Un outil pratique… pour une utilisation restreinte

Un homme du bâtiment sur un terrain d’entraînement à l’endurance équestre, l’image est désormais habituelle en Limousin. A l’initiative de Gilles Sonthonnax, praticien à Feytiat (Haute-Vienne), passionné d’équitation et entraîneur de l’équipe régionale de jeunes en endurance, le thermographe Jean-Luc Marty participe aux entraînements. « En Limousin, environ 200 cavaliers pratiquent l’endurance, dont les 18 jeunes que je coache. C’est donc un tout petit comité, explique Gilles Sonthonnax. Pour optimiser les résultats, nous avons constitué un véritable “pôle espoir”, avec une équipe pluridisciplinaire qui suit les jeunes lors des stages d’entraînement et des compétitions. » Elle est composée de bénévoles motivés, essentiellement des amis ou des connaissances du vétérinaire qu’il a su convaincre. Et les méthodes séduisent puisque les cavaliers juniors en endurance sont passés, depuis 2004, de 2 à 18. « Lors des entraînements, ils ont parfois à parcourir 20 km à 20 km/h puis différents paliers à des vitesses croissantes. Ces derniers sont faits pour des chevaux de haut niveau, or les nôtres ne le sont pas tous. D’où la nécessité de savoir jusqu’où aller avec chacun d’eux. La thermographie nous sert alors à faire un état des lieux avant chaque palier. Cela nous permet de tester un cheval rapidement, sans attendre la boiterie, alors qu’il ne montre aucun signe extérieur de blessure. L’homme ne peut pas identifier les variations de température de moins de 2 °C, alors qu’une caméra thermique mesure des écarts de moins de 0,5 °C. » Jean-Luc Marty, qui intervient habituellement dans le secteur du bâtiment, explique à son tour : « La caméra infrarouge capte les rayonnements électromagnétiques émis par le corps du cheval. Le système radiométrique de la caméra convertit la puissance du rayonnement en signaux, ceux-ci sont ensuite transcrits en température par le calculateur et transformés en points lumineux de couleur. L’image thermique obtenue, le thermogramme, fournit au vétérinaire de nombreux renseignements. » Toutefois, la mesure du rayonnement infrarouge peut être perturbée par différents facteurs. « C’est l’un des problèmes que nous rencontrons lorsque nous effectuons des suivis, reconnaît Jean-Luc Marty, car les chevaux en endurance ne courent pas toujours sur un tapis propre… » Et d’énumérer : l’animal doit être propre et brossé, sans aucune trace de boue ou de produit de toilettage de type crème ou lotion ; le poil doit être sec (pas d’arrosage avant l’examen); les protections (bandages, tapis, couvertures, etc.) doivent être retirées ; le cheval doit être à l’abri du soleil, de la pluie, etc. « Mais attention, reprend Gilles Sonthonnax. Autant la thermographie est intéressante dans le cadre de l’entraînement en endurance, autant je suis réservé quant à son utilisation pour un diagnostic médical. Car le thermogramme montre des points chauds, des différences de température. Mais ce n’est pas parce qu’il existe un point chaud à un endroit précis que le problème originel s’y trouve. Nous allons bientôt utiliser la thermographie chez des poulains qui présentent des risques d’arthrite septique. Là encore, il ne s’agira pas réellement de diagnostic, puisque nous savons ce que nous cherchons. »