Applications de l’OCT pour l’examen du segment postérieur de l’œil - La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1472 du 25/11/2011

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : SERGE ROSOLEN*, SERGE ROSOLEN**

Fonctions :
*spécialiste en ophtalmologie, praticien à Asnières (Hauts-de-Seine).

La tomographie en cohérence optique (OCT) et ses applications pour l’examen du segment antérieur étaient présentées dans un précédent article1. La technique, de plus en plus performante, s’intègre aujourd’hui dans une lampe à fente équipée d’un rétinographe, ce qui permet l’exploration du segment postérieur.

LA TECHNIQUE

L’OCT, technique d’imagerie non-invasive, permet d’obtenir in vivo des images en coupe optique des segments antérieur et postérieur de l’œil. Elle peut être considérée comme un échographe haute résolution dans lequel la lumière cohérente remplace les ultrasons. Les premières images en coupe optique de la rétine sont publiées en 1991 et le premier appareil est commercialisé en 1996. En 2006, une nouvelle génération, qui utilise une technique appelée Spectral Domain (SD) ou Fourier Domain, arrive sur le marché. Ce procédé offre, grâce à l’utilisation d’un spectromètre, une amélioration spectaculaire de la vitesse d’acquisition des images (25 000 à 40 000 scans/seconde). Des résolutions axiales et longitudinales de quelques microns rendent “visibles” les différentes couches rétiniennes (fibres nerveuses, strates des photorécepteurs et des cellules bipolaires, etc.), ainsi que leurs interfaces (jonction neuro-rétine-épithélium pigmentaire).

UN NOUVEL APPAREIL

L’utilisation du SD-OCT en médecine vétérinaire est limitée par des contraintes liées :

→ à l’adaptation du système à l’œil des animaux ;

→ à l’examen (l’OCT fait appel à la participation du sujet pour fixer l’objectif, or les animaux ne sont pas toujours coopératifs) ;

→ au coût de l’appareil. Le prix des premiers SD-OCT (plusieurs centaines de milliers d’euros) en limitait l’usage à la recherche chez l’animal.

Depuis 2010, la société Topcon commercialise un SD-OCT intégré dans une lampe à fente (SL-Scan-1) pour un usage clinique humain, utilisable chez l’animal. Cet appareil permet d’effectuer des suivis thérapeutiques longitudinaux de façon non invasive et quantifiable, avec une précision “histologique”. Son coût reste relativement élevé (moins de 40 000 €). Cependant, la qualité des informations qu’il permet de recueillir fait de cette technique un outil essentiel pour l’ophtalmologiste vétérinaire. Un apprentissage des procédures standard d’acquisition et de traitement des images, et la constitution d’une banque de données normative des paramètres mesurés sont nécessaires. Ils sont en cours au sein du Reovva2.

RÉALISATION DE L’EXAMEN

Le système (voir photo 1) se compose d’une lampe à fente qui intègre l’unité OCT, une caméra numérique et un rétinographe. Dans la plupart des cas, l’examen de la cornée s’effectue sans dilatation pupillaire ni sédation. Pour observer le segment postérieur, ces actes sont indispensables (sauf pour les animaux dociles), afin de pouvoir utiliser un clip atraumatique pour orienter et assurer la fixité de la zone à étudier pendant le temps (quelques millisecondes) d’acquisition des images déclenchée manuellement par le palonnier de la lampe à fente. Le logiciel fourni avec le système propose plusieurs paramètres (voir photo 2) :

→ vue du fond d’œil avec la topographie des coupes réalisées ;

→ coupe OCT selon un axe qui inclut la ligne de la limitante interne et celle de la jonction neurorétine-épithélium pigmentaire ;

→ mesure de la distance entre ces 2 lignes, qui permet de construire le profil moyen de cette coupe ;

→ vue orientée en 3 dimensions de toute la zone traitée.

Des coupes OCT de la rétine réalisées avec la SL-Scan-1 offrent la possibilité d’identifier les éléments rétiniens de la neurorétine, des vaisseaux sanguins, la choroïde et des détails de la Lamina cribrosa, dont l’intégrité est susceptible d’être affectée au cours de l’évolution des glaucomes (voir photo 3).

APPLICATIONS POUR LE SEGMENT POSTÉRIEUR

Lorsque la transparence des milieux le permet, l’examen OCT du segment postérieur offre la possibilité de corréler des lésions observées avec une coupe histologique optique in vivo. Lors d’affections dégénératives héréditaires, un début d’atrophie rétinienne peut être objectivé par un amincissement rétinien, ou confirmée par une disparition des couches de la neurorétine (voir photo 4). Dans certains cas d’hémorragies rétiniennes, l’examen OCT peut apporter rapidement (sans recours à un examen invasif tel que l’angiographie) des informations importantes. Il peut révéler un début de décollement rétinien non visible par simple visualisation du fond d’œil. La stratégie thérapeutique tiendra compte de cet élément. Cependant, comme tout examen complémentaire, l’OCT est à replacer dans son contexte clinique.

  • 1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1466 du 14/11/2011, pp. 50-51.

  • 2 Réseau d’ophtalmologie vétérinaire et de vision animale.

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