De nombreux poussins de rapaces nocturnes sont recueillis à tort au printemps - La Semaine Vétérinaire n° 1458 du 08/07/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1458 du 08/07/2011

Prise en charge de la faune sauvage

Formation continue

FAUNE SAUVAGE

Auteur(s) : Florine Popelin-Wedlarski

Les jeunes chouettes quittent généralement le nid avant de savoir voler, et sont souvent ramassées à tort par des promeneurs. La meilleure solution est de les rendre à leurs parents.

La chouette hulotte (Strix aluco) est un rapace nocturne commun en France, y compris à proximité de l’homme et dans les villes (parcs et jardins). Les œufs sont pondus entre février et avril, et les poussins éclosent environ un mois plus tard. Ils sont semi-nidicoles, c’est-à-dire qu’ils commencent souvent à sortir du nid et à explorer les alentours dès l’âge de trois ou quatre semaines, alors qu’ils sont encore en duvet. Ils restent souvent sur les branches les plus proches, où les parents continuent de les nourrir. Cependant, il arrive qu’un petit tombe au sol, et soit alors facilement visible et vulnérable pour un prédateur ou… un promeneur ! Attendris par l’aspect rond et duveteux de la jeune chouette, et persuadés que l’animal est orphelin, les découvreurs le ramassent volontiers. Beaucoup de rapaces nocturnes sont ainsi recueillis à tort au printemps. La plupart sont récupérés en avril et en mai, mais en ville, en raison de l’éclairage nocturne et de la température plus élevée, des poussins sont trouvés dès le mois de février.

Si le poussin est en bonne santé, il est préférable de ne pas le ramasser

A son arrivée à la clinique, le poussin doit être rapidement examiné : il convient notamment de chercher des signes de déshydratation, ainsi que des fractures ou des plaies consécutives à la chute de l’arbre ou à la rencontre avec un prédateur. Si le jeune animal est en bon état, qu’il a été récupéré le jour même et que le lieu de la découverte est précisément connu, la meilleure solution est de le remettre (éventuellement après une réhydratation orale ou sous-cutanée) à l’endroit exact où il a été trouvé, sur une branche en hauteur pour le protéger des prédateurs, de préférence le soir. Les parents seront alertés par ses cris à la nuit tombée et reviendront s’en occuper, même s’il a été manipulé par l’homme. Il est plus délicat, mais possible, de remettre le poussin plusieurs jours après sa découverte, et également de le déposer à proximité non de ses parents, mais d’un couple adoptif de la même espèce, qui le prendra en charge. Il est indispensable que le poussin soit en bonne santé et capable de vocaliser pour attirer l’attention des adultes.

Dans le cas contraire (problème médical, animal déjà détenu depuis un long moment par des particuliers et habitué à l’homme, lieu de découverte inconnu ou approximatif), le jeune devra être élevé à la main.

Une nourriture appropriée est indispensable pour une bonne croissance

Le premier réflexe pour nourrir un rapace est souvent de lui donner de la viande hachée. Fortement carencée en calcium, notamment, elle ne doit être utilisée qu’en dépannage durant une courte période, a fortiori pour des animaux en croissance. Des découvreurs essaient souvent d’élever seuls ces oiseaux, uniquement avec cet aliment. Cette démarche entraîne chez eux un retard de croissance, des déformations osseuses et des fractures spontanées multiples. Ces lésions sont le plus souvent irréversibles et létales. En l’absence d’autre nourriture, de la viande rouge ou du cœur de bœuf peuvent être utilisés transitoirement, avec une complémentation minérale (des compléments pour chiots en croissance, avec un rapport phosphocalcique de 2).

Les chouettes doivent être nourries avec des proies entières, en général des souris. Les poussins d’un jour, souvent utilisés pour nourrir les rapaces adultes, sont également déconseillés, car déséquilibrés (os non minéralisés, notamment). Les souris sont coupées en morceaux si l’animal est vraiment jeune (uniquement en duvet) ou les premiers jours, et présentées à la pince devant son bec. Il les prend en général spontanément (voir photo 1). Les portions présentées sont progressivement de plus en plus grosses, puis laissées à disposition quand il commence à être emplumé (voir photo 2).

Deux à trois repas sont proposés. L’oiseau doit consommer quotidiennement environ 30 % de son poids vif (soit en général entre deux et trois souris par jour). Une pesée quotidienne est indispensable pour suivre le bon déroulement de la croissance, et si nécessaire adapter la quantité distribuée.

L’élevage et la réhabilitation se poursuivent dans un centre de sauvegarde agréé

Tous les rapaces nocturnes sont protégés en France, ce qui signifie que leurs soins ou leur élevage ne peuvent être effectués que dans un centre de soins de la faune sauvage. Les chouettes doivent donc y être transférées le plus tôt possible. En plus de ces considérations légales, ces structures possèdent l’expérience, les aliments et les installations nécessaires pour permettre à ces oiseaux de grandir dans les meilleures conditions et d’être relâchés avec de bonnes chances de survie. En outre, ils recueillent de nombreux jeunes animaux chaque année, ce qui permet de les élever en groupe, afin d’assurer une bonne socialisation à l’espèce et d’éviter au maximum l’habituation à l’homme. Les chouettes hulottes, par exemple, sont regroupées par deux ou trois individus du même âge, comme une nichée naturelle.

Il est également indispensable que la fin de l’élevage se fasse en volière extérieure suffisamment grande pour que les oiseaux apprennent à voler et se musclent. C’est là que leur seront proposées des proies vivantes, afin de s’assurer qu’ils sont capables de les tuer avant le relâcher. Là encore, un apprentissage à plusieurs est favorisé, si possible avec un adulte comme modèle.

Le relâcher se fait au taquet, c’est-à-dire à un point de nourrissage qui est approvisionné chaque jour permettant aux animaux de revenir se nourrir jusqu’à ce qu’ils soient autonomes au niveau alimentaire. Ils s’éparpillent ensuite à la recherche d’un territoire libre. Même si les chances de survie sont sans doute moins élevées que lors d’élevage par les parents, l’élevage à la main par l’homme a déjà donné de bons résultats (reprises d’individus bagués plusieurs mois après le relâcher).

D’autres espèces sont plus rarement recueillies

Parmi les rapaces nocturnes français, il est également possible de recevoir des petits de chouette effraie (Tyto alba) ou de hibou moyen duc (Asio otus). Les jeunes hiboux sont facilement reconnaissables grâce à la présence des aigrettes de plumes sur le dessus de la tête, y compris chez les poussins en duvet (voir photo 3). Ils quittent également le nid avant d’être totalement émancipés, et peuvent donc être ramassés de la même façon que les hulottes. Leur élevage est cependant plus délicat que celui des chouettes, car ils sont souvent plus stressés et plus difficiles sur le plan alimentaire. Les chouettes effraies sont reconnaissables à leur masque facial en forme de cœur (voir photo 4). Contrairement aux deux autres espèces, elles naissent souvent dans des bâtiments : églises (d’où son nom d’effraie des clochers) ou greniers, qu’elles ne quittent le plus souvent qu’à deux mois révolus. Elles sont en général recueillies lors de travaux, ou volontairement dénichées par des propriétaires qui ne supportent plus leurs appels nocturnes… Les nichées sont composées de trois à cinq petits d’âge et de stade de développement différents. En effet, chaque œuf est pondu à deux ou trois jours de décalage, la femelle commençant à couver dès le premier pondu. Les naissances s’échelonnent également, ce qui donne à la fratrie l’aspect de “la famille Dalton” (voir photo 5). L’élevage des très jeunes effraies est délicat, et plus long que celui des autres espèces.

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