Un vétérinaire sur deux (n’)est (pas) dépendant de la morphine… - La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011

Entre nous

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

Auteur(s) : ERIC VANDAËLE

Rappelez-vous. C’était hier, au début de ce siècle. En 2001 exactement. La France était confrontée à une menace de fièvre aphteuse. Dans le même temps, nos confrères enseignants de l’Association vétérinaire pour l’anesthésie et l’analgésie animales (4Avet) étaient élus “vétérinaires de l’année 2001” par la rédaction et les lecteurs de La Semaine Vétérinaire.

Ils en ont dépensé de la salive pour promouvoir en France l’analgésie chez les animaux domestiques, les chiens puis les chats ! Au siècle dernier, “pré-Kouchner”, les vétérinaires qui avaient recours aux morphiniques étaient des “marginaux”. Ceux qui utilisaient la morphine la cachaient sous le manteau et ne s’en vantaient pas. De crainte que leur approvisionnement, pas toujours en règle avec une réglementation complexe, ne déclenche les foudres de la brigade des stups et… de la pharmacie vétérinaire.

Et pourtant, au XXe siècle, les analgésiques vétérinaires se réduisaient à quelques AINS pour les vieux toutous arthrosiques, presque autant paralytiques que leurs propriétaires de quatrième âge chargés au Vioxx(r).

S’il ne bouge pas, c’est qu’il n’a pas mal. S’il bouge, c’est qu’il n’est pas mort !

Administrer un analgésique en chirurgie, pourquoi faire ? Au XXe siècle, si l’animal ne bouge pas, c’est qu’il n’a pas mal. Et s’il bouge, c’est qu’il n’est pas mort ! Pourquoi en faire plus ? De la morphine ? C’est une blague… Personne ne se shootera dans ma clinique.

Pour les rares médecins-vétérinaires convaincus, s’approvisionner légalement était devenu le parcours du combattant qui souffre en silence : carnet à souches, déclaration à l’Ordre, registre comptable visé par les autorités de police, etc. Tout était fait pour en utiliser le moins possible. La douleur était-elle rédemptrice de nos péchés Étions-nous tous doloristes ?

Banaliser les morphiniques, débanaliser la douleur

Puis arrive l’ère Kouchner, en 1999. Le french doctor globe-trotter n’est pas masochiste… mais ministre de la Santé. Son objectif : « Banaliser les morphiniques et débanaliser la douleur. » Cette dernière devient d’un coup insupportable avec le nouveau siècle. Un Kouchner révolutionnaire. Conservateurs, les syndicats des médecins et des vétérinaires s’y opposent quand il veut leur imposer les ordonnances sécurisées pour « banaliser les stups » sans libéraliser le trafic. Mais le plan antidouleur est un vrai succès chez l’homme – les médecins la prennent enfin au sérieux – et chez l’animal. Les ordonnances sécurisées permettent en outre un approvisionnement facile et sans formalités.

Puis, 8 ans plus tard, tout s’accélère. Le butorphanol (en 2007) et la buprénorphine (en 2008) deviennent les premiers opiacés avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) vétérinaire. Ces deux analgésiques de la liste I des substances vénéneuses sont plutôt considérés comme des analgésiques de palier II : pas aussi puissants que la morphine… Puis en mai dernier, l’Agence européenne du médicament approuve le premier fentanyl vétérinaire (un stupéfiant pas encore commercialisé). Et, depuis quelques jours, c’est la méthadone, classée aussi comme stupéfiant, qui devient le premier analgésique de palier III commercialisé auprès des vétérinaires.

En 2011, la moitié (48 %) des praticiens utilisent déjà des médicaments morphiniques analgésiques classés comme stupéfiants (humains). Pour un tiers des vétonautes,? c’est même « devenu une habitude pour la plupart des opérations ». Et « pas que dans le cadre de la chirurgie », commente l’un des répondants.

Mais 52 % des vétérinaires n’en utilisent pas (41 %) ou très rarement (11 %), car ils craignent encore ce statut particulier de médicament stupéfiant. Pourtant, « cela fait quand même plus de 10 ans que la morphine est entrée dans les mœurs vétérinaires… Merci 4Avet », leur répondent deux praticiens via notre sondage en ligne.

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