Cinq paramètres sont augmentés chez les chevaux atteints d’ulcères gastriques - La Semaine Vétérinaire n° 1457 du 01/07/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1457 du 01/07/2011

Hématologie et biochimie

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Anne Couroucé-Malblanc

Toutefois, ils ne permettent pas de distinguer les chevaux selon le grade des ulcères, ni leur localisation en région glandulaire ou non glandulaire.

La prévalence des ulcères gastriques est élevée chez le cheval. Le tableau clinique, non spécifique et variable d’un individu à l’autre, ne permet d’avoir qu’une suspicion de la présence de lésions stomacales. En effet, certains chevaux sont contre-performants, d’autres manifestent des coliques, mais le cheval atteint peut aussi n’exprimer aucun signe clinique. Actuellement, le seul moyen de diagnostic de certitude est la gastroscopie, qui nécessite un matériel spécifique et coûteux, ainsi qu’une sédation du cheval préalablement mis à jeun. Si la gastroscopie permet un diagnostic de certitude des ulcères gastriques chez le cheval, se pose la question de savoir s’il existe d’autres moyens de diagnostic permettant d’évaluer la présence d’ulcères et notamment s’il y a ou non une modification de paramètres hématologiques et biochimiques. Un travail expérimental a été mené entre 2006 et 2008 en collaboration avec trois cliniques vétérinaires (Oniris, clinique Desbrosse, centre de médecine sportive du Cirale) et le laboratoire départemental Frank Duncombe (Caen) afin de déterminer s’il existe ou non un profil hémato-biochimique caractéristique de la présence d’ulcères gastriques.

Cinq paramètres dépassent la norme usuelle maximale

Soixante-six chevaux sont soumis à un bilan sanguin et à une gastroscopie après une période de jeûne d’environ quinze heures. Le bilan sanguin comprend une numération formule complète et le dosage de dix-neuf paramètres biochimiques(1). Ensuite, la gastroscopie est réalisée après une sédation (romifidine ou détomidine associée au butorphanol).

Dix chevaux sains forment la population de contrôle (voir photo 1). Les cinquante-six autres (groupe “ulcères gastriques”) présentent des lésions sur la muqueuse non glandulaire et/ou glandulaire de grades 1 à 4 (voir photos 2 et 3).

Une analyse de variance et un test F de Fischer sont réalisés pour chaque paramètre et les résultats sont considérés comme significatifs lorsque la valeur p obtenue est inférieure à 0,05.

Bien que des cas d’anémie chez des chevaux atteints d’ulcères gastriques soient décrits (Murray, 2002), les résultats de cette étude ne montrent pas de variation des paramètres hématologiques entre les deux groupes (“contrôle” et “ulcères gastriques”).

Concernant la biochimie, cinq paramètres sont significativement augmentés chez les chevaux du lot “ulcères gastriques” et dépassent la norme usuelle maximale (voir tableau) : l’amylase pancréatique, la bilirubine totale, la fraction intestinale des phosphatases alcalines (PAL), la gamma-glutamyl transférase (GGT) et la protéine sérique amyloïde A (SAA).

Certains auteurs mettent en évidence des valeurs basses des protéines totales chez les chevaux qui souffrent d’ulcères gastriques (Murray, 2002 ; Stancari et coll., 2008). Toutefois, ce résultat n’est pas retrouvé dans cette étude.

Les différents groupes du pepsinogène chez le cheval restent à étudier

De même, pour le pepsinogène, déjà utilisé pour le diagnostic des ulcères gastriques chez le chien et le cheval par certains praticiens, aucune différence significative n’est mise en évidence entre le groupe de contrôle et le groupe “lésions gastriques”. Au vu de ces résultats, le pepsinogène ne semble pas être un paramètre témoin d’ulcère chez le cheval. Toutefois, les lésions gastriques du cheval se situent, à environ 80 %, au niveau de la muqueuse non glandulaire. Or, les cellules sécrétrices de pepsinogène se trouvent dans la portion glandulaire de l’estomac.

Chez le porc, la localisation des lésions d’ulcération est semblable puisqu’elles sont majoritairement observées au niveau de la pars œsophaga, juste à l’entrée de l’estomac où la muqueuse est histologiquement la même que celle de l’œsophage. Comme dans cette étude, aucune corrélation n’est établie entre les lésions observées et la concentration du pepsinogène sanguin dans l’espèce porcine. Chez l’homme, comme pour de nombreuses autres espèces, différents types de pepsinogène sont identifiés. Les pepsinogènes A et C sont synthétisés dans la région gastrique et le pepsinogène C est en plus fabriqué dans la région pylorique et le duodénum. Ces différences de localisation cellulaire font que leurs variations respectives peuvent faciliter le diagnostic différentiel, en orientant vers la région gastro-duodénale atteinte. Chez le cheval, aucune recherche sur les différents groupes du pepsinogène n’a été entreprise jusqu’à maintenant.

Le fibrinogène et la protéine SAA sont deux marqueurs de l’inflammation. Leur augmentation pourrait s’expliquer par la création d’un processus inflammatoire lors d’ulcération de la muqueuse gastrique. Toutefois, ils ne permettent pas, à eux seuls, de diagnostiquer la présence d’ulcères gastriques chez un cheval, car ils ne sont pas spécifiques de cette affection.

Ainsi, cette étude a mis en évidence cinq paramètres biochimiques augmentés chez les chevaux atteints d’ulcères gastriques. Pour confirmer ces résultats, il serait intéressant d’étendre l’étude à un plus grand nombre de chevaux, notamment afin de distinguer ceux qui présentent des ulcères dans la région non glandulaire versus glandulaire, mais également pour différencier les chevaux selon le grade des ulcères.

  • (1) Urée, créatinine, PAL et isoenzymes hépatiques, digestives et osseuses, Asat, CK, GGT, protéines totales, albumine, acides biliaires, bilirubine totale, amylase, lipase, pepsinogène, SAA, fibrinogène, Ca, ACE.

CONFÉRENCIÈRE

Charlotte Maliverney, praticienne en Seine-et-Marne.

Article rédigé d’après la conférence « Modification de paramètres hématologiques et biochimiques chez les chevaux présentant des ulcères gastriques : étude expérimentale sur 66 chevaux », présentée aux journées de l’Avef à Reims, en octobre 2008, et d’après sa thèse (Nantes, 2008).

POUR EN SAVOIR PLUS

• M.J. Murray : « Diseases of the stomach », Manual of equine gastroenterology, 1st edition, London, WB Saunders, 2002, pp. 241-244.

• G. Stancari et coll. : « Correlation between equine gastric ulcer syndrom (Egus) and variation of some laboratory parameters in sport horses », proceedings of the European Equine Meeting, 2008, XIVth Sive Feeva congress, Venice.

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