Rapport d’autopsie d’un vautour fauve suspect de danse de Saint-Guy

Un vautour, repéré sur un toit le 8 septembre 2010 par Frédéric Decante, praticien à Banassac (Lozère), est capturé vivant. L’oiseau présente un état dépressif et des troubles neurologiques de type ataxie et tournis de la tête. Ces symptômes sont ceux de la chorée ou danse de Saint-Guy.

L’animal vomit un liquide verdâtre et meurt après quelques heures. Il est autopsié par Lydia Vilagines, praticienne à Tarascon-sur-Ariège (Ariège) en novembre 2010, au laboratoire vétérinaire départemental de Rodez, avec deux autres vautours également congelés.

L’animal, un vautour mâle de 6 kg, est en bon état général (bague TY4719 patte droite, bague PVC patte gauche). Le plumage est parfait, sans souillures. L’état d’embonpoint est bon. Aucune trace de lésion cutanée, de fracture ou d’hématome n’est relevée sur le corps, les ailes et les pattes. Le bec contient un liquide verdâtre, mais le cloaque n’est pas souillé de fientes. Les muqueuses sont fortement congestionnées à cyanosées, avec de légères suffusions sur les paupières. Aucun hématome ni coloration hétérogène des muscles pectoraux n’est observé.

Aucune lésion macroscopique ne permet d’expliquer la mort de l’animal

Des hématomes sont présents des deux côtés du bréchet. Poumons, sacs aériens et trachée sont normaux. Un hématome récent est noté entre le péricarde, qui contient du sang, et la paroi thoracique, ainsi qu’au niveau de l’oreillette droite qui ne présente pas d’effraction. Ces lésions ne sont pas responsables de sa mort, mais liées à la chute de l’oiseau. Aucune lésion n’est observée dans la cavité abdominale. Le tube digestif n’est pas congestionné et son contenu est normal, à part un peu de matière verte dans le jabot et l’estomac. Le foie, la vésicule biliaire, les surrénales et la rate sont normaux. Le pancréas et les thyroïdes sont hémorragiques, de taille normale. Les reins révèlent une néphrite hémorragique terminale.

Aucune des lésions macroscopiques ne permet d’expliquer la cyanose des muqueuses, les symptômes observés, et la mort de l’animal.

Le foie, le rein, la graisse, le jabot, le proventricule et le gésier, ainsi que le contenu du jabot et de l’estomac sont prélevés pour des analyses toxicologiques. Les toxiques recherchés sont les organochlorés, les organophosphorés et autres inhibiteurs des cholinestérases, les métaux lourds (As, Cd, Cr, Cu, Fe, Hg, Pb, Se et Zn).

Le foie et la rate sont aussi conservés en vue d’une bactériologie en cas de résultats toxicologiques négatifs, ce qui est le cas. Les toxiques recherchés sont en effet absents des prélèvements.

En conclusion, l’hypothèse d’intoxication n’est pas validée par les analyses et la cause de la mort reste inconnue. Ces résultats sont en faveur d’une suspicion de tournis du vautour fauve juvénile. La congélation qui a suivi la mort empêche toute investigation histologique.