Ces gestes qui nous révèlent… ou nous trahissent

80 % de la communication est non verbale. Il est donc normal de tenir compte des gestes et des expressions pour déterminer ce qu’ils révèlent ou cachent. Bien entendu, pas de dogme en la matière. Ici comme ailleurs, il convient de garder un esprit critique. Mais ces petits décryptages peuvent aider, ne serait-ce qu’à réfléchir.

Un simple geste peut trahir une information essentielle sur son interlocuteur

Le psychiatre américain Milton Hyland Erickson recevait une patiente, assise face à lui. A un moment de la conversation, il lui déclare : « Vous êtes un homme, et non une femme. » Stupeur : rien dans l’apparence de la “consultante” ne laissait supposer cela. Elle possédait une voix et un physique féminins. Comment le médecin s’en est-il aperçu ? Par un geste. “Elle” a évacué d’un geste direct une poussière de son avant-bras, sans contourner sa poitrine comme l’aurait fait naturellement une femme, dans un geste de protection. Bien entendu, ceci est une anecdote, mais elle est éloquente. Les gestes et l’attitude d’une personne sont le reflet extérieur de ce qu’elle ressent. Chacun souhaite accompagner sa réflexion, pour convaincre ou pour mentir. Parfois à son insu, au point que certaines attitudes deviennent des postures. Et pourquoi ne pas les décrypter autant par jeu que par curiosité ? Dans certaines écoles de psychologie et de police, ces techniques de décryptage sont enseignées. Il est alors capital de se méfier des idées reçues. Ce n’est pas parce qu’une personne regarde son interlocuteur droit dans les yeux lorsqu’elle affirme quelque chose qu’elle ne lui ment pas. En revanche, lorsque son attention se relâche, il est possible de “lire” ses intentions.

Quelques postures et leurs différentes significations

Nous croisons tous les bras à un moment ou à un autre, debout ou assis en réunion. Dans ce cas, le droit se place toujours sur le gauche ou le gauche sur le droit. Il s’agit évidemment d’une habitude, mais elle est signifiante. Un bras droit dominant (au-dessus) révèle un esprit offensif, ouvert, une affirmation de soi et une personne plus active que réactive. Un bras gauche dominant indique une attitude défensive et un esprit de méfiance. Pour les gauchers, c’est l’inverse. De même, gratter une allumette vers l’extérieur dénote un esprit allocentrique, d’équipe. Effectuer le même geste vers l’intérieur met en évidence une personnalité individualiste.

La façon d’applaudir à un spectacle est aussi riche d’enseignement. Pour un droitier, si c’est la main droite qui frappe dans la main gauche, cela traduit une critique et le contraire l’enthousiasme (vice versa pour un gaucher). La tenue d’une cuillère dans la main est aussi parlante. L’amener à sa bouche dans le sens des aiguilles d’une montre indique que le besoin de donner est plus fort que celui de posséder. Dans l’autre, cela manifeste une attitude de possession égocentrique. Le placement des doigts sur les genoux en position assise a aussi une signification. Posés sur le genou droit, ils annoncent une volonté de se protéger, et sur le gauche un désir de fuite. Pour un droitier, croiser la jambe droite sur la gauche veut dire qu’il maîtrise la situation, tandis que le contraire témoigne d’un malaise (à inverser pour les gauchers).

Quand serrer la mainde quelqu’un en dit long

Geste social, il existe néanmoins plusieurs manières de serrer la main. Les deux mains réunies trahissent une attitude “roublarde” et une fausse cordialité. Du bout des doigts, c’est une dissimulation. Tenir simultanément l’épaule droite de son interlocuteur est un rapport de soumission, une attitude hiérarchique. Tendre la main gauche n’est pas seulement une absence de compréhension des usages, mais aussi la marque d’un désintérêt. Main et avant-bras pour tenir l’autre démontrent que l’on a affaire à un prédateur. Broyer la main ou les doigts tendus traduit le fait que l’on veut imposer sa volonté même en étant plus faible que son vis-à-vis. Une main fuyante est une manifestation de l’hypocrisie et une main fondante montre la séduction et le désir de le berner. Quant à une main molle, c’est tout simplement un refus de connaître l’autre et celui d’échanger.