L’ostéopathie équine nécessite une solide formation vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1455 du 17/06/2011

Dérogation d’actes

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Anne Couroucé-Malblanc

Entretien avec Marc Baudoux, ostéopathe équin et ancien élève de Dominique Giniaux.

La Semaine Vétérinaire : Le décret d’application de l’ordonnance du 20 janvier 2011(1) envisage la dérogation d’actes à des non-vétérinaires, notamment pour l’ostéopathie animale. Comment réagissez-vous ?

Marc Baudoux : Cette discipline a été développée par les vétérinaires. L’un des précurseurs de cette médecine appliquée aux animaux, en particulier aux chevaux, était notre confrère Dominique Giniaux, décédé en 2004. Diplômé de l’école vétérinaire de Toulouse en 1968, il a suivi, dès sa création en 1982, un enseignement d’ostéopathie destiné aux médecins à la faculté de médecine de Bobigny pendant trois ans. Par un travail de pionnier, il a transposé sa réflexion et sa pratique ostéopathique sur les animaux, particulièrement sur les chevaux, et ouvert la voie de l’ostéopathie animale.

S. V. : Cette formation nécessite donc du temps et de l’expertise ?

M. B. : L’ostéopathie n’est pas une technique qu’il suffit d’apprendre et de reproduire quel que soit l’animal ou le cas, mais bien une médecine qui nécessite une solide formation de base en anatomie, en physiologie et en pathologie des espèces cibles. Une formation dispensée seulement et uniquement au cours des études vétérinaires.

Pour le bien-être de l’animal, il est fondamental qu’un partenariat efficace puisse s’instaurer entre les différents intervenants qui gravitent autour de lui. Les échanges sont d’autant plus faciles et fructueux que les partenaires parlent le même langage et ont la même formation.

L’ostéopathe vétérinaire est consulté pour traiter des cas spécifiques qui lui sont référés, ou non, par des confrères allopathes. Si le cheval est effectivement référé par le praticien allopathe, qui a vu le cheval, établi un diagnostic et souhaite référer le cas pour un traitement ostéopathique, il trouvera face à lui un interlocuteur qui comprendra et intégrera dans son approche les éléments de son examen. L’ostéopathe vétérinaire est notamment un partenaire complémentaire majeur dans l’approche de la pathologie locomotrice. A l’inverse, le vétérinaire ostéopathe, également formé au diagnostic différentiel, pourra aussi référer le cas à son confrère allopathe lorsque l’affection rencontrée ne relève pas de ses compétences.

La spécialisation est une voie longue et difficile et il est admis qu’il faut environ dix ans pour former un vétérinaire spécialisé, que ce soit en chirurgie, en médecine, en anesthésie, etc. Il en est de même pour l’ostéopathie, qui nécessite une formation de base longue et solide, puis une autre plus spécialisée, ainsi que l’acquisition d’une expérience personnelle au travers de stages et d’une pratique quotidienne. Dans ces conditions, que penser des “formations” en quelques jours ?

S. V. : La dérogation d’acte met-elle en péril notre profession ?

M. B. : La remise en question du diplôme vétérinaire pour exercer l’ostéopathie est un véritable cheval de Troie qui laisserait la porte ouverte à une requalification de tous les actes médicaux. Si nous laissons cette médecine être pratiquée par des non-vétérinaires, quel autre pan de notre profession va-t-on également abandonner ?

Maintenir l’ostéopathie animale dans le giron des vétérinaires ne doit pas être simplement le combat corporatiste de quelques ostéopathes vétérinaires, mais bien celui de toute notre profession, qui défendra ainsi non son statut, mais ses compétences. Nous sommes formés pour aborder et traiter, de manière conventionnelle ou non, différentes espèces animales. Nous devons nous battre pour la reconnaissance de notre formation, de notre spécificité et de notre savoir-faire.

  • (1) Ordonnance n° 2011-78 du 20/1/2011 relative aux conditions dans lesquelles certains actes peuvent être réalisés par des personnes n’ayant pas la qualité de vétérinaire, parue au JORF n° 0017 du 21/1/2011.

VOIR AUSSI

• La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 25/5/2011 : « La profession se voit contrainte de faire des concessions », interview de Jean-Yves Gauchot en page 14, position de Richard Corde en page 16.

• La Semaine Vétérinaire n° 1450 du 13/5/2011 : « L’exercice illégal revêt de multiples facettes », pp. 30 à 34.

• La Semaine Vétérinaire n° 1316 du 23/5/2008 : « Les mains sont des instruments exceptionnels », p. 37.

• La Semaine Vétérinaire n° 1250 du 23/12/2006 : « Le titre d’ostéopathie vétérinaire en passe d’être reconnu », p. 25.

• La Semaine Vétérinaire n° 1226 du 20/5/2006 : « L’ostéopathie vise à restituer une mobilité optimale des zones en dysfonction invalidante », p. 42.

• La Semaine Vétérinaire n° 1203 du 26/11/2005 : « L’Académie vétérinaire d’acupuncture et d’ostéopathie est née. », p. 30.

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