Dans le canton du Valais, les vaches font partie de la famille - La Semaine Vétérinaire n° 1461 du 09/09/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1461 du 09/09/2011

Vétérinaire en Suisse

Éclairage

INTERNATIONAL

Les bovins du Valais sont particulièrement choyés par leurs propriétaires, qui en tirent une grande fierté. La médecine vétérinaire rurale s’y pratique, par conséquent, à l’échelle individuelle.

Dans le canton du Valais, en Suisse, les élevages ne comptent souvent qu’une dizaine d’animaux. Les éleveurs exercent la plupart du temps un autre métier. « Ici, on fait très peu de médecine de troupeau, mais les vaches sont bien suivies individuellement », explique Benoit Grommersch, vétérinaire salarié à Sierre depuis deux ans. En effet, les propriétaires les considèrent comme des membres de la famille. Elles ont chacune un nom, sont choyées, brossées régulièrement et amadouées avec du pain. « En Valais, l’attachement sentimental pour les bovins est très fort. Le moindre souci, même mineur, est vécu par beaucoup comme un véritable drame, ce qui renforce ce suivi particulier. »

Un calendrier des inséminations et des vêlages à respecter

Le calendrier est strict pour les vaches du Valais : la plupart des vêlages sont programmés entre octobre et décembre, la saison d’insémination se situe donc entre janvier et mars. Au début de l’été, vers la mi-juin, elles montent à l’alpage. Elles en redescendent fin septembre, puis le cycle recommence.

« Nous disposons de deux à trois mois pour obtenir une insémination fécondante, soit quatre à cinq chaleurs. Or le seul point faible de la race hérens, ce sont ses troubles de la fertilité et/ou de la fécondité. La gestation dans les temps impartis est d’ailleurs souvent un challenge. Les causes sont multiples : facteurs génétiques, avortements, embonpoint, etc. »

« Le suivi de reproduction occupe la majeure partie de mon travail en automne et en hiver, mais aussi l’été, où les kystes ovariens sont fréquents chez les vésives, les vaches qui n’ont pas vêlé l’hiver précédent. Durant l’alpage, viennent s’ajouter les affections du pied, dues aux sols pentus et rocailleux des montagnes », précise Benoit Grommersch.

Les combats les départagent pour trouver la “reine”

La race hérens est une race mixte. Le lait sert principalement à la fabrication du fromage. Mais ce qui fait la fierté des propriétaires des troupeaux, ce sont les combats. Dans les alpages, les vaches de plusieurs élevages sont rassemblées dans les hauts pâturages. S’en suivent des rivalités hiérarchiques.

Tout au long de la saison, les vachers sont chargés de surveiller ces affrontements et de déterminer quel animal est placé le plus haut dans la hiérarchie : la reine. En posséder une est particulièrement valorisant pour un éleveur. Le vétérinaire a également un rôle à jouer dans la compétition : une vache incapable de descendre au village “à pied” (la désalpe), en raison d’une boiterie par exemple, ne peut pas prétendre à ce titre. En outre, pour alper, celle-ci doit obligatoirement avoir mis bas un an et demi avant la mise à l’herbe.

La finale cantonale permet d’élire une “reine des reines”

Au printemps, une série de combats régionaux sont organisés dans les différents districts du canton.

Au terme de ces derniers est orchestrée une finale cantonale entre toutes les reines. La vache dominante sera élue “reine des reines” de l’année, titre honorifique pour le propriétaire et l’animal. Un éleveur en possédant une ne manque pas de le rappeler au vétérinaire ! Dans les rares cas où il est nécessaire de référer un bovin à la faculté universitaire de Bern ou de Zurich, les propriétaires n’hésitent pas à parcourir deux cents kilomètres pour donner toutes ses chances à leur protégée.

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