Les étudiants de l’école d’Alfort en visite dans un élevage de poulets label Rouge

Afin de sensibiliser les étudiants aux filières hors sol et leur faire comprendre l’importance de ces productions, l’école d’Alfort organise des visites sur le terrain (exploitations agricoles, coopératives et structures libérales vétérinaires). Ces sorties permettent par ailleurs de rencontrer les acteurs de ces filières essentielles à notre alimentation et à notre économie.

Le 5 avril dernier, des étudiants et leur professeur ont rendu visite à Franck Garçonnat, éleveur de poulets de chair label Rouge près de Bléneau (Yonne).

Une durée d’élevage pratiquement doublée

Quelles sont les différences fondamentales entre la production de poulets standard et de poulets label ? Franck Garçonnat a expliqué aux étudiants qu’un poulet label Rouge doit répondre à quelques spécificités strictement contrôlées et dont les caractéristiques évoluent au fil des règlements. L’éleveur a décrit les plus importantes.

• L’élevage de poulets produits sous label Rouge doit utiliser des souches de poussins rustiques sélectionnées pour leur qualité de viande et leur croissance lente. Fanck Garçonnat a choisi les poulets à pattes bleues et à pattes jaunes.

• La durée d’élevage doit être au minimum de 81 jours (voire 100 jours selon les labels), soit pratiquement le double de celle du poulet standard (42 jours). En effet, cet âge semble être un bon compromis, car il est postérieur à la puberté, mais évite que la viande ne devienne trop ferme.

• Les poulets label sont élevés dans des poulaillers clairs, à la lumière naturelle, de petite taille (400 m² par bâtiment au maximum). Les exploitations avicoles ne peuvent comporter que quatre bâtiments, tout au plus, sur un même site. Aucun d’entre eux ne doit être utilisé pour produire des volailles non labellisées.

• L’espace d’élevage doit être large et confortable (11 poulets au maximum par mètre carré de bâtiment versus le double chez le poulet standard élevé en claustration) avec un parcours extérieur herbeux et/ou ombragé de 2 m² par poulet, offert au plus tard à 6 semaines d’âge (environ 1 ha par bâtiment).

• L’aliment distribué après 28 jours d’âge contient obligatoirement au moins 75 % de céréales (surtout du blé et du maïs). La qualité de toutes les matières premières est strictement contrôlée.

• La distance des transports des poulets label Rouge jusqu’à l’abattoir est limitée réglementairement à 100 km (ou un délai de 2 heures), pour diminuer le stress ante mortem.

• A 42 jours au plus tard, les poulets doivent sortir et avoir accès aux parcours après avoir reçu un traitement antiparasitaire préalable afin de les protéger contre les infestations qu’ils peuvent contracter à l’extérieur du bâtiment.

• A 81 jours, les poulets sont attrapés à la main (par 5 à 6 personnes, pendant une durée de 90 minutes par bâtiment) et mis en cages pour être enlevés et acheminés à l’abattoir la nuit, le meilleur moment pour attraper facilement les volailles.

Ces spécificités de base sont complétées par un grand nombre d’articles réglementaires qui portent sur l’agrément sanitaire des fournisseurs de volailles, les matières premières et les additifs utilisés, les conditions de transport et l’abattage, etc. Tout cela entraîne bien entendu une augmentation significative du coût de production, aujourd’hui près de deux fois plus élevé que celui du poulet standard (de 1,30 à 1,38 € versus 0,75 €/kg).

Le succès remporté en France par les volailles différenciées grâce au label Rouge est largement reconnu à travers le monde et souvent cité en exemple. Il n’est pas aujourd’hui exagéré de dire que le poulet label a « réconcilié le consommateur avec la volaille » et s’est révélé un élément moteur pour l’ensemble de la production avicole française. Peut-être qu’une démarche du même type pourrait être appliquée dans d’autres pays pour structurer la production des volailles traditionnelles et lui permettre de conserver sa juste place à côté des volailles issues de la production la plus intensive.