La physiothérapie, une discipline encore confidentielle - La Semaine Vétérinaire n° 1473 du 02/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1473 du 02/12/2011

Dossier

Auteur(s) : AGNÈS FAESSEL

La rééducation fonctionnelle a de multiples indications chez l’animal. Elle semble séduire les propriétaires, mais pas encore la profession. En France en tout cas. Les quelques dizaines de confrères qui la pratiquent s’organisent pour mieux faire connaître les bénéfices de leurs soins.

Diverses techniques de physiothérapie sont à la portée des vétérinaires, au premier rang desquelles les méthodes manuelles. Les massages sont les gestes de base du physiothérapeute, et la première étape de toute séance.

Selon l’Annuaire Roy, moins de 50 vétérinaires pratiquent la physiothérapie en France. On ne parle d’ailleurs pas de physiothérapie (qui est le terme anglo-saxon), mais de rééducation fonctionnelle ou de kinésithérapie. Cette diversité de terminologie traduit le flou dans lequel se trouve aujourd’hui la discipline. En l’absence de formation diplômante, ses contours sont mal définis et elle n’est pas reconnue, à ce jour, comme un champ d’activités réservé aux vétérinaires. Un enjeu de taille pour éviter sa dispersion et une qualité de soins non maîtrisée.

RÉÉDUCATION ORTHOPÉDIQUE, MAIS PAS SEULEMENT

La discipline souffre aussi directement d’un man­que de reconnaissance au sein de la profession. Peu de vétérinaires réfèrent leurs clients vers des confrères qui pratiquent la kinésithérapie. Les indications des soins de physiothérapie sont pourtant multiples. La première est la réhabilitation fonctionnelle chez les animaux qui souffrent de troubles locomoteurs, d’origine neurologique ou musculo-squelettique, après une intervention chirurgicale en particulier, mais aussi lors d’affection des tendons, d’arthrose, etc. La deuxième grande indication rejoint la gériatrie, avec la prise en charge de la douleur et l’amélioration de la mobilité des sujets âgés, en vue d’augmenter leur bien-être. Enfin, la physiothérapie s’adresse aux animaux de sport et de travail, dans un objectif de préparation ou de récupération.

Les espèces concernées sont avant tout les chevaux, pour lesquels cette discipline est la plus développée. Viennent ensuite les chiens et les chats, exceptionnellement les NAC (lapin, furet). Selon l’affection et l’objectif, diverses techniques sont à la portée du physiothérapeute (voir tableau p. 40). En règle géné­rale, une séance comprend 3 temps : massages, soins ciblés qui font appel à des agents physiques (température, électricité, ondes, lumière, etc.) et exercices de mobilisation active et/ou passive. Aucune technique n’est invasive.

UNE VÉRITABLE ATTENTE DES PROPRIÉTAIRES

Le recours à la physiothérapie est courant dans de nombreux pays (territoires anglo-saxons, Allemagne, Espagne). Une rééducation fonctionnelle y est presque systématiquement proposée dans le cadre des soins postopératoires lors de chirurgie orthopédique ou neurologique. Les praticiens canins français y sont aujourd’hui peu sensibilisés. En créant leur association (l’Afvephyr, voir encadré ci-dessous et interview en page 42), les vétérinaires physiothérapeutes entendent bien améliorer la notoriété de leur discipline au sein de la profession. Ils ressentent en effet une réelle demande de la part des propriétaires, qui s’adressent souvent spontanément à eux. Il est vrai qu’en santé humaine, la rééducation fonctionnelle postchirurgicale et les soins de kinésithérapie lors de troubles locomoteurs sont couramment prescrits par les médecins. Leur animal ne mérite pas moins…

UN TRAVAIL DE COOPÉRATION

Certains confrères exercent la discipline de manière exclusive, en tant que consultants itinérants ou, plus souvent, au sein d’une structure de référés. Adossé à un service spécialisé de chirurgie orthopédique ou de neurologie, le centre de physiothérapie bénéficie naturellement d’une clientèle interne. En revanche, les vétérinaires généralistes qui développent un service de rééducation fonctionnelle doivent être en mesure de s’appuyer sur une clientèle référée. Ils se heurtent à plusieurs freins, au rang desquels leur répartition, qui peut obliger le propriétaire à parcourir de grandes distances pour faire soigner son animal. Le coût des soins s’ajoute aussi souvent à une intervention déjà onéreuse. Enfin, les vétérinaires ont parfois du mal à conseiller une thérapie dont ils ne maîtrisent pas le contenu : chaque programme est établi individuellement, selon l’animal et son affection, et évolue dans le temps en fonction de la réponse au traitement et de l’implication du propriétaire. Dans tous les cas, une première consultation (1 heure au minimum) permet d’évaluer la situation et de planifier les séances. Ensuite, « c’est un véritable travail d’équipe, explique Cyril Mayer, praticien à Chelles (Seine-et-Marne), entre le vétérinaire rééducateur, le praticien référent, d’éventuels intervenants, tels que le vétérinaire ostéopathe, et le propriétaire ».

UN SEUIL DE RENTABILITÉ DIFFICILE À ATTEINDRE

Outre la formation, débuter une activité de rééducation fonctionnelle nécessite un minimum d’inves­tissement. Les accessoires et les appareils de base ont un prix raisonnable. La cryothérapie et la thermothérapie sont ainsi facilement accessibles. Toutefois, certains équipements sont coûteux, parfois encombrants, à l’image du tapis de marche immergé utilisé en balnéothérapie. « Un tel investissement ne peut se rentabiliser que si la discipline évolue, reconnaît Cyril Mayer. Aujourd’hui, ce service est d’abord développé par motivation personnelle. Notre meilleure publicité provient des clients satisfaits. »

L’AFVEPHYR

L’Association française des vétérinaires exerçant en physiothérapie et rééducation fonctionnelle a été créée en avril 2011.

→ Bureau : Agnès Laget : présidente ; Philippe Labarthe : vice-président ; Cyril Mayer : trésorier ; Évelyne Bicker : trésorière-adjointe ; Germinal Petit-Etienne : secrétaire ; Nathalie Prat : secrétaire adjointe.

→ Contact : Livinhac, 43200 Yssingeaux

Tél . 06 09 87 80 90 (Agnès Laget).

CAS CLINIQUE

Une chatte de race persan, âgée de 3 mois, est tombée du 3e étage. Elle présente une paraplégie, provoquée par une fracture vertébrale parcellaire (T13) associée à une compression médullaire ventrale. Elle a subi une hémilaminectomie. Elle manifeste cependant une absence de motricité des membres postérieurs avec perte de la proprioception sur les 2 pattes. Les réflexes patellaires sont normaux. Un réflexe de retrait, un réflexe anal et une nociception profonde sont présents.

→ Lors de la 1re séance de rééducation (15 jours postchirurgie), l’animal a retrouvé des réflexes de marche. Ceux-ci sont néanmoins fortement diminués. Sur les 2 membres postérieurs, la proprioception est réapparue (faiblement). La sensibilité cutanée est bonne sur le tronc et les 2 postérieurs. L’amyotrophie est très marquée sur le muscle erector spinae et sur l’ensemble des postérieurs. Des séances de massages, des stimulations sensitives des réflexes du tronc, des postérieurs et du périnée, ainsi que des mobilisations passives et actives sont mises en place.

→ Après 15 jours, la chatte peut commencer les exercices de motricité (marche sur ballon) et proprioceptifs (retrait de patte, planche proprioceptive).

→ Après 1 mois, l’animal effectue une vingtaine de pas seule. La chatte supporte bien les massages et les stimulations diverses. Il est donc décidé de commencer un travail de renforcement musculaire sur l’erector spinae et les biceps fémoraux, à l’aide d’électrostimulation. Le positionnement des électrodes est, dans ce cas, gêné par la petite taille de l’animal. Les séances d’électrostimulation doivent être assez courtes afin de ne pas épuiser sa patience.

→ Aujourd’hui, la rééducation se poursuit, avec des exercices plus ardus : passage d’obstacles, marche sur des terrains variés (coussins durs et mous, carrelage, sable), jeu de poursuite de jouets.

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