Les poux de nos puces sont plus mal traités que les puces de nos chiens - La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1467 du 21/10/2011

Malathion, pyréthrines et… citronnelle

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PHARMA

Auteur(s) : ÉRIC VANDAËLE

L’Anses va chercher des poux dans la tête des parents qui traitent la tête de leurs petites puces avec des antiparasitaires externes vétérinaires (APE).

Un traitement antiparasitaire, insecticide ou acaricide destiné aux animaux de compagnie ne doit en aucun cas être administré à un humain, a fortiori à un enfant », rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire, dans un communiqué daté du 5 octobre dernier. L’Anses enfonce ainsi une porte ouverte pour dénoncer l’usage chez l’homme des antiparasitaires externes (APE). « Les insecticides ou acaricides destinés à l’homme relèvent du statut du médicament humain », avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par l’agence du médicament humain, l’Afssaps. De leur côté, les « médicaments vétérinaires utilisés sont des traitements insecticides ou acaricides destinés aux animaux de compagnie », donc pas à l’homme ni a fortiori aux… enfants. Et l’évaluation bénéfice/risque – en clair les études cliniques d’efficacité et d’innocuité – ne peut être extrapolée du chien à l’enfant ni des tiques ou des puces aux poux. En cas d’infection par les poux, l’Anses « recommande d’utiliser des traitements adaptés, notamment en fonction de l’âge de l’enfant, en prenant conseil auprès de professionnels de santé (pharmaciens, médecins) ».

Pourquoi une telle lapalissade sans intérêt ?

Comment expliquer de telles recommandations évidentes ? Elles peuvent même faire sourire, de la part d’une agence réputée sérieuse. L’Anses motive ce rappel par le fait qu’elle a été « informée de l’utilisation de certains APE vétérinaires pour le traitement des poux chez les enfants ». En effet, à l’occasion de la rentrée scolaire, les cheveux de nos chérubins se mélangent joyeusement dans la cour de récré ou sur les bancs d’école. Et cette période est traditionnellement propice à la multiplication des poux et des lentes.

Mais cela n’explique toujours pas pourquoi les mères de famille auraient l’idée saugrenue de traiter les cheveux de leurs bambins avec un APE vétérinaire. D’abord parce que, comme pour les puces, il ne suffit pas de faire un shampooing adulticide pour se débarrasser des poux. Le traitement comprend aussi la décontamination des draps, des taies d’oreiller, des bonnets, des vêtements, des peluches, etc. Ensuite, les poux seraient de « plus en plus résistants aux acaricides humains ». Du coup, sur les forums santé, les trucs et astuces foisonnent, avec par exemple un traitement miracle par du vinaigre blanc ou celui par le fipronil en spray. Il faut dire que l’arsenal des médicaments humains antipoux se réduit à quelques vieilles molécules : le malathion (un organophosphoré qui n’est plus utilisé depuis longtemps dans les APE vétérinaires), 2 ou 3 pyréthrines (dont la plus connue et la plus efficace est sans doute la perméthrine) et… la citronnelle.

Le manque de médicaments humains est donc probablement aussi l’un des facteurs d’explication qui conduit les parents, y compris vétérinaires, à recourir au fipronil, en dernier recours, après avoir tout essayé du côté des produits humains.

Pas d’intoxication aiguë chez l’enfant avec le fipronil

Certes, l’efficacité du fipronil n’est pas évaluée chez l’enfant. Mais est-il toxique ? Sur ce point, il est possible de rassurer les parents. En 2005, l’Afssa et une autre agence, aujourd’hui fusionnées dans l’Anses, avaient corédigé un rapport1 sur le risque du fipronil pour la santé humaine. Sur les 458 cas de toxicovigilance humaine analysés sur une période d’environ 4 ans (45 mois), les deux tiers (307) étaient associés à Frontline(r), le plus souvent en spray. Le cas typique rapporté est celui d’un « enfant de 1 à 5 ans qui ingère accidentellement en jouant une faible quantité de fipronil (Frontline(r)) sous forme de spray ou de spot-on, avec des pulvérisations sur le visage, une pipette mâchouillée ou sucée, le bouchon du flacon spray porté à la bouche, etc. Le plus souvent, aucun symptôme n’est observé ou juste un vomissement immédiatement après l’ingestion. L’évolution du cas est inconnue (en l’absence de retour) ou favorable lorsqu’elle est connue. » Même les 8 cas d’ingestion volontaire à doses très élevées ne conduisent pas à observer des signes de toxicité (autre que parfois une somnolence sans gravité). Les cas les plus graves et les plus rares concernent l’exposition aux produits phytosanitaires (Regent(r)) dans un usage professionnel. Au vu du mécanisme d’action du fipronil, les effets neurotoxiques « attendus » (convulsions) n’ont été observés que dans 3 cas après des prises massives de fipronil (4,95 g), soit l’équivalent de l’ingestion de 4 “gros” flacons de Frontline(r) en spray de 500 ml…

  • 1 valuation des risques pour la santé humaine liés à une exposition au fipronil, Afssa-Afsse, mars 2005.

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