Les morsures, une problématique commune aux médecins et aux vétérinaires - La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011

One Health. Cycle de conférences liant les deux médecines

Actualité

Auteur(s) : Charlotte Devaux

Pastorellose, bartonellose, infections par des bactéries pyogènes, tétanos et rage sont à craindre.

Les statistiques relatives aux morsures diffèrent selon les sources. Les données retenues pour la conférence “Morsures, griffures : que faire ?”(1) sont celles de 500 000 morsures par an en France(2). Elles seraient essentiellement occasionnées par des chiens de berger (information à rapprocher des données du LOF sur la démographie canine) et il existerait autant de morsures répertoriées pour le cocker, le teckel et le pitbull. Aucun lien ne serait établi entre le type de chien et la gravité de la blessure. 78 % des animaux concernés seraient connus de la personne attaquée et 26 % d’entre eux auraient mordu plus d’une fois (selon les données de l’Institut de veille sanitaire), ce qui souligne la nécessité d’un suivi.

Les morsures du point de vue des vétérinaires

Notre confrère Marc Artois, enseignant en épidémiologie à VetAgro Sup, a présenté les zoonoses susceptibles d’être transmises via une morsure ou une griffure. Il recense essentiellement le virus de la rage et trois types de bactéries : les pasteurelles, les bactéries pyogènes (aérobies et anaérobies) et les bartonelles chez le chat. Ces micro-organismes seraient commensaux et une fois inoculés, responsables de surinfection. La bartonellose féline est bénigne. Sa transmission entre chats est vectorielle. La bacillémie n’est pas constante. Pour la pasteurellose, le chat mordeur a 50 % de risques d’être infecté. Lors de morsure canine, Capnocytophaga canimorsus est fréquemment transmise. Elle est commensale de la cavité buccale et ne provoque pas de symptômes chez les animaux. 20 % des chiens en seraient porteurs. En ce qui concerne la rage, elle reste un danger théorique. La probabilité de portage du virus rabique est négligeable, mais il convient d’évaluer l’exposition (contact avec une chauve-souris, voyage en Afrique, contact avec un renard, en particulier à la frontière italienne) et le statut vaccinal du sujet. Une bonne vaccination permet en effet d’éliminer cette hypothèse. Pour conclure, Marc Artois a souligné que les risques lors de morsures sont ceux liés à la salive. Dormir avec son chien, par exemple, augmente la probabilité de léchage du propriétaire par son animal. Ce type de comportement est donc à risque, quoique pratiqué par 30 % des maîtres sans générer pour autant beaucoup de malades.

Notre consœur comportementaliste Dominique Autier-Derian a abordé le traumatisme de la personne mordue et pourtant la minimisation fréquente de cet acte. Lors d’un épisode de morsure, il est utile de faire du bruit pour distraire l’animal. Il convient ensuite de diriger la personne blessée chez un médecin et l’animal chez un vétérinaire pour savoir si le comportement était anormal ou non. Souvent, un chien qui ne maîtrise pas son environnement est plus agressif. Lorsque la morsure a pour but la prédation, le comportement peut difficilement être inhibé et se révèle donc de mauvais pronostic. Cela démontre l’importance de l’éducation et notamment de la socialisation. Un chien socialisé sera moins peureux et présentera donc moins de risques d’agression. La conférencière a ensuite rappelé qu’il est important pour leurs propriétaires d’apprendre la contention des NAC, afin d’éviter notamment les morsures chez les enfants. Elle a précisé que chez le furet, les explorations orales persistent à l’âge adulte et que les morsures sont donc fréquentes dans cette espèce.

Les morsures du point de vue des médecins

Véronique Pagliaroli (hôpital de la Croix-Rousse) a abordé la prise en charge initiale de la morsure en médecine humaine. Dans un tiers des cas, la plaie est profonde, mais elle n’est délabrante que pour moins de 10 % des personnes concernées. La localisation diffère selon l’âge du sujet mordu. Pour les adultes, elle se situe essentiellement sur les membres supérieurs, chez les enfants surtout au niveau de la tête. L’antibiothérapie (association d’amoxicilline et d’acide clavulanique en première intention) n’est pas mise en place de façon systématique, sauf pour les morsures de chat ou humaines. Dominique Peyramond (hôpital de la Croix-Rousse) s’est intéressé aux conséquences infectieuses de ces morsures non venimeuses sur l’homme. Les deux principales maladies susceptibles d’être transmises sont le tétanos et la rage. Si cette dernière est suspectée (selon les critères d’exposition de l’animal cités plus haut), le patient est dirigé vers un centre antirabique. Pour les risques bactériens, la pasteurellose est d’évolution rapide et peut entraîner des troubles chroniques handicapants. Elle est de préférence traitée pendant quinze jours avec de la doxycycline ou des fluoroquinolones. La bartonellose est surtout transmise par les jeunes chats, mais aussi par une griffure végétale. L’incubation varie de trois semaines à deux mois et il est donc difficile d’en déterminer l’origine. Les symptômes sont une adénite locorégionale avec nécrose purulente et fistulisation spontanée. L’état général est conservé et la guérison est spontanée en deux ou trois mois. Dominique Peyramond a rappelé le danger de Capnocytophaga canimorsus chez les personnes splénectomisées. Cette bactérie est responsable d’overwhelming postsplenectomy infections, mortelles dans 50 à 70 % des cas. Chez ces personnes, une antibiothérapie d’urgence est instaurée lors de toute morsure.

  • (1) Conférence du cycle mêlant médecine humaine et animale, organisée conjointement par l’association des anciens élèves de l’ENVL et VetAgro Sup qui s’est déroulée le 9 juin dernier à Lyon.

  • (2) D’après le Centre de documentation et d’information de l’assurance, juin 2011.

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