En prendre de la graine

En termes de sécurité sanitaire des aliments, dans l’esprit collectif, une segmentation cognitive oppose le végétal à l’animal. En simplifiant, tout ce qui est végétal est associé à l’inoffensif et tout ce qui est animal est pensé comme sujet à risques », analyse Jocelyn Raude, sociologue à l’École des hautes études en santé publique de Rennes. Or, la tapenade “botulique” et les graines germées à l’“E. coli multirésistant” ont récemment bouleversé cette “croyance populaire”.

Outre ces considérations, la crise sanitaire en Allemagne due à E. coli O 154 : H4 dans des graines de fenugrec a mis en exergue une traçabilité beaucoup moins performante dans la filière végétale qu’elle ne l’est dans la filière animale. Bruxelles travaille à y remédier, afin de garantir la santé publique. Un domaine dans lequel notre profession est impliquée, et qui le sera d’autant plus que le nouveau cursus vétérinaire prévoit une spécialisation dans ce domaine. Mais force est de constater que son investissement est moindre dans le secteur végétal. Pourtant, de par sa connaissance du “paquet hygiène” (qui comporte un volet animal et végétal), elle est compétente en la matière.

Mais il est vrai qu’en France, une certaine “dichotomie” existe en termes de sécurité sanitaire des aliments : ainsi, une pizza végétarienne relève de la DGCCRF¹, mais si on y ajoute des lardons, la responsabilité en incombe à la DGAL². Pourtant, notre ministère n’est-il pas celui de l’Alimentation ? Le rôle sanitaire des agents de la DGAL, qui ont une culture du risque différente de ceux de la DGCCRF, ne devrait-il pas couvrir l’ensemble de ce domaine, de l’amont à l’aval, végétaux compris ? Cela offrirait davantage d’opportunités à notre profession. À condition, bien entendu, qu’elle dispose des moyens humains et financiers…

• 1 Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

• 2 Direction générale de l’alimentation.