« Isovet compte à ce jour 800 adhérents » - La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011

Entretien avec Pierre Buisson (SNVEL)

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Auteur(s) : MARINE NEVEUX

Pierre Buisson, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, répond à nos questions sur le plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire.

La Semaine Vétérinaire : Quelle est votre position sur le plan “antibiorésistance” et comment pensez-vous aider les vétérinaires à s’y adapter ?

Pierre Buisson : Les nouveaux antibiotiques sont à réserver à la médecine humaine, le SNVEL a toujours défendu cette position. Même pour la réserve hospitalière, certains antibiotiques avaient été réclamés par les praticiens équins et les dermatologues, mais nous n’avions pas soutenu ces demandes, estimant que certains médicaments devaient être réservés à l’usage humain.

En outre, c’est au gouvernement de prendre ses responsabilités. Il existe des outils de maîtrise de l’antibiorésistance, en particulier des statistiques. Pour que les vétérinaires soient en mesure d’analyser la situation, il faut qu’ils puissent se comparer au niveau de leurs pratiques, de leurs usages, etc. Ces statistiques nous paraissent incontournables. On ne peut pas demander à une profession de s’améliorer si elle ne sait pas précisément où elle en est.

Concernant les aliments médicamenteux, j’estime qu’il s’agit d’une pratique incompréhensible par les professionnels de la santé humaine et souvent abusive. Ils amènent à une majoration de la consommation (favorisée aussi par l’unicité de la chaîne de distribution). Or c’est un marché où le découplage existe de fait, puisque le vétérinaire n’est que prescripteur, c’est le fabricant d’aliments qui délivre. Cela n’influe pas, hélas, sur le niveau de l’utilisation.

La S. V. : Approuvez-vous la décision du gouvernement d’interdire, à travers le plan “antibiorésistance”, les contrats de coopération commerciale entre les vétérinaires et les laboratoires, et les remises sur les objectifs d’achat ?

P. B. : Je retiens une différence d’analyse majeure avec votre affirmation : ce plan est celui proposé par une administration au gouvernement, l’adéquation au plan miroir de la Direction générale de la santé et la traduction politique sont à venir. En outre, une étude de faisabilité sera initiée par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER). Nous avons donc devant nous un cycle long, ce processus garantit d’ailleurs une concertation productive.

L’adhésion des prescripteurs à l’objectif, au-delà des mesures prévues, est indispensable au succès de ce plan.

En outre, le gouvernement, via le ministre de la Santé Xavier Bertrand, concernant le médicament humain, ne veut pas aller au-delà d’un encadrement des contrats et des remises. Il ne souhaite pas supprimer la négociation commerciale.

Nous sommes conscients que les contrats d’achats avec des objectifs en volume ne sont pas compatibles avec le bon usage des antibiotiques. Mais sur un dossier aussi critique, il n’est pas utile de jouer avec la peur des confrères, alors qu’une phase de réflexion débute. Au contraire, nous avons anticipé cette problématique en initiant Isovet, dont le fonctionnement permet d’exonérer chaque adhérent d’objectifs personnels de volumes d’achats. Les mesures de ce plan sont dans la continuité de la journée de l’Anses de l’an passé sur cette thématique, au cours de laquelle le directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), Jean-Pierre Orand, demandait déjà pour les antibiotiques l’encadrement des remises arrière.

La S. V. : Quel est le devenir à court et moyen termes d’Isovet après l’annonce de ces prochaines interdictions ?

P. B. : À court terme, il n’y a pas de changements réglementaires ou législatifs à l’horizon 2012. Isovet anticipe des changements, dont ceux sur les antibiotiques, mais cela ne concerne que 20 % du marché du médicament vétérinaire. Nous pensons qu’Isovet est un outil important pour la profession et pour le médicament vétérinaire (pharmacovigilance, traçabilité, etc.).

Isovet compte à ce jour 800 adhérents. Cet échantillon est représentatif du profil de la profession, avec un taux d’associations de 1,6 et une répartition par secteurs d’activité identique à la moyenne nationale.

Il n’y a pas de différence de traitement entre les vétérinaires syndiqués ou non syndiqués. Ces derniers représentent aujourd’hui 50 % des adhérents d’Isovet. Isovet est une émanation du SNVEL au service de toute la profession. À moyen terme, son statut juridique (actuellement en société par actions simplifiée) sera revu si besoin, avec de nouveau la proposition de faire entrer les centrales d’achats, même si elles ont, au printemps dernier, décliné notre offre. Les personnes qui le souhaitent pourront aussi prendre des parts dans cette SAS. Il y a un enjeu politique et nous changerons l’organisation si cela est nécessaire à cet enjeu.

La S. V. : Le SNVEL souhaite réduire les remises arrière et les répartir sur l’ensemble des vétérinaires. Cela ne revient-il pas à créer une sorte de prix unique du médicament, qui ne pourrait qu’être jugé contraire au Code du commerce ?

P. B. : Avec Isovet, nous n’intervenons pas sur la fixation du prix. Nous aidons les confrères à acheter, mais pas directement à vendre. Donc nous n’interférons pas avec les questions de libre concurrence. Nous n’avons pas à fixer un prix public.

Notre proposition est une voie différente de celle qui consistait à proposer un prix unique de vente des antibiotiques. Nous allons dans le sens d’un prix unique d’achat des antibiotiques, quels que soient les volumes achetés. Les contrats fondés sur des clauses qualitatives et non quantitatives demeureront légaux, y compris pour les antibiotiques. Il n’existe actuellement pas d’autre alternative qu’Isovet pour la mise en place, chez les vétérinaires, de dispositions contractuelles non fondées sur les volumes.

Nous nous sommes impliqués dans ce dossier en raison du défaut des autres acteurs dans cette nécessaire régulation.

La S. V. : Pour vous, la délivrance des médicaments vétérinaires est-elle menacée ?

P. B. : La question du découplage n’est pas reprise dans le plan national, ni dans le plan communautaire. La menace est toujours là, mais elle n’est pas contenue dans les effets d’annonce de ces derniers jours. En outre, l’affaire du Mediator(r) montre, au contraire, que le découplage n’a apporté aucune garantie. À l’opposé, le fait que ce soit le même professionnel qui assure la prescription et la délivrance est un facteur de responsabilisation et de sécurité.

Le SNVEL souhaite préserver la ressource du médicament pour les vétérinaires. La délivrance est indispensable à la profession. Rappelons au passage qu’elle est plébiscitée par les usagers.

La S. V. : Les comptes d’Isovet et la rémunération de ses acteurs seront-ils diffusés ?

P. B. : Isovet ne rapporte rien à ses promoteurs. Le delta prélevé sur les achats des vétérinaires équilibrera les contreparties fournies pour les vétérinaires. Ces résultats seront publiés chaque année dans La Dépêche Vétérinaire.

La S. V. : Êtes-vous confiant sur l’avenir de la distribution des puces électroniques et la gestion des fichiers canins et félins par la Société d’identification électronique vétérinaire (Siev) ?

P. B. : Le tatouage est en déclin depuis plusieurs années, il est aujourd’hui en dessous des 20 %. Nous restons moteur dans le processus de rapprochement avec la Société centrale canine (SCC). Le gouvernement a désigné un médiateur pour revoir le système d’identification des carnivores domestiques et de fusion des sociétés concernées.

Nous sommes heureux de voir que la question arrive à terme. Nous avons bon espoir que, d’ici à la fin de l’année, des solutions concrètes apparaissent enfin.

Nous n’avons pas de volonté d’engloutir la SCC ni de faire à sa place son métier de génétique et de filière. Elle reste incontournable.

La S. V. : La Société d’actions et de promotions vétérinaire (SAPV) et la Siev s’articulent avec le SNVEL. Quelle est leur importance dans les comptes du syndicat ? Quelle est la rémunération du président de la Siev et du SNVEL ?

P. B. : La Siev est sous tutelle de l’Etat. Le SNVEL agit en délégation de service public. Il n’y a pas de remontées de dividendes de la Siev vers le SNVEL qui financeraient les actions politiques syndicales. Si des excédents sont constatés, ils sont consacrés à la modernisation des outils de gestion du fichier ou à la promotion de l’identification. C’est ainsi qu’il y aura prochainement une campagne de communication en faveur de l’identification des chats.

La SAPV est une société commerciale comme une autre. Elle dégage une marge de 250 000 € par an qui est réintégrée dans l’activité syndicale, ce qui garantit l’indépendance du SNVEL vis-à-vis de structures bienfaitrices, commerciales ou non.

La rémunération des présidents est calculée en AMO sur une indemnisation forfaitaire identique à celle des administrateurs, selon le temps passé.

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