Les lésions de la truffe constituent un signe d’appel - La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011

Expression de la maladie

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Auteur(s) : Valentine Chamard

D’asymptomatique à mortelle, en passant par une diversité de symptômes, l’expression de la leishmaniose canine est variée. A l’occasion d’une enquête(1) menée auprès des praticiens, un profil type du chien leishmanien a pu être dressé. Il comprend sept signes cliniques, présents dans plus de la moitié des cas : perte de poids, atteinte de l’état général, alopécie, squamosis, atteinte des griffes et de la truffe, adénopathie (voir graphique).

Selon Patrick Bourdeau, l’atteinte de la truffe est un signe d’appel majeur : la leishmaniose doit faire partie du diagnostic différentiel de toute lésion de celle-ci. Suivent l’anémie, l’atteinte des coussinets, les lésions des reins (une maladie rénale est parfois le seul signe), les pyodermites, les atteintes oculaires, l’épistaxis. D’autres symptômes inconstants ou des formes particulières sont également à reconnaître : arthralgie, forme nodulaire (qui touche essentiellement les races à poils ras et dont le pronostic est généralement favorable), pseudopyodermites (car non bactériennes), dermatose séborrhéique ou affection mimantun pemphigus. L’examen cytologique de ces lésions permet habituellement de mettre en évidence les parasites.

Ces éléments peuvent être appuyés par des arguments biologiques (non spécifiques cependant). Les modifications du protéinogramme sont à rechercher. Une hyperprotéinémie est classiquement rapportée (dans 70 % des cas, elle dépasse 80 g/l), mais l’hyperglobulinémie est parfois compensée par une hypoalbuminémie et peut passer inaperçue, souligne Gilles Bourdoiseau. En début d’évolution, une leucocytose peut être observée. Toutefois, une leucopénie, concernant surtout les lymphocytes, est plus fréquente pendant la phase d’évolution de la maladie. Une azotémie est parfois mise en évidence.

Certains sujets développent la maladie et pas d’autres

Les chiens cliniquement atteints ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. En effet, la plupart seraient infectés asymptomatiques. Des enquêtes montrent ainsi que, pour un chien malade, quatre ou cinq autres sont séropositifs et/ou positifs à la polymerase chain reaction (PCR), mais infectés asymptomatiques (selon une communication personnelle de Patrick Bourdeau).

Par exemple, il ressort d’études menées en Grèce que 12 % des chiens sont cliniquement malades, alors que 63 % affichent une PCR positive. Le développement des symptômes dépend en réalité de nombreux facteurs. Tout d’abord, du chien lui-même : sa race, son patrimoine génétique, son statut immunitaire, son âge, son sexe conditionnent l’expression de la maladie. Le boxer, le cocker, le rottweiler et le berger allemand semblent ainsi prédisposés. Des gènes ont été identifiés comme des facteurs de susceptibilité. Il est démontré que les chiens dont la réponse immunitaire est de type Th2 et qui présentent des titres élevésd’anticorps, développent la maladie. A l’inverse, les chiens dont la réponse est de type Th1, bien qu’infectés, ne développent pas de signes cliniques. Ils présentent une réponse immunitaire de type cellulaire et ont de faibles titres d’anticorps à la sérologie.

La prévalence de la leishmaniose est, par ailleurs, plus élevée chez les chiens de moins de trois ans et chez ceux de plus de huit ans. Parmi les facteurs qui contribuent au développement de la maladie, le parasite lui-même jouerait un rôle (certaines leishmanies seraient plus virulentes que d’autres), ainsi que le vecteur (une hypersensibilité à la salive des phlébotomes pourrait être en cause) et des agents d’entretien (coinfection par Ehrlichia, par exemple).

  • (1) P. Bourdeau, M. Mallet, A. Marchand : « Clinical aspects of canine leishmaniosis (L. infantum), results from a national survey in France », congrès de l’ESVD-ECVD, Chalkidiki 2005. Sources : conférence de Patrick Bourdeau au symposium sur les maladies vectorielles canines, organisé par Bayer en avril 2011 à Nice, et de Gilles Bourdoiseau au congrès du Gemi d’Avignon, en avril 2011.

Attention aux coinfections

D’après l’enquête de Patrick Bourdeau, le taux de coinfection entre la leishmaniose et une autre maladie est élevé. Ainsi, 25 % des vétérinaires ont répondu avoir eu l’occasion d’établir un diagnostic de leishmaniose associée à une autre maladie (cela concerne 41,6 % des vétérinaires en zone d’enzootie, versus 8,6 % en dehors). Les affections les plus fréquemment associées sont l’ehrlichiose (41,8 % des cas de coinfection), les pyodermites (15,6 %), la démodécie et la gale sarcoptique (14,8 %). En zone d’enzootie, la recherche simultanée de leishmaniose et d’ehrlichiose est donc justifiée, d’autant qu’elles ont toutes deux des manifestations cliniques variables qui peuvent être confondues.

V. C.
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