon. Cependant, les praticiens locaux n’ont pas été associés à la préparation.

Un excellent retentissement mondial

Christian Rondeau, président de Vet 2011 France.

Vet 2011 a suscité une forte implication des vétérinaires dans le monde. 131 pays y ont adhéré et 450 événements ont été organisés sous son égide. La France a accueilli 2 manifestations majeures : la cérémonie d’ouverture en début d’année à Versailles, honorée par la présence des dirigeants de l’OIE, l’OMS et de la FAO, et la conférence mondiale sur l’enseignement vétérinaire en mai à Lyon.

Sur le plan national, Vet 2011 était présent sur tous les congrès et les salons professionnels (en particulier le Salon de l’agriculture à Paris). Une exposition a été organisée par le service de santé des armées au Val-de-Grâce. De multiples actions commémoratives ont été menées, notamment autour du père de la profession vétérinaire, Claude Bourgelat, avec une exposition en son honneur, la rénovation de sa statue à Maisons-Alfort et l’édition de timbres à son effigie.

Une campagne institutionnelle auprès du grand public a également mis en valeur les atouts de notre métier. Les visiteurs du prochain congrès Afvac/Avef/SNVEL dans quelques jours pourront admirer les affiches encore placardées dans le métro de Lyon. Vet 2011 a particulièrement suscité l’intérêt des médias télévisuels, qui ont multiplié les documentaires et les reportages sur notre profession.

L’année mondiale vétérinaire était l’occasion de développer le concept One Health, qui rend aux vétérinaires la place qu’ils méritent dans le domaine de la santé. J’ai le sentiment que les praticiens français n’en ont pas saisi l’enjeu et ont manqué de motivation, malgré les actions entreprises. Vet 2011 a eu un excellent retentissement mondial, malheureusement resté à bas bruit en France.