Le coût de la césarienne : un faux problème ?

« Monsieur le sénateur, en tant que membre du conseil régional de l’Ordre des vétérinaires des Pays-de-la-Loire, je réagis aux propos tenus lors du discours que vous avez prononcé au festival de la viande d’Evron, samedi 3 septembre, en déclarant que la césarienne bovine était un acte auquel les éleveurs devraient pouvoir avoir accès. Je vous rappelle, monsieur le sénateur, que la césarienne bovine est un acte de chirurgie vétérinaire réservé, par la loi,? aux seuls titulaires du diplôme des écoles vétérinaires reconnues par l’Etat. La pratique de cet acte par un éleveur relève de l’exercice illégal de la chirurgie vétérinaire (article L.243-1 du Code rural) et est punie d’une amende de 9 000 € et d’un emprisonnement de 3 mois (article L.243-3). Vous encouragez donc les éleveurs à pratiquer un acte interdit par la loi. Or, de par votre position, il me semble que vous devriez connaître la loi. En effet, quel exemple pour les éleveurs et le monde agricole ! A moins que la proximité des échéances électorales ne vous ait poussé à tenir de tels propos. Vous allez à contresens de toute la réglementation actuelle sur le bien-être animal et l’utilisation raisonnée des médicaments vétérinaires, en particulier les produits anesthésiques et les antibiotiques.

La profession d’éleveur de bovins a-t-elle besoin de cela pour finir de la discréditer auprès des médias et de l’opinion publique ?

Accepteriez-vous qu’un de vos proches soit opéré sans anesthésie par une infirmière ou que vos enfants mangent de la viande contenant des résidus d’antibiotiques ?

Aujourd’hui, si le revenu agricole, en particulier des élevages bovins-viande, est grevé, ce n’est pas lié aux frais vétérinaires, qui représentent moins de 3 % des charges opérationnelles de l’exploitation.

La réalisation de la césarienne par l’éleveur est un faux problème économique et n’a jamais concerné qu’une très faible minorité d’entre eux. Ils sont d’ailleurs très nombreux à avoir arrêté de les pratiquer, par manque de temps et au vu des pertes qu’ils subissaient.

Si vous vous intéressez au revenu des éleveurs, intéressez-vous d’abord à la spéculation financière sur les prix des matières premières qui constituent les aliments. Intéressez-vous au quasi-monopole de la grande distribution qui pratique des marges indécentes et impose les prix. Intéressez-vous à l’importation de viande bovine des pays de l’Est ou d’Amérique du Sud qui représente une nouvelle distorsion de concurrence.

La profession vétérinaire, dont je me fais le porte-parole, est extrêmement choquée par les propos que vous avez tenus et je tiens à vous informer que j’en réfère dès maintenant au Conseil supérieur de l’Ordre des vétérinaires à Paris, au conseil régional de l’Ordre des Pays-de-la-Loire et au Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral. »