Les affections cancéreuses les plus fréquentes chez les NAC - La Semaine Vétérinaire n° 1470 du 12/11/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1470 du 12/11/2011

Formation

NAC

Auteur(s) : JEAN-FRANÇOIS QUINTON*, ADELINE LINSART**

Fonctions :
*praticien à la clinique vétérinaire Advetia, à Paris. Article rédigé d’après la conférence « Thérapeutique en cancérologie des petits mammifères », présentée au congrès Genac 2011, au Puy-du-Fou.

Points forts

– L’adénocarcinome utérin est fréquent chez la lapine.

– Les furets sont sujets aux cancers, en particulier l’insulinome, le lymphome et les tumeurs qui débouchent sur une maladie surrénalienne. Les mastocytomes cutanés sont généralement bénins et peuvent être confondus avec des plaies de morsures.

– Chez le cobaye, les mâles et les femelles développent des adénocarcinomes mammaires. Le trichoépithéliome, bénin, est fréquent chez le mâle.

– Les tumeurs mammaires de la ratte seraient induites par une hyperprolactinémie secondaire à des pseudogestations permanentes. Elles sont en général bénignes, mais récidivantes. La cabergoline trouve des applications dans cette indication.

– Les lymphomes sont fréquents chez le hamster.

L’allongement de la durée de vie des NAC et l’attachement de leurs propriétaires induisent une augmentation notable de la prise en charge d’animaux atteints de cancers ces dernières années. La gestion médico-chirurgicale améliore considérablement le pronostic de ces maladies. Tour d’horizon des cas les plus fréquemment rencontrés.

CHEZ LE LAPIN

Adénocarcinome utérin

80 % des lapines de plus de 5 ans présenteraient une tumeur utérine. L’adénocarcinome utérin est une tumeur maligne qui métastase tardivement, rarement située au niveau pulmonaire, hépatique ou osseux. L’hématurie est le signe d’appel le plus caractéristique. Elle peut s’accompagner d’anomalies du tissu mammaire et de la palpation d’une masse abdominale dans les cas avancés. L’ovario-hystérectomie est généralement curative.

Tumeur médiastinale

Les lapins de plus de 4 ans présentent assez régulièrement une tumeur médiastinale craniale (lymphome thymique ou thymome). Celle-ci se manifeste par une dyspnée brutale (compression de la trachée par la masse, épanchement) et/ou par une exophtalmie bilatérale (syndrome de compression de la veine cave craniale). Le développement tumoral semble être local et lent. L’exérèse est indiquée. Cependant, d’autres alternatives sont envisageables car l’intervention chirurgicale, particulièrement invasive, est moins bien supportée que chez les carnivores. La chimiothérapie à base de L-asparaginase (400 UI/m2) est possible en cas de lymphome. Lorsque la masse est kystique, des ponctions échoguidées procurent une survie de plusieurs mois avec un confort satisfaisant pour l’animal.

CHEZ LE FURET

Tumeurs cutanées

Les mastocytomes cutanés sont généralement bénins et présentent un bon pronostic après l’exérèse. Comme chez le chien, la tumeur a tendance à s’ulcérer et à se dépiler. Elle est parfois confondue avec une croûte (conséquence de bagarres entre congénères). Les carcinomes épidermoïdes sont plus rares, mais plus agressifs. Ils affectent fréquemment les extrémités ou la cavité buccale. Le pronostic est mauvais, malgré une intervention chirurgicale oncologique lourde. La radiothérapie constituerait une option intéressante.

Les autres types de tumeurs cutanées rencontrés sont les fibrosarcomes, ainsi que les adénocarcinomes et les adénomes des glandes sébacées.

Maladie surrénalienne

La maladie surrénalienne du furet peut avoir pour origine une hyperplasie corticale, un adénome ou un adénocarcinome surrénalien. Cette maladie d’évolution chronique génère des symptômes variés : alopécie bilatérale symétrique, signes d’activité sexuelle (marquage, vulve gonflée, agressivité), amyotrophie et fatigabilité. 3 causes principales sont actuellement incriminées dans sa survenue : la stérilisation, la photopériode et des facteurs génétiques. Le traitement repose sur la gestion médicale des symptômes (implant de desloréline) et chirurgicale de la tumeur (une surrénalectomie est recommandée en présence de signes échographiques indiquant un processus malin).

Insulinome

L’insulinome est une autre tumeur particulièrement fréquente chez le furet de plus de 3 ans. Des facteurs génétiques et l’exposition chronique du pancréas à un apport excessif de sucres dans l’alimentation sont en cause. La gestion médico-chirurgicale offre le meilleur pronostic pour l’animal. Elle consiste en une pancréatectomie partielle associée à une correction nutritionnelle adaptée (alimentation riche en protéines et en graisses, apports restreints en sucres, en dehors des crises d’hypoglycémie), puis en un recours à la prednisolone ou au diazoxide lors de la réapparition de symptômes.

Lymphome

Le lymphome est fréquent chez le furet. Même si elle n’est pas confirmée, l’existence d’un rétrovirus est fortement suspectée. La forme juvénile est souvent médiastinale. Chez l’adulte, une infiltration progressive et chronique des nœuds lymphatiques et de différents organes est plus fréquemment observée. Des formes cutanées, même si elles sont rares, sont possibles.

En 2006, l’université de Tuft a proposé un protocole de chimiothérapie qui associe différentes molécules, administrées per os ou par voie sous-cutanée.

Le recours aux corticoïdes est également possible. Toutefois, un échappement intervient après quelques mois de traitement.

CHEZ LE COBAYE

Les cochons d’Inde mâles et femelles développent régulièrement des adénocarcinomes mammaires.

Les léiomyosarcomes génitaux affectent également cette espèce, ainsi que les tumeurs malignes de la thyroïde et les lymphomes cutanés.

Le trichoépithéliome est une tumeur bénigne qui prend l’aspect d’une masse isolée, souvent en région dorsale. Il est plus fréquemment observé chez le mâle. Emplie de sébum, cette tumeur n’est pas invasive et le pronostic chirurgical est excellent.

CHEZ LE RAT

Tumeurs mammaires

90 % des tumeurs mammaires sont des fibro-adénomes bénins. Ces tumeurs surviennent dans des endroits variés, car le tissu mammaire est très étendu chez le rat. L’exérèse est curative, mais l’apparition de nouvelles tumeurs est décevante. Il semble qu’après la puberté, les rattes non saillies développent une pseudogestation permanente qui entraîne une hyperprolactinémie. Lorsque la ratte est jeune (moins de 4 mois), une stérilisation chirurgicale est envisageable. Cette intervention peut s’avérer préventive.

La cabergoline serait efficace afin de prévenir les tumeurs mammaires et contribuerait également à leur disparition, uniquement si elles sont dépendantes d’une trop forte sécrétion de prolactine (inefficace sur les tumeurs dépendant des œstrogènes ou de progestérone). Diverses posologies sont pré-conisées dans l’attente d’un consensus. Un protocole simple permet de vérifier la susceptibilité d’une tumeur à la cabergoline. Il consiste à prescrire 0,1 ml par jour de Galastop® per os pendant 8 jours, et à vérifier si la tumeur a effectivement diminué à la fin de ce délai. L’intervention chirurgicale est alors pratiquée. La cabergoline est prescrite en prévention des récidives.

Adénomes

L’adénome des glandes pituitaires est la 2e tumeur la plus fréquente chez le rat âgé, après les tumeurs mammaires. Il se caractérise par des signes d’atteinte du système nerveux central (apathie et incoordination motrice).

La glande de Zymbal (holocrine), située à la base de l’oreille chez le rat, est fréquemment le siège d’adénomes ou d’adénocarcinomes qui se manifestent sous la forme d’un abcès du conduit auditif externe. Le caractère invasif nuit à la prise en charge chirurgicale et au pronostic, malgré la rareté des métastases.

CHEZ LE HAMSTER

Les lymphomes sont fréquents chez le hamster. Une origine virale est suspectée. Les formes digestives concernent de jeunes animaux présentés pour apathie, anorexie et augmentation du volume abdominal. Le diagnostic différentiel avec une tumeur de l’appareil génital est indispensable chez la femelle, car celle-ci présente un bien meilleur pronostic. Les formes cutanées sont plus souvent observées chez des hamsters adultes à âgés : épaississement inflammatoire cutané diffus, masse isolée ou mycosis fungoïde sont possibles.

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