À L’ÉCOLE DES CHIENS DE DOUARNENEZ DANS LE FINISTÈRE - La Semaine Vétérinaire n° 1473 du 02/12/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1473 du 02/12/2011

Reportage

Auteur(s) : AGNÈS FAESSEL

Michèle Jeanmart (Liège 78), ancienne praticienne, enseigne à ses clients une éducation « amicale et positive » pour prévenir ou surmonter les troubles du comportement canin.

Les habitués des Plomarc’h, écrins de verdure plongeant dans la baie de Douarnenez (Finistère), ne s’en étonnent plus : des meutes de chiens investissent régulièrement les lieux, sous l’œil de leurs maîtres. C’est ici, en effet, que Michèle Jeanmart conduit les élèves de son école des chiens pour s’exercer à marcher au pied dans les sentiers, ou à revenir vers leurs maîtres après avoir été (certains pour la première fois) lâchés en liberté dans un champ.

Avant de prendre l’air, les maîtres et leurs compagnons se sont initiés aux ordres de base : s’asseoir, s’allonger, se relever, rester immobile. Rien ne leur interdira ensuite de s’adonner à l’agility (le franchissement d’obstacles) ou encore à l’obéissance rythmée (la danse). « Il n’y a pas de limite aux apprentissages », affirme Michèle Jeanmart, qui a fondé cette école en 2007, après 20 ans d’exercice vétérinaire.

Un fox-terrier collaborateur

Cette “éducatrice comportementaliste” propose l’apprentissage par leurre-récompense ou par clicker. Avec une préférence pour le second : le maître presse ce gadget sonore quand le chien adopte la bonne position, puis lui offre une friandise. Très vite, l’animal associe le bruit du clicker à la récompense. « Il lui faut comprendre que c’est lui, en accomplissant l’acte souhaité, qui déclenche le clic, donc la friandise. Il doit se concentrer, réfléchir, canaliser son énergie. » L’éducation, « principal outil de prévention des problèmes de comportement », se veut « amicale et positive ».

La venue de certains chiens est motivée par un souci de comportement (agressivité, destruction de matériel, aboiements, malpropreté, peur, fugue, etc.). Lors d’une première séance, ces “élèves” bénéficient d’un bilan de comportement. Michèle Jeanmart, qui a suivi la formation interécoles sur cet aspect, se renseigne (parfois à domicile) sur la vie du chien, sa place dans la maison, ses relations avec ses maîtres, ses repas, etc. Elle se fie aussi aux attitudes de Bingo, son fox-terrier, par rapport aux “élèves”. Par exemple, « il apprend aux jeunes à le respecter. Si le chien est équilibré, il le comprend et l’accepte, et petit à petit ils peuvent se mettre à jouer  », explique Michèle Jeanmart. Ce recours à des adultes est également pratiqué par Anne-Marie Villars dans son école des chiots, en Suisse.

Dialogue avec les vétérinaires

L’éducatrice parle de ses “élèves” en évoquant les chiens. Mais le terme pourrait aussi désigner les maîtres, à qui elle conseille des changements d’habitudes et de communication. Par exemple, en proposant une plus grande activité au chien, ou en ne le tenant pas à l’écart des lieux de vie humains ou de ses congénères. « Ma chienne était agressive à 3 mois, se souvient une cliente. Nous lui avons fixé des limites, lui interdisant l’accès au canapé et aux lits. Nous avons aussi arrêté de jouer avec elle à un jeu de mordant. » Elle regrette de ne pas avoir reçu, au moment de l’adoption, « un petit livret avec des conseils basiques ». Un manque d’astuces concrètes qu’entend combler Michèle Jeanmart.

En outre, elle invite ses anciens confrères à un dialogue « gagnant-gagnant » avec les éducateurs. « Je les renseigne sur le comportement du chien, dit-elle. Nous pouvons aussi parler d’un problème organique, je peux leur conseiller une castration ou peut-être éviter une euthanasie. »

De leur côté, des vétérinaires lui adressent des “élèves”. à l’image de Stéphanie Rabre, de Pont-Croix : « Quand un chien reprend de mauvaises habitudes et que ses maîtres ont lâché prise, je conseille un séjour à l’école. Je peux aussi, grâce aux résumés des entretiens réalisés là-bas, insister sur certains points auprès des propriétaires, à l’occasion des vaccinations. Michèle Jeanmart, qui présente l’avantage d’être vétérinaire, dispose de plus de temps que nous pour le suivi (très chronophage) du comportement. Et, comme éducatrice, elle a une relation plus complice avec les maîtres qui, en cas de problème, hésitent moins à se confier à elle. »

PEU DE MATÉRIEL NÉCESSAIRE

Michèle Jeanmart a installé son école au rez-de-chaussée de sa maison. « Je ne vends que ma matière grise et quelques objets. » Elle ne peut plus prescrire de médicaments psychotropes et s’en réjouit, déplorant entre autres le risque « d’exonérer les maîtres de chercher à comprendre et de s’investir » en cas de comportement canin gênant.

Le bilan comportemental coûte 48 € de l’heure, le cours particulier 32 €, la séance collective 16 €.

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