Chats et chiens obèses : comment s’en sortir - La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1462 du 16/09/2011

Formation

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : LUCILE MARTIN*, GWENAËL OUTTERS**

Fonctions :
*maître de conférences en nutrition à Oniris (Nantes). Article rédigé d’après la conférence « Obésité rebelle à un choix thérapeutique de première intention : ne pas abandonner », présentée au congrès de l’Afvac en 2010.

POINTS FORTS

– La prise en charge de l’obésité doit être personnalisée.

– Chez le chien, le bilan hormonal peut être nécessaire.

– Une ration ménagère est parfois la seule solution chez le chien.

– Chez le chat, un rationnement à 30 ou 35 kcal EM/kg de poids cible permet de faire perdre du poids à l’animal.

L’obésité a des conséquences multiples, telles que des anomalies métaboliques (insulino-résistance, voire diabète, acromégalie, hyperprolactinémie), ostéo-articulaires, une maladie du tractus urinaire bas (moins courante chez le chien que chez le chat) et une intolérance à l’effort. Pourtant, seulement un tiers des animaux sont pris en charge. L’objectif du régime alimentaire est de diminuer l’apport énergétique tout en couvrant l’ensemble des besoins nutritionnels, en y associant idéalement de l’exercice. La réalité est cependant bien plus complexe, les efforts des vétérinaires restant souvent vains.

CHEZ LE CHIEN

Chez le chien, la restriction énergétique consiste en une diminution de 40 % du besoin énergétique d’entretien, sur la base du poids cible. Or, entre deux individus de race, d’âge et de sexe identiques, la dépense énergétique journalière peut varier jusqu’à plus de 20 % et il est impossible de la prévoir. Il est donc souhaitable de réaliser un bilan nutritionnel afin de déterminer la consommation énergétique du chien pris en charge. Pour ce faire, il convient que les propriétaires mesurent précisément la quantité d’aliments consommés par leur animal, sur une période de 2 à 7 jours.

Un bilan hormonal est conseillé lors des consultations de nutrition,en cas d’échec du régime initial. Lorsque l’hypothyroïdie est avérée,son traitement seul ne résoudra pas l’obésité. Il doit être associé à des mesures nutritionnelles.

Un régime alimentaire qui réduit l’apport énergétique tout en couvrant les besoins azotés est proposé. Plus le niveau de restriction énergétique est important, plus l’aliment doit être riche en protéines. Une nourriture qui contient jusqu’à 60 % de protéines est parfois nécessaire. Cependant, un aliment industriel standard de régime pour chiens en renferme au maximum 30 %. Une ration ménagère permet à la fois de diminuer l’apport énergétique et de moduler celui en fibres alimentaires, de couvrir les besoins protéiques,en acides gras essentiels,en minéraux,en oligo-éléments et en vitamines, et d’obtenir un effet satiétogène. L’eau est un excellent diluant de la ration, à utiliser sur les croquettes ou dans le cadre d’une alimentation humide (dont le prix peut être prohibitif chez des grands chiens).

Lucile Martin a présenté le cas d’un labrador femelle âgé de 2,5 ans et pesant 42 kg qui a reçu un premier régime diététique qui s’est soldé par un échec. Le bilan nutritionnel indique que la chienne consomme 700 kcal EM (énergie métabolisable)/j. Or cela correspond au besoin énergétique d’entretien d’un individu d’environ 10 kg. Un aliment de régime classique serait alors distribué à hauteur de 200 g/j, ce qui est irrationnel pour une chienne de ce poids (absence de satiété et couverture de la moitié des besoins protéiques d’entretien). Avec l’accord des propriétaires, la seule modalité efficace de prise en charge de l’obésité chez cette chienne consiste en l’instauration d’une ration ménagère.

CHEZ LE CHAT

Le chat obèse est en général castré et présente un surpoids de 50 à 200 %, dans un contexte hormonal perturbé, avec un risque de développer une insulino-résistance (réversible) multiplié par 4. Le rôle de prévention du vétérinaire lors de la castration est donc primordial.

Une fois le diagnostic d’obésité établi, la prise en charge n’est pas toujours aisée. Le chat réclame et vole, la famille ne respecte pas les consignes, et le régime se révèle long et difficile, pour une perte de poids qui peut s’arrêter à certaines périodes malgré le suivi des prescriptions. Un chat de 8 kg perdra de 80 à 160 g par semaine, et il convient d’informer les propriétaires pour ne pas qu’ils se découragent.

La problématique consiste à diminuer l’apport énergétique tout en gardant le volume alimentaire. Comme chez le chien, l’allocation énergétique doit être appréciée, car il existe des variations interindividuelles. Le poids cible est déterminé, de façon subjective, et une ration sur la base de 60 % du besoin énergétique d’entretien est proposée. Le mécanisme de la perte de poids est facilité chez le chat car, selon l’expérience de notre consœur, une restriction à 30 à 35 kcal EM/kg de poids cible permet à l’animal de maigrir.

Dans les produits de régime pour chats, le volume alimentaire est généralement conservé (environ 50 g/j/chat). Cependant, il convient de mesurer au départ les quantités consommées par l’animal, sur un temps relativement long, puis de réaliser un plan de rationnement en les diminuant peu à peu, sur plusieurs semaines. Si le chat a besoin d’un volume alimentaire plus important, les rations ménagères ou les aliments humides sont indiqués. La prise en charge de l’obésité chez le chat est généralement longue, mais fructueuse.

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