Santé des bovins : les champs électromagnétiques hors de cause

La Cour de cassation a ruiné les espoirs des milieux environnementaux qui luttent contre les méfaits présumés des ondes électromagnétiques. Elle a en effet rejeté le pourvoi d’un groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec Marcouyoux), en conflit avec RTE à propos d’une ligne à très haute tension de 400 000 V qui traverse l’exploitation de Latronche (Corrèze) et perturberait la santé des animaux, ainsi que celle des propriétaires.

Un lien de causalité pas suffisamment caractérisé

Au début des années 90, quand la ligne à haute tension, présente au-dessus de l’exploitation depuis 1943, devient à très haute tension, la famille Marcouyoux constate que de nombreux animaux de l’élevage tombent malades sans explication. « Nous avons remarqué des mammites à répétition, des hémorragies, des problèmes de fertilité ou d’avortement spontané, même du cannibalisme chez les porcs », se souvient Serge Marcouyoux. Il a dû renoncer à l’élevage porcin et tenir son cheptel de vaches laitières aussi éloigné que possible de la ligne électrique.

Interrogé l’an dernier dans nos colonnes⁽¹⁾, le vétérinaire qui a longtemps suivi l’exploitation reconnaissait son impuissance : « Des troubles métaboliques variés, difficiles à expliquer, sont apparus. C’est insidieux, car il n’y a pas de maladie particulière. Lorsqu’on croit en identifier une, les résultats thérapeutiques sont décevants. » Il observe notamment des vaches qui, pour boire, lapent comme des chiens, qui se tiennent sur trois pattes ou tombent et peinent à se relever, etc. : « Des animaux se comportent normalement et d’autres se laissent mourir. Peut-être certains sont-ils plus sensibles aux champs électromagnétiques ? »

Plusieurs élevages de ce secteur géographique limousin, où les barrages assurent l’une des plus importantes productions hydroélectriques de France, connaîtraient des problèmes similaires. Sans qu’il existe toutefois de suites judiciaires grâce, affirme la rumeur, à des arrangements financiers…

En juillet 2006, le Gaec Marcouyoux a porté l’affaire en justice. En octobre 2008, le juge des expropriations de Corrèze a condamné RTE à verser au Gaec la somme de 390 000 €. Une première en France, qui risquait d’entraîner la multiplication des affaires judiciaires à l’encontre du réseau national. Mais le jugement est infirmé en mars 2010, par la cour d’appel de Limoges. Selon elle, s’il existe « certes des indices quant à l’incidence possible des champs électromagnétiques sur l’état des élevages », des incertitudes notables subsistent et « l’existence d’un lien de causalité n’est pas suffisamment caractérisée ». Une décision que vient donc de confirmer la Cour de cassation.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1398 du 26/3/2010 et n° 1337 du 28/11/2008.